Critique Humans : laissez les Synths envahir le cœur de vos demeures

06 juin 2020 à 15h15
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Humans © AMC/Channel 4

Beaucoup de séries m'ont serré le cœur et mouillé les yeux au fil des années. Mais peu l'ont fait à la manière de Humans, une série qui se révèle extrêmement pertinente dans le traitement des riches sujets qu'elle aborde.

Humans
  • Vous aimez l'anticipation et la thématique complexe des androïdes et de l'IA
  • Vous avez aimé Real Humans et vous en voulez encore
  • Vous cherchez une série riche et qui prend aux tripes
  • Le sujet des androïdes exploités par l'humain ne vous intéresse pas
  • Vous recherchez une série pleine d'action
  • Votre cœur ne supportera pas la charge émotionnelle du show

Le veilleur d'écran[s] S03E10 📺 : Humans

Dans un contexte où l'offre en matière de séries n'a jamais été aussi pléthorique, le Veilleur d'écran[s] se propose d'être votre guide à travers les saisons. Qu'il s'agisse d'une ancienne série aujourd'hui culte, d'un carton récent ou d'un show plus anonyme, cette chronique vous aidera à ne perdre votre temps qu'en bonne compagnie.

Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :

Fiche technique Humans

Résumé

Informations

Genre
Science-Fiction, Drame
Réalisation
Sam Vincent, Jonathan Brackley
Editeur
Kudos Film and Television, Channel 4 Television Corporation, AMC Studios
Plateforme
MyCanal
Nombre de saisons
3
Nombre d'épisodes (Total)
24
Classification
Tous publics

Humans : en cas de doute, reboot

Avant d'attaquer cette chronique, il me semble de bon ton d'apporter une précision : Humans est une série américano-britannique adaptée d'une autre série, suédoise elle, Real Humans. N'ayant pas vu cette dernière je ne pourrai pas les comparer, mais les critiques à son égard sont excellentes, et si vous préférez vous laisser tenter par l'originale, qui n'a que quelques années d'ancienneté de plus, je ne pourrais assurément pas vous jeter la pierre.

Cela dit, cette adaptation proposée par AMC aux Etats-Unis, en collaboration avec Channel 4 en Angleterre, ne démérite absolument pas - ce qui reste assez rare quand l'on parle d'adaptations d’œuvres initialement créées dans d'autres pays.

Humans © AMC/Channel 4

Aujourd'hui terminée et composée de trois saisons de huit épisodes chacune, Humans m'a fait traverser un large panel d'émotions fortes durant sa diffusion, entre 2015 et 2018 (et même 2019, année de la triste annonce de son annulation faute d'audiences suffisantes).

Notez d'ailleurs que le show se termine sur une fin ouverte et que certaines questions restent en suspens… Toutefois, cela ne devrait absolument pas vous retenir de démarrer le voyage.

Pour tout vous dire, à l'été 2015, j'ai rapidement considéré la première saison de Humans comme ma nouveauté préférée, devant Mr Robot. De quoi capter un minimum votre attention, non ?

Humans © AMC/Channel 4

IA comme un problème

Humans, nous place dans un présent alternatif où l'Homme a réussi à créer des androïdes (appelés Synths) à l'apparence tout à fait humaine, pour assister les gens au quotidien. Leurs tâches sont nombreuses (accueil, compagnie, travaux manuels et souvent ingrats, etc.) et l'attitude des humains à leur égard est également assez variable, même si ces êtres synthétiques sont globalement acceptés et intégrés dans la société.

Humans © AMC/Channel 4

Or, vous vous en doutez probablement, certains Synths vont, pour une raison inconnue, commencer à développer une conscience propre. C'est notamment le cas de l'un des personnages principaux de la série, Anita (incarnée par l'impeccable Gemma Chan), une Synth qui a rejoint la famille Hawkins. Celle-ci est justement divisée sur la question des Synths : le père en veut, la mère n'en veut pas, quant aux enfants… Je vous laisserai découvrir ça par vous même.

