La Maison Blanche vient d’ouvrir un compte TikTok alors qu’une interdiction plane toujours sur l’application chinoise. La décision, annoncée le 19 août, accentue le paradoxe d’un pouvoir qui courtise l’audience jeune tout en menaçant de couper le service.

Cette arrivée sur le réseau social de ByteDance survient à moins d'un mois de l'échéance fatidique du 17 septembre, qui pourrait sonner le glas de l'application aux États-Unis. © AFP
Cette arrivée sur le réseau social de ByteDance survient à moins d'un mois de l'échéance fatidique du 17 septembre, qui pourrait sonner le glas de l'application aux États-Unis. © AFP

Depuis plus d'un an, Washington réclame soit la vente des activités américaines de TikTok, soit sa disparition des stores. Oracle reste le favori pour un rachat partiel, mais Pékin n’a pas encore donné son feu vert. Dans cette zone grise, la communication présidentielle investit désormais la plateforme aux 170 millions d’utilisateurs américains.

TikTok
  • Interactions faciles
  • Réseau social engageant
  • Très divertissant
8 / 10

Présence officielle, ligne politique floue

L'arrivée de la Maison Blanche sur TikTok relève d'un calcul politique audacieux visant à conquérir l'électorat jeune, un public traditionnellement difficile à atteindre pour les républicains. Avec 170 millions d'utilisateurs américains, l'application est devenue un terrain de jeu incontournable. La porte-parole Karoline Leavitt a d'ailleurs justifié cette présence en affirmant que le message du président avait déjà « dominé TikTok » durant sa campagne, rendant cette officialisation presque inévitable.

Ce n'est pas un secret, Donald Trump lui-même est persuadé que le réseau social a joué un rôle majeur dans sa victoire de 2024, se vantant d'avoir remporté le vote des jeunes avec une marge considérable grâce à sa popularité sur la plateforme. Son compte personnel, lancé en juin 2024 et dépassant aujourd'hui les 15 millions d'abonnés, sert de preuve tangible de cette efficacité, transformant une application autrefois décriée en un atout stratégique de premier plan.

Cette situation met en lumière une forme de schizophrénie au sommet de l'État. Le même homme qui avait tenté de bannir l'application lors de son premier mandat en est devenu l'un des plus ardents utilisateurs. Le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, résume parfaitement cette ambiguïté : TikTok est à la fois un excellent canal de communication et une menace potentielle pour la sécurité nationale, un objet « inacceptable » entre les mains de Pékin.

La Maison Blanche fait la promotion de son compte TikTok sur d'autres canaux. © Maison Blanche

Les négociations, un compte à rebours sous haute tension

Dans les coulisses, le ballet des prétendants pour le rachat des activités américaines de TikTok s'accélère alors que la date butoir du 17 septembre se profile. Le géant de la tech Oracle, déjà partenaire d'hébergement pour les données américaines, reste le favori de ce dossier complexe. Proche de l'administration Trump, le groupe de Larry Ellison pourrait prendre la tête d'une offre consortium, bien que certains partenaires comme Blackstone aient récemment jeté l'éponge.

La solution envisagée est un véritable casse-tête technique et logistique. Il s'agirait de créer une version exclusivement américaine de l'application, hébergée sur des serveurs opérés par Oracle aux États-Unis. Ce projet, dont nous parlions déjà précédemment, imposerait une migration forcée des 170 millions de comptes américains vers cette nouvelle infrastructure d'ici mars 2026, date à laquelle l'application actuelle deviendrait obsolète.

Toutefois, le dernier mot reviendra à Pékin. ByteDance, la maison mère, conserverait une part minoritaire dans la nouvelle structure, mais le gouvernement chinois doit valider cette cession partielle de son fleuron technologique. Si Donald Trump se montre publiquement confiant sur une issue favorable, les tensions géopolitiques persistantes entre les deux superpuissances pourraient faire capoter l'accord à tout moment, entraînant une interdiction pure et simple de TikTok sur le sol américain.

Source : WCCFTECH