Il n'aura fallu que quelques heures pour que des internautes tournent en dérision le nouveau système de vérification d'âge britannique. Une simple capture d'écran issue du jeu vidéo Death Stranding suffit à tromper la technologie, jetant un doute considérable sur la fiabilité de ces dispositifs.

Le réalisme saisissant du personnage de Sam Porter Bridges dans Death Stranding a permis de duper le système de vérification faciale. © Kojima Productions
Le réalisme saisissant du personnage de Sam Porter Bridges dans Death Stranding a permis de duper le système de vérification faciale. © Kojima Productions
L'info en 3 points
  • Le nouveau système de vérification d'âge britannique a été tourné en dérision par des internautes utilisant une image du jeu Death Stranding pour tromper la technologie.
  • La loi britannique Online Safety Act impose des contrôles d'âge stricts, mais cet incident soulève des doutes sur leur fiabilité.
  • Cet échec met en lumière les limites des technologies de reconnaissance faciale et alimente la méfiance envers la protection des données.

Le Royaume-Uni applique désormais pleinement son Online Safety Act, une loi qui impose des contrôles d'âge stricts pour accéder aux contenus jugés sensibles. Cette mesure fait écho aux débats qui animent l'Hexagone, où le Conseil d'État a récemment donné son feu vert à des mécanismes similaires pour l'accès à certains sites. Cette dynamique soulève des interrogations quant à un possible renforcement du contrôle de l'internet en France sous couvert de protection des mineurs.

La chronique d'un contournement annoncé

Le colosse législatif avait à peine posé un pied à terre qu'un grain de sable vidéoludique suffisait à enrayer sa mécanique. La méthode, d'une simplicité presque comique, consiste à présenter au système de vérification faciale une image du protagoniste de Death Stranding. Le réalisme du personnage de Norman Reedus, combiné au mode photo du jeu permettant de lui faire ouvrir la bouche, a dupé la prétendue détection du vivant (liveness check) du système. Une simple animation a suffi à faire s'écrouler une barrière numérique présentée comme infranchissable.

La nouvelle s'est propagée avec la vitesse d'un mème, transformant une mesure de sécurité en humiliation publique. En moins d'une journée, la crédibilité du dispositif a été anéantie par l'ingéniosité de la communauté des joueurs. Cet épisode illustre avec une clarté cinglante le fossé qui sépare les ambitions réglementaires de la réalité technique, rappelant que sur internet, une parade existe souvent avant même que la serrure ne soit posée.

Une confiance impossible à décréter

Au-delà de l'anecdote, c'est toute la promesse de ces technologies qui vacille. Cet échec spectaculaire met à nu l'immaturité des algorithmes de reconnaissance faciale face à des subterfuges créatifs. Comment exiger la confiance des utilisateurs et la transmission de données biométriques ou de pièces d'identité quand la protection promise est si aisément contournée ? Le spectre des fuites de données alimente déjà une méfiance légitime, et ce genre d'événement ne fait que la renforcer.

L'astuce de Death Stranding n'est finalement que l'arbre qui cache la forêt de l'esquive numérique. L'arsenal de la débrouillardise, des VPN (Virtual Private Network) pour se délocaliser aux configurations avancées des bloqueurs de publicité, est déjà bien rodé. Cette affaire n'est qu'un nouveau chapitre dans l'éternel jeu du chat et de la souris entre les autorités qui cherchent à réguler et des internautes qui défendent, par principe ou par défi, un espace de liberté.