Blackberry : le retour ? Premier terminal Blackberry 10, le Z10 marque un tournant pour le canadien qui a fait les frais de la montée en puissance d'Android et du succès de l'iPhone. Pari réussi ?
On parle de Blackberry 10 depuis un certain temps maintenant. L'OS, basé sur QNX comme celui de la tablette Playbook, a de quoi séduire, et ce qu'on avait pu en voir jusquà maintenant s'avérait des plus prometteurs, tant du point de vue de l'interface que des possibilités offertes par une vraie gestion du multitâche. Mais voilà, des OS prometteurs, on en a vu défiler quelques uns ces dernières années, et on en a vu tomber aussi : WebOS qui devait relancer Palm, MeeGo de Nokia, tué dans l'œuf pour laisser la place à Windows Phone... Dans les deux cas une impression positive au contact des premiers terminaux, mais pas de suite au final.
Pour les promesses, on verra donc si elles sont tenues. En attendant, on a du concret puisque Blackberry 10 est enfin une réalité avec ce BlackBerry Z10, un premier terminal qui a une tâche ardue : plus que le premier smartphone BlackBerry 10, le Z10 incarne littéralement le nouveau BlackBerry : le terminal, le système... Et l'entreprise, puisque c'est désormais sous ce nom qu'officie RIM. Donc quand on parle de smartphone « flagship », l'expression a tout son sens ici !
Restons donc dans le concret et voyons comment ce Z10 se place par rapport à ses concurrents, puisque ce terminal positionné sur le haut de gamme boxe dans une catégorie plutôt rude, entre l'iPhone 5, le Galaxy S3 ou le Lumia 920.
Design et ergonomie
Dire que le BlackBerry Z10 ne ressemble à aucun autre BlackBerry est un euphémisme. Il n'est pas le premier BlackBerry tout tactile, mais là où le Torch 9860 gardait tout de même les formes arrondies caractéristiques de la marque, le Z10, lui, reprend plutôt les lignes de ses concurrents. Les mauvaises langues diront qu'il ressemble à un iPhone 5, et certains éléments de la façade rappellent effectivement le dos en 3 parties du dernier iPhone, mais en fait il ressemble surtout à de nombreux terminaux basés sur ces lignes devenues assez communes.N'en déduisons pas que le design du Z10 est raté : on peut lui reprocher un certain manque d'originalité, mais le smartphone affiche une sobriété appréciable, et une qualité de fabrication au rendez-vous. Le premier contact est très agréable, les matériaux utilisés, notamment la surface caoutchoutée au dos et les boutons en métal, sont de qualité. Bref, le Z10 fait dans l'archi classique et absolument pas « cheap ». En fait, il ne dépaysera pas les utilisateurs de la PlayBook, qui bénéficiait du même type de finition et de formes assez semblables.
Les dimensions du terminal sont assez proches de celles d'un Galaxy S III : un peu plus petit et à peu près aussi fin. En revanche, son écran est nettement plus petit puisqu'il s'agit d'un 4,2 pouces. Trompeur, car la surface affichable ne se révèle vraiment qu'à l'allumage. L'interface de BlackBerry 10 impose plus ou moins ces larges bordures autour de l'écran, puisque le nouveau système s'utilise, comme celui de la PlayBook, exclusivement à base de gestes, et souvent depuis lesdites bordures. Aucun bouton, donc, en façade, ni physiques, ni tactiles.
Des boutons, en revanche, il y en a en bordure : le verrouillage/allumage sur le dessus, avec un positionnement centré habituel chez BlackBerry mais un peu déroutant pour un habitué à d'autres smartphones, et 3 boutons de volume/lecture média.
Côté photo/vidéo, un APN épaulé par un flash LED et une webcam frontale sont présents.
La connectique, concentrée sur le bord gauche, est des plus classiques : du micro USB pour la recharge et la connexion, et du micro HDMI pour la sortie vidéo, ce qui évite l'achat dun adaptateur comme chez Samsung par exemple.
Dernier petit détail : l'étui qui accompagne le BlackBerry Z10 dispose d'une fonctionnalité ingénieuse : il coupe l'écran lorsque le téléphone est inséré, mais laisse la diode emblématique de BlackBerry apparente. Il faut préciser en revanche que cette fonctionnalité s'active également lorsque le terminal est posé sur l'étui.
Composants
Pour animer le Z10, BlackBerry utilise une valeur sûre : le Snapdragon S4 de Qualcomm, dans sa version double cœur à 1,5 GHz. On retrouve cette puce éprouvée dans les 8X et One S de HTC, ou dans le Lumia 920 de Nokia. La partie GPU est donc assurée par un Adreno 225, que l'on n'a pas franchement pu pousser dans ses derniers retranchements... Faute de jeux 3D pas suffisamment nombreux au moment de notre test. En tous cas, sur le papier, le Z10 a de quoi se défendre sur ce point.
L'écran est indéniablement un des points forts du smartphone : BlackBerry a doté son Z10 d'une dalle LCD de 4,2 pouces d'une définition de 1 280 x 768 pixels. La résolution atteint 355 ppp, soit encore plus que le Nokia Lumia 920 et le HTC 8X. Les angles de vision sont très satisfaisants, les couleurs pourront paraître pâles pour un habitué du Super AMOLED mais elles nous ont semblé assez fidèles. Seule la luminosité semble un peu en retrait. Ca n'est pas forcément un mal, mais c'est à noter.
La 4G est au rendez-vous : en plus de la 3G HSDPA, le Z10 gère la 4G sur les bandes de fréquences 800, 900, 1800 et 2600 MHz, et donc compatible avec les offres 4G en France. Côté Wi-Fi, les normes B, G et N sont évidemment de la partie, ainsi que le bi-bande. Bluetooth 4.0 et GPS complètent le tableau des circuits sans fil, et on ne va pas s'en enthousiasmer, mais plutôt préciser que le terminal est également équipé d'une puce NFC, que nous avons pu utiliser avec succès pour transférer notamment des pages Web entre le Z10 et un Galaxy S III.
Un mot enfin sur la batterie : elle est amovible et d'une capacité de 1800 mAh et 6,8 Wh. Lors de notre test, elle ne nous a pas semblé des plus endurantes : le Z10 a tenu environ 24h en utilisation courante, dont une nuit où la seule activité était la mise à jour des notifications email, Facebook et Twitter. On note également une tendance à descendre très vite lors d'une utilisation intensive (lecture vidéo, capture...)
BlackBerry 10 : un nouveau départ
Evidemment, plus que le design du Z10, c'est la partie logicielle du smartphone qui crée réellement la rupture avec le passé de BlackBerry. Une rupture, pas tout à fait : si BlackBerry 10 est un tout nouvel OS pour smartphone, on en a déjà eu les prémices avec la tablette PlayBook du constructeur, qui bénéficiera d'ailleurs d'une mise à jour vers BlackBerry 10.
On retrouve donc la base QNX du système, qui promet notamment une gestion avancée du multi-tâche pour un périphérique mobile : du vrai multi-tâche, où les applications tournent vraiment en tâche de fond, et ne sont pas simplement suspendues. On verra plus bas qu'il y a des limitations en pratique...
L'autre point commun est la prise en charge de la machine virtuelle Dalvik, qui permet d'exécuter des applications Android, moyennant quelques opérations de conversion. Ca permet au Z10 d'être lancé avec plus de 70 000 applications. En soi ça ne signifie pas grand chose : le succès d'un OS mobile dépend autant du nombre d'applications disponibles que de leur qualité. Néanmoins, dans la mesure où BlackBerry 10 repart de zéro, ça peut être un levier pour attirer des développeurs vers la plateforme, qui en a grand besoin, car 70 000 applications, c'est pas mal pour un lancement, mais ça n'est qu'une goutte d'eau par rapport à la concurrence...
On aura l'occasion de revenir plus en détail sur BlackBerry 10 mais voyons tout de même dans la pratique du Z10 l'interface, assez intéressante, de ce nouvel OS. On l'a vu plus haut, la façade du smartphone est complètement dénuée de boutons, physiques ou tactiles. Comme la PlayBook, le Z10 est contrôlé entièrement par gestes tactiles, et pour la plupart, ceux-ci s'exécutent depuis les bords de l'écran.
L'interface rappelle par plusieurs points celle de MeeGo Harmattan, l'OS du malchanceux Nokia N9, rapidement transformé en Lumia 800 sous nos latitudes. Elle propose une disposition à base de 3 éléments : une série d'écrans d'accueil à la iOS, un écran de visualisation des applications ouvertes sous forme de vignettes, et le BlackBerry Hub, un centre de notifications réunissant les mails, les SMS, les mises à jour Facebook et Twitter, ou encore les notes. La navigation s'effectue via des balayages horizontaux, rien de vraiment novateur là dedans.
Là où BlackBerry 10 essaie de jouer la différence, c'est en minimisant le recours aux écrans d'accueil via les gestes qui permettent de basculer facilement entre l'application ouverte, le gestionnaire d'applications, et le BlackBerry Hub.
Ainsi, depuis une application, un balayage depuis le bord inférieur renvoie vers le gestionnaire d'applications. Basculer entre les différentes applications est donc d'une grande fluidité, et