La maison mère de SFR, Altice France, a opéré un sacré virage financier, en diminuant fortement sa dette. La conséquence directe est que l'opérateur et ses actifs séduisent ses concurrents.

La spectaculaire restructuration d'Altice France change la donne pour SFR © Alexandre Boero / Clubic
La spectaculaire restructuration d'Altice France change la donne pour SFR © Alexandre Boero / Clubic

Arthur Dreyfuss, le PDG d'Altice France, peut afficher sa sérénité. Il faut dire qu'après une longue période d'incertitude et de difficultés multiples, les signaux positifs se multiplient autour de SFR. Le dirigeant confirme avoir bouclé une restructuration financière colossale qui vise à faire tomber de 10 milliards d'euros la dette XXL de l'opérateur. En parallèle, les convoitises s'intensifient autour des actifs de l'opérateur, comme Arthur Dreyfuss, homme de confiance de Patrick Drahi, le confirme ce week-end dans une interview donnée à l'AFP. De quoi alimenter toutes les spéculations sur l'avenir de l'opérateur télécom.

Les spectaculaires économies d'Altice France (SFR)

La transformation est saisissante puisque Altice France passera de 25 milliards à 15 milliards d'euros de dette dès le 1er octobre. L'opération permet d'économiser 400 millions d'euros de frais financiers annuels, tout en repoussant les échéances entre 2028 et 2033. « Les vents contraires sont derrière nous », assure un optimiste Arthur Dreyfuss.

La contrepartie, nous vous l'expliquions il y a quelques jours, c'est que les créanciers mettent la main sur 45% du capital d'Altice France. Pas de quoi effrayer le dirigeant, qui martèle l'absence d'impact sur les opérations quotidiennes. Et c'était de toute façon le prix à payer pour avoir un peu de tranquillité. Les deux nouveaux administrateurs au conseil seront d'ailleurs « indépendants », précise Arthur Dreyfuss, pour rassurer les troupes. Une gymnastique financière qui redonne de l'air à un groupe longtemps sous pression.

Cette restructuration arrive à point nommé. Les syndicats avaient multiplié les recours judiciaires, craignant pour l'emploi et l'avenir de l'entreprise. Mais la prochaine échéance de remboursement n'interviendra qu'en 2028, pour un milliard d'euros que le groupe affirme déjà pouvoir honorer. De quoi voir venir, du moins en théorie.

Entre convoitises et réalité, le grand écart de SFR

Arthur Dreyfuss confirme les rumeurs d'attractivité retrouvée dans son interview. « Nous savons qu'il y a un certain nombre de marques d'intérêt pour certains actifs », indique-t-il. Le dirigeant précise que « c'est quelque chose qui est su par tout le monde ». Mais pour autant, il coupe court aux spéculations, puisqu'« à ce stade, il n'y a pas d'offre » concrète de rachat. Les discussions avec Free et Bouygues Telecom (et potentiellement d'autres acteurs) se poursuivent donc, comprend-on.

Il y a aussi le cas d'Altitude, l'opérateur normand indépendant, spécialisé dans les réseaux ruraux, qui mène une double bataille. D'un côté, il réclame plusieurs centaines de millions d'euros à Patrick Drahi dans un contentieux judiciaire depuis 2023, et de l'autre, il convoite les infrastructures de fibre optique de SFR, détenues par la filiale XpFibre.

En tout cas, face aux hypothétiques offres de rachat, Arthur Dreyfuss se montre ouvert. Questionné sur sa préférence entre des acquéreurs français et étrangers, le PDG dégaine la langue de bois, compréhensible à ce stade. « Notre responsabilité fiduciaire est d'étudier chacune des offres que nous aurons à recevoir de la même manière ». Sur la question sensible de la souveraineté, il temporise en évoquant « la nécessité d'avoir des acteurs européens forts ».