François Bayrou a une fois de plus tenté d'alerter les Français, lundi, sur le montant inquiétant de la dette publique du pays, qui atteint 3 410 milliards d'euros. Un site web gratuit permet de suivre son évolution en temps réel, sous de multiples angles.

François Bayrou a dressé un tableau très sombre de la dette française, lundi. Un site internet permet d'en prendre pleinement conscience © Antonin Albert / Shutterstock.com
François Bayrou a dressé un tableau très sombre de la dette française, lundi. Un site internet permet d'en prendre pleinement conscience © Antonin Albert / Shutterstock.com

Lors d'une conférence de presse très attendue donnée le lundi 25 août après-midi, le premier ministre François Bayrou a confirmé que la charge de la dette est devenue le premier poste budgétaire de la nation, dépassant ceux de l'éducation et la défense. Avec une dette par habitant colossale et une charge annuelle de 66 milliards, les finances publiques françaises sont plus que jamais dans le rouge. Un site internet, celui de l'Horloge de la Dette publique, permet de visualiser en temps réel les différents éléments de cette dette. Gratuit, il rend concret ce qui semblait jusqu'ici totalement désincarné pour le grand public.

L'horloge de la dette tourne 24h/24 et affole les compteurs

Le site horloge-de-la-dette-publique.com est très simple à prendre en main. Édité par une société de programmation informatique française baptisée Living Republic, il prend la forme d'un immense compteur numérique et affiche en haut de page la dette publique française, qui s'emballe sans discontinuer. Les chiffres et les euros défilent, actuellement 3 410 milliards d'euros et des poussières pour la dette publique de la France, autrement dit pour l'ensemble des emprunts contractés par les administrations publiques. Cela correspond à une dette de 49 633 euros pour chaque Français, nouveau-nés inclus.

L'interface dépasse le simple gadget anxiogène, puisqu'il propose une batterie complète d'indicateurs actualisés à la seconde près. On y apprend que le ratio dette/PIB culmine par exemple à 115,5%, tandis que le déficit budgétaire 2025 atteint 92,5 milliards d'euros. La charge annuelle de la dette, ces fameux intérêts que l'État doit payer, approche les 44 milliards d'euros selon les données du site.

L'effet psychologique de ces chiffres qui défilent en continu est, il faut le dire, assez saisissant. La mécanique du compteur montre toute la réalité économique de la situation. On se rend compte à quel point chaque seconde qui passe creuse un peu plus le trou et rend palpable l'urgence d'une situation que les discours politiques essaient de faire comprendre aux citoyens qui, en retour, tentent de leur faire comprendre qu'ils ne sont pas totalement étrangers à la situation.

Voici à quoi ressemble la page d'accueil du site de L'Horloge de la Dette publique © Alexandre Boero / Clubic
Voici à quoi ressemble la page d'accueil du site de L'Horloge de la Dette publique © Alexandre Boero / Clubic

Une mine d'informations pour décrypter l'endettement public

Le site de l'Horloge de la Dette publique ne se limite pas à son compteur principal et propose une exploration thématique plus détaillée pour celles et ceux qui le souhaitent. Prenons l'exemple des dettes des services publics. On apprend qu'EDF affiche 50 milliards d'euros d'endettement, les hôpitaux cumulent 30,1 milliards, SNCF Réseau traîne 23,9 milliards. Des montants colossaux qui s'ajoutent à la dette strictement étatique.

Voilà en tout cas un site qui peut tomber à pic. Lorsque François Bayrou a annoncé qu'il demanderait un vote de confiance au Parlement le 8 septembre prochain, les marchés n'ont sans surprise pas bien réagi, avec un CAC40 en nette baisse (-1,59%) en clôture lundi soir. La Bourse de Paris a chuté bien plus que les autres places européennes, ce qui montre l'inquiétude des investisseurs face à une possible chute du gouvernement dans moins de quinze jours.

L'initiative citoyenne derrière la fameuse horloge de la dette participe d'une démarche de transparence démocratique salutaire, en ce qu'elle rend accessibles et visuelles des données publiques habituellement enfouies dans des rapports administratifs parfois indigestes. Un éclairage bienvenu quand le gouvernement réclame des efforts supplémentaires tandis que l'opposition, de La France Insoumise au Rassemblement National, pourrait déjà préparer la suite.