AOL éteindra définitivement ses derniers modems dial-up le 30 septembre 2025. Une page se tourne sur l'ère des connexions Internet par ligne téléphonique et ses bips légendaires.

L'apogée d'AOL remonte à loin, comme ici en 1998, où une étudiante surfait sur Internet depuis son ordinateur de bureau © melissamn / Shutterstock
L'apogée d'AOL remonte à loin, comme ici en 1998, où une étudiante surfait sur Internet depuis son ordinateur de bureau © melissamn / Shutterstock

Qui aurait cru qu'en 2025, certains internautes surfaient encore au rythme des grésillements stridents d'un modem 56k ? Pourtant, selon l'article publié lundi 11 août par le New York Times, environ 150 000 foyers américains utilisaient toujours ce service ancestral en 2023. AOL (America Online) vient d'annoncer la fin de cette relique technologique qui a initié des millions de personnes aux joies d'Internet. L'entreprise, désormais propriété de Yahoo, a confirmé la décision sur son portail d'aide, sans préciser le nombre exact d'abonnés actuels concernés par cette interruption de service.

AOL abandonne ses derniers clients modem

L'annonce est au départ passée presque inaperçue, glissée vendredi dernier dans une simple note sur le portail d'aide d'AOL. Pas de grande communication, pas de cérémonie d'adieu pour ces modems qui ont pourtant révolutionné notre rapport au monde numérique. L'entreprise s'est contentée d'un laconique : « AOL évalue régulièrement ses produits et services et a décidé d'abandonner l'accès à Internet par connexion commuté. » Difficile de faire plus sobre.

Si vous l'ignorez, l'Internet dial-up est comparable à une connexion Internet lente qui passait par la ligne téléphonique et empêchait de téléphoner en même temps. Elle utilisait bien la ligne téléphonique fixe, limitée à 56 kilobits par seconde. Ancêtre de l'ADSL, certains diront qu'il s'agissait de l'Internet des années 90, avec ses bips stridents, mais un Internet ultra-lent quand même.

Difficile d'imaginer qu'aujourd'hui encore, des utilisateurs patientent plusieurs minutes pour charger une simple page web. Ces derniers mohicans du dial-up, principalement situés dans des zones rurales isolées des États-Unis, représentent à peine 0,1% des connexions Internet du pays. Un chiffre dérisoire comparé aux 30 millions d'abonnés que comptait AOL à son apogée vers l'an 2000.

AOL appartiendra bientôt au passé, pour de bon cette fois © Mehaniq / Shutterstock.com
AOL appartiendra bientôt au passé, pour de bon cette fois © Mehaniq / Shutterstock.com

En France, AOL est arrivée en mars 1996 avec le groupe Bertelsmann. Mais après avoir atteint la barre du million d'abonnés dans l'Hexagone en 2003 et le succès de l'offre illimitée à 99 francs par mois (environ 15 euros, pour du bas débit) un peu plus tôt, l'entreprise a eu du mal face à la concurrence locale de Neuf Télécom, Wanadoo, ou Free. AOL a raté le virage de l'ADSL en privilégiant le bas débit. En 2006, l'activité FAI fut alors vendue à Neuf Cegetel (depuis avalée par SFR), et AOL France ferma définitivement ses services en janvier 2010, avant la disparition de son portail, plus tard, en 2018.

Les bips mythiques d'AOL vont disparaître à jamais

Les sons stridents et métalliques qui accompagnaient chaque connexion AOL vont donc à tout jamais disparaître de notre paysage sonore. Cette mélodie chaotique, mélange de bips aigus et de grésillements électroniques, était devenue la bande-son d'une génération découvrant les premiers forums, les salons de discussion et le fameux « You've Got Mail! » (Vous avez un message) qui annonçait l'arrivée d'un nouveau courriel.

Ce fut aussi l'ère des CD-ROM d'essai gratuits qui pouvaient terminer dans nos boîtes aux lettres, et qui paraît ici si lointaine. Ces galettes plastiques qui promettaient des heures d'accès gratuites étaient devenues un running gag culturel, transformées en sous-verres ou en décorations par les plus créatifs.

Voilà une fermeture qui rejoint la longue liste d'abandon de célèbres services technologiques. Dans un passé très récent, on peut citer l'illustre Skype, de Microsoft, définitivement remplacé par Teams cette année après vingt-deux années de bons et loyaux services. Et Free vient tout juste d'annoncer la fin de son réseau communautaire FreeWifi pour octobre 2025. Les pionniers du web disparaissent un à un, et emportent avec eux les souvenirs d'une époque où Internet rimait encore avec patience, découverte et parfois émerveillement. Un autre temps, diront d'autres.