Humans © AMC/Channel 4

Et cette dissension familiale n'est que l'une des nombreuses couches de narration que Humans utilise pour raconter son histoire et aborder les sujets que soulèvent les Synths, leur traitement, leurs droits et leur place dans la société. Aussi, bien plus qu'un simple drame familial, le show remue un riche terreau technologico-socio-politique à l'échelle nationale, où les débats font rage.

Et s'il n'y a pas (encore) d'androïdes dans notre quotidien bien réel, les sujets traités dans la série raisonnent avec les crises assez similaires que notre monde, et spécialement certains groupes de la population, traversent depuis des années.

Synths waves : music to my ears

La série suit ainsi plusieurs personnages très différents les uns des autres, qu'ils soient humains ou Synths, entrecroisant des arcs narratifs qui parviennent à rester percutants et passionnants, malgré le fait que le sujet central ne soit pas nouveau.

On appréciera également le fait que Humans évite de tomber dans un manichéisme typique, « les humains sont méchants et les Synths sont gentil ». Comme souvent, et comme dans le monde réel, les choses sont bien plus compliquées et nuancées que cela.

Humans © AMC/Channel 4

À ce fond riche en questionnements éthiques et en réflexions bouleversantes qui prennent aux tripes (vraiment, certains passages m'ont collé des gifles d'une intensité rare), Humans ajoute en fil rouge une part de mystère autour du réveil et de la création des Synths.

Ce mélange permet d'obtenir des épisodes conséquents, une densité renforcée par le fait qu'il n'y en ait que huit par saisons - format que j'apprécie d'ailleurs tout particulièrement.

« Humans fait partie de cette poignée de séries trop méconnues dont j'ai envie de crier l'existence et le génie sur tous les toits »

L'autre élément qui explique l'efficacité de Humans pour faire monter les larmes est à n'en pas douter le travail de son casting. Entre les interprètes d'humains, aux riches palettes émotionnelles (les parents Katherine Parkinson et Tom Goodman-Hill en tête, dont j'ai adoré l'évolution au fil des saisons) et ceux de Synths, qui arrivent à transmettre des choses intenses tout en restant parfaitement stoïques (Emily Berrington, Will Tudor et Ivanno Jeremiah sont bluffants), tous sont impeccables.

Ils sont d'ailleurs soutenus par une production de qualité, notamment côté maquillage pour les Synths, auxquels on croit vraiment.

Avant de conclure, un petit tour côté musique s'impose - vous savez peut-être comme cet élément est primordial pour moi dans les séries.

S'il ne s'agit pas de son travail qui m'a le plus marqué, je me sens tout simplement obligé de relever que la bande son de Humans été composée par le talentueux Cristobal Tapia de Veer, un nom que nous avons déjà évoqué dans les chroniques sur Utopia (les deux séries partagent d'ailleurs la présence de l'excellent acteur Neil Maskell) et Dirk Gently.

Humans © AMC/Channel 4

Humans fait ainsi partie de cette poignée de séries trop méconnues dont j'ai envie de crier l'existence et le génie sur tous les toits. Son sujet n'est peut-être pas très original, j'en conviens, mais le traitement qu'elle en fait et ses personnages sont tellement brillants qu'elle est devenue pour moi la référence du genre et l'un des shows les plus touchants et sensibles de ces dernières années.

8

Les plus

  • Vous aimez l'anticipation et la thématique complexe des androïdes et de l'IA
  • Vous avez aimé Real Humans et vous en voulez encore
  • Vous cherchez une série riche et qui prend aux tripes

Les moins

  • Le sujet des androïdes exploités par l'humain ne vous intéresse pas
  • Vous recherchez une série pleine d'action
  • Votre cœur ne supportera pas la charge émotionnelle du show

Les trois saisons de Humans sont actuellement proposées en France du côté de Canal+.

Besoin d'une nouvelle série à regarder ? Retrouvez toutes nos critiques et chroniques séries.

Antoine Roche

Journaliste spé culture pop (séries/ciné/JV), technologie (SVoD, OS, apps…) et jeux de mots douteux. Pas forcément dans cet ordre.

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Commentaires (5)

RaoulTropCool
J’avais vu Real Humans (Äkta människor) quand c’est sorti et c’était prenant même si certains personnages étaient mal joués ou pas loin du ridicule. Par contre, je n’ai jamais vu ce remake. J’imagine que les thèmes et intrigues seront les mêmes, pas sur que j’accroche.<br /> Hé mais y’a l’actrice qui joue Jen dans The IT Crowd. Bon ben obligé j’essaye
hellraisercom
Je n’ai pas vu du tout le show, par contre, si vous aimez ce thème, je ne peux que vous conseillez le jeu vidéo «&nbsp;Detroit : Become human&nbsp;» du studio français Quantic Dream qui a développée 2 autres titres très bien noté («&nbsp;Beyond: Two Souls&nbsp;» et «&nbsp;Heavy Rain&nbsp;»).<br /> Le jeu se déroule en fonction des choix et actions du joueur, faut aimé ce style, mais le jeu est prenant et magnifique.<br /> Et petite pensée pour l’animée «&nbsp;Chobits&nbsp;» qui m’a fait découvrir que dans les mangas et animées japonais, il n’y avait pas que de la baston et une quête de dépassement de soit en voulant devenir le meilleur dans sa discipline.
goutbulgare
Real Humans etait exceptionnel. Certe, le jeu d’acteur, la photographie, la mise en scene etaient tres loin des standards américains, mais c’est justement ce qui faisait son charme. En etant proche de nous par ses defauts, elle me terrifiait par ses qualités. En pleine vallée dérangeante, les Hubots sont glacant de verité, et a chaque fois qu’on commence a avoir de la sympathie pour eux ou de la haine, la série nous rappelait simplement leurs conditions, nous laissant en suspension de perplexité. A chaque fois qu’on a pitié des humains ou qu’on veut leur mort pour leurs actions envers ces robots, on nous ramène les pieds sur terre : «&nbsp;ce ne sont que des objets&nbsp;» et ces sentiments que nous ressentons a l’egard de notre entourage en presence de ces chose sont a la fois nos forces et nos faiblesses.<br /> le questionnement est permanent : vaut-il mieux se laisser submerger ou rester insensible ? pas de juste milieu possible a la frontiere de nos relations sociales face a ces objets : l’empathie n’est qu’une forme de folie.<br /> sans vouloir faire de la pub pour une grande marque de magasin de meuble suedois, la meilleur lecon d’empathie que j’ai recu viens de la pub réalisée par spike jonze :<br /> «&nbsp;Vous avez pitié de cette lampe ? c’est parce que vous êtes maboule ! elle ne ressent rien elle, et la nouvelle lampe fonctionne bien mieux.&nbsp;»<br /> enjoy <br /> petite precision en ce qui concerne l’intrigue : on s’en fout un peu en fait.<br /> l’interet de cette serie c’est de nous presenter comment une vie peut etre possible sur plusieurs niveau sociaux, compagnon de vie, menagere d’apparence accariatre, amour d’adolescent, desirs d’adulte, manoeuvre pour les taches ingrates ou destructeur d’emploi, membre de la famille et traducteur professionelle …
Bombing_Basta
Humans est une série américano-britannique adaptée d’une autre série, suédoise elle, Real Humans. N’ayant pas vu cette dernière je ne pourrai pas les comparer<br /> Quel gâchis…<br /> Les remake c’est le pire qu’il puisse arriver à une bonne série.<br /> «&nbsp;Ohhh regardez cette très bonne série faite par des non anglais, et si on en faisait un remake parce-qu’on le vaut mieux?&nbsp;»<br /> Résultat, une série qui avec un petit budget marchait fort dans le monde entier , annulée car «&nbsp;nous les anglo-saxons on va faire mieux plus gros plus cher plus world friendly (enfin surtout on va le faire en anglais car vos langues de barbares on ne les double pas nous, car on vaut mieux que ça)&nbsp;», et la copie annulée car rapport bubget/bénéfice à chier en partie car tous les fans de l’originale dégoûtés par ce remake n’y retrouvant pas le charme de l’originale.
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