Des représentants du personnel ont découvert qu'Orange est en train de préparer une restructuration majeure de son activité. 20 000 salariés seraient concernés, mais attention, l'opérateur n'évoque pas de suppression de postes.

Mais que se passe-t-il chez Orange ? Dans la foulée du lancement d'une application mobile inédite qui permet à des dizaines de milliers de personnes de bénéficier d'une 5G gratuite temporairement, l'opérateur a présenté aux représentants de son personnel l'ampleur de sa prochaine mutation interne. Le géant des télécoms français s'apprête à repenser son fonctionnement hexagonal, avec un projet qui concernerait un peu plus de 20 000 de ses salariés, comme le révèle notre confrère du Monde. Derrière la promesse d'optimisation du quotidien, les syndicats redoutent une volonté de faire des économies.
Quand Orange redessine sa carte de France
Le projet en question, sur lequel planche Orange, est baptisé « Regain », et il est difficile de dire qu'il manque d'ambition. Sur les 47 000 employés français de l'opérateur historique, pas moins de 20 356 pourraient voir leur quotidien professionnel chamboulé à partir du 1er janvier prochain. Orange promet d'emblée qu'aucun poste ne disparaîtra, mais la réalité pourrait être plus nuancée.
La grande nouveauté de ce plan réside dans la refonte complète de l'organisation territoriale. Fini les cinq mastodontes régionaux de Paris, Lyon, Lille, Rennes et Toulouse, qui jouissaient jusqu'ici d'une large autonomie. Ces grandes antennes régionales seront remplacées neuf directions plus modestes, censées sur le papier garantir une « meilleure écoute du terrain » selon le document de 454 pages feuilleté par le quotidien national.
En parallèle, quatre nouvelles directions métiers opérationnelles prendront les rênes pour piloter les clients particuliers, les clients entreprises, la technique et l'expérience client. Une répartition qui viserait à rationaliser les processus et raccourcir les circuits décisionnels, dans un marché des télécoms qui peine à retrouver la croissance.
Des syndicats qui crient à la centralisation déguisée, mais Orange tente de rassurer
Pour l'instant, les représentants du personnel ne se laissent pas séduire par la communication de leur direction. Pour eux, cette réorganisation masque mal une volonté de centraliser davantage les décisions depuis l'Île-de-France. « On va s'éloigner du client et des salariés », s'inquiète Sébastien Crozier, le toujours très actif président de la CFE-CGC Unsa d'Orange, qui pointe au passage la suppression des « états-majors régionaux qui coûtent cher ».
Les chiffres confiment-ils ses craintes ? Ce que l'on sait, c'est que 17 010 des 20 356 salariés concernés ne changeront théoriquement rien à leur routine. En revanche, ils seront 3 122 à devoir s'adapter, en changeant de manager ou en voyant leur activité évoluer. Et plus préoccupant encore, 224 collaborateurs perdraient purement et simplement leur mission actuelle, même si Orange assure qu'ils seront reclassés ailleurs.
Le climat social, déjà tendu après les précédentes restructurations, risque de se dégrader encore. La dernière enquête du comité de prévention du stress révélait déjà un malaise profond chez les employés. Orange, de son côté, mise sur le « dialogue » et promet de « prendre le temps nécessaire » pour échanger avec ses salariés. Les syndicats restent néanmoins sceptiques face à ce qu'ils perçoivent comme une énième cure d'amaigrissement.