Il faut croire que les bons comptes font les bons ennemis. Dans un retournement de situation inattendu, Apple s'associe à son rival historique Samsung pour la fabrication de puces de nouvelle génération sur le sol américain.

La relation entre Apple et Samsung a toujours été un mélange complexe de concurrence féroce sur le marché des smartphones et de dépendance mutuelle pour les composants. Alors que la firme de Cupertino cherche à la fois à diversifier ses fournisseurs et à relocaliser une partie de sa production, elle se tourne vers une solution surprenante. Ce partenariat stratégique intervient dans un contexte de fortes tensions commerciales et de nouvelles politiques douanières américaines.
Une alliance contre-intuitive mais stratégique
Voilà une décision qui en dit long sur l'état actuel de l'industrie. L'accord verra l'usine Samsung d'Austin, au Texas, produire des composants pour Apple. Mais ne vous y trompez pas : il ne s'agit pas des processeurs principaux de la série A, qui restent le domaine de TSMC. Les regards se tournent plutôt vers les futurs capteurs photo de l'iPhone, un domaine où Samsung, avec sa technologie ISOCELL, se pose en concurrent direct de Sony, le fournisseur historique d'Apple.
On assiste ici à une manœuvre de diversification d'une grande finesse. En se tournant vers son rival, Apple ne fait pas qu'un choix technique, il construit une alternative crédible pour un composant vital. Ces manoeuvres de diversifications sont loin d'être une nouveauté pour la marque qui enchaine les annonces (et non-annonces) du même genre depuis quelques années. Citons pêle-mêle : des usines en Inde, au Brésil ou au Vietnam pour s'affranchir de la Chine, la production de ses propres puces et modem 5G ou encore le sourcing d'écrans d'iPhone chez LG et BOE (alors que Samsung est resté un moment le fournisseur principal du fait de sa maîtrise de la technologie OLED)
Au cœur d'une stratégie industrielle et politique
Pour bien comprendre ce mouvement, il faut lever les yeux au-delà de la simple fiche technique. Le moment choisi pour cette annonce est tout sauf un hasard : il coïncide avec une menace de taxe de 100% sur les semi-conducteurs importés aux États-Unis. En produisant sur le sol américain via Samsung, Apple s'achète une tranquillité et s'assure une exemption, tout en servant ses propres intérêts.

Le tableau qui se dessine est celui d'une adaptation profonde aux nouvelles réalités géopolitiques. Ce n'est pas un geste isolé. L'extension du partenariat avec Corning pour le verre des iPhone et Apple Watch le confirme. Apple redessine sa carte industrielle mondiale, et sur cette nouvelle carte, les États-Unis occupent une place bien plus centrale qu'auparavant.
Comment qualifier cette alliance, si ce n'est par le triomphe du pragmatisme ? Des années de batailles juridiques et de compétition acharnée sont mises de côté au nom d'impératifs industriels et financiers. Pour Apple, la continuité de sa production et la maîtrise des coûts l'emportent sur les vieilles querelles. Pour Samsung, c'est une occasion en or de prouver la valeur de ses fonderies après plusieurs revers.
Source : 9to5mac