Le Direct-to-Device (D2D), une technologie qui permet aux smartphones de recevoir directement un signal satellite, sans modification supplémentaire. Les premiers services commerciaux arriveront très vite, d'ici 2027-2028.

Imaginez recevoir un appel en pleine montagne, au sommet d'un mont dépourvu de tout réseau, avec votre iPhone acheté au prix fort il y a deux ou trois ans. Imaginez envoyer un SMS depuis une zone isolée sans antenne-relais à des kilomètres à la ronde. Le Direct-to-Device, ou D2D, rend ces scénarios possibles, en connectant directement nos smartphones aux satellites. Ce que l'on peut appeler une convergence entre réseaux terrestres et satellites promet de combler les zones blanches, et de renforcer la robustesse des communications en cas de simple pépin, ou de catastrophe naturelle.
Apple, Starlink et Amazon, futurs leaders du Direct-to-Device ?
Jusqu'au Direct-to-Device, les services mobiles terrestres et par satellite ont évolué en parallèle. Les premiers bénéficient de normes qui permettent l'itinérance mondiale et le changement d'opérateur. Les seconds reposent sur des réseaux spécifiques et des terminaux propriétaires, souvent encombrants et coûteux.
Mais les développements technologiques permettent aujourd'hui de recevoir un signal satellite sur le même smartphone utilisé au quotidien sur les réseaux mobiles, comme le précise l'ANFR, l'Agence nationale des fréquences. La prouesse repose sur la normalisation, qui autorise désormais ces communications directes vers le téléphone, baptisées donc Direct-to-Device en anglais.
De nouveaux modèles offrent un service combiné aujourd'hui. On peut évidemment citer Starlink ou ASTP SpaceMobile, qui développent leurs propres systèmes grâce à leur coopération avec les opérateurs mobiles traditionnels. Globalstar s'est de son côté associé avec Apple pour équiper les iPhone 14 et supérieurs de fonctionnalités par satellite. Et Amazon Kuiper, qui a reçu le feu vert définitif de l'ARCEP cette semaine pour distribuer des services de télécommunications par satellite en France, pointe le bout de son nez.

Les catastrophes naturelles ne couperont plus les communications
Le Direct-to-Device paraît indispensable aujourd'hui pour lutter contre les zones blanches. Il peut en effet être une alternative à l'absence de couverture mobile dans certains lieux difficiles à couvrir, d'autant plus que nous devenons de plus en plus dépendants des applications de nos smartphones.
Il y a les zones sans couverture mobile suffisante, mais aussi les catastrophes naturelles, qui peuvent conduire à une défaillance du réseau mobile. Dans ces situations critiques, le D2D maintient une connectivité grâce aux satellites, de quoi permettre aux secours et aux populations de communiquer, même après la destruction des infrastructures terrestres.
L'avis européen dédié, publié le mois dernier, distingue plusieurs composantes D2D selon les bandes de fréquences utilisées. Le D2D-IoT concerne l'internet des objets, soit dans les bandes satellites sous 1 GHz, soit dans des bandes harmonisées pour les appareils à faible puissance. On imagine que ces applications ouvrent de nouveaux horizons pour connecter des capteurs plus isolés.
Ces nouveaux services vont devoir être alignés avec le cadre international en vigueur, qui peut être complexe dans le domaine des fréquences. Ils font aujourd'hui l'objet d'études dans le cadre de la préparation de la CMR-27 (la Conférence mondiale des radiocommunications 2027) et vont conduire à élaborer un cadre réglementaire harmonisé en Europe. La Commission européenne entend confier un mandat d'étude à la CEPT (Conférence européenne des administrations des postes et télécommunications) à cet effet.