Bouygues Telecom et Free échouent pour l'instant à s'entendre sur le rachat de SFR. Les négociations piétinent sur le partage des abonnés RED notamment et du réseau mobile.

Les discussions autour du rachat de SFR se poursuivent, et elles sont, sans grande surprise, plutôt mouvementées. On apprend ce jeudi que les échanges entre Free et Bouygues Telecom ont repris mercredi, dans un climat tendu. Xavier Niel d'un côté, et Martin Bouygues de l'autre, ne parviennent pas à trouver un accord pour se partager les activités de l'opérateur au carré rouge. Patrick Drahi, lui, attend des offres concrètes avant la deadline de mi-octobre, tandis que les 5 millions d'abonnés RED by SFR restent au centre des échanges.
Bouygues refuse de laisser Xavier Niel rafler la mise
Selon BFMTV, l'enjeu central de ce bras de fer porte sur les 5 millions d'abonnés de la marque RED, l'entité réputée low-cost de l'opérateur. Sa clientèle représente un peu un trésor pour Free, qui y voit le profil parfait pour étoffer ses rangs. La marque RED est ô combien importante pour les potentiels repreneurs, d'autant plus qu'elle est la seule en croissance de SFR, alors que l'opérateur a vu ses marges reculer de 9% au deuxième trimestre.
Xavier Niel, le papa de Free, ne convoiterait que cette base clients, sans vouloir débourser les 4 milliards d'euros que SFR exige pour céder la marque entière. Une manœuvre qui hérisse Bouygues, qui serait fermement décidé à contrecarrer les ambitions de son concurrent. « On se demande s'ils ne font pas cela pour forcer (Xavier) Niel à payer une partie du réseau mobile de SFR », évoquent des sources rapportées par nos confrères.
Free voudrait ainsi racheter tout RED, « mais ce n'est pas possible », rétorque un fin connaisseur de Bouygues. « Il faut garder la hiérarchie des opérateurs, personne ne fera de razzia. » L'entourage de Xavier Niel riposte sans détour en indiquant que « Bouygues veut tout et ne rien payer. » Certains compareront cela à un dialogue de sourds, mais on comprend aussi que des éléments doivent nous échapper publiquement.
Patrick Drahi joue les médiateurs dans l'impasse
Il y a donc le devenir de la marque RED by SFR qui pose aussi, mais c'est également le cas front de cette guerre économique concerne le du fameux réseau « Crozon », cette infrastructure mobile partagée entre Bouygues et SFR. Olivier Roussat, le directeur général du groupe Bouygues (maison-mère de l'opérateur), accepterait de racheter la moitié de ce réseau mobile, mais à une condition non négociable. Il voudrait en échange obtenir 2 milliards d'euros de compensation de la part de Free. Le patron de Bouygues justifie cette demande par des surcoûts d'exploitation estimés à 300 millions d'euros annuels jusqu'en 2032.
Cette arithmétique financière irriterait Xavier Niel. D'autant que Patrick Drahi a multiplié les rencontres bilatérales fin août à Paris, par exemple un moment avec Xavier Niel, un repas avec Martin Bouygues et même un tête-à-tête avec Christel Heydemann, la patronne d'Orange, qui fait aussi partie des discussions. Son message aurait été simple, puisqu'il affirmerait être en train de boucler la restructuration de SFR et attendre l'offre de ses concurrents.
Et effectivement, Patrick Drahi avance bien puisque la dette de SFR sera allégée de 24 à 15 milliards d'euros fin septembre. Mais Arthur Dreyfuss, le patron d'Altice France, temporise en affirmant qu'« aucun processus de vente n'a été lancé, et aucune offre, pas même indicative et sans valeur, n'a été reçue. » Orange compliquerait aussi l'équation en négociant également sa part du gâteau, notamment pour récupérer des fréquences mobiles, car faire tomber des abonnés dans son giron serait plus que compliqué aux yeux des régulateurs. On comprend donc qu'entre méfiance, calculs et egos surdimensionnés, l'horloge tourne inexorablement vers une échéance fixée en octobre pour Free et Bouygues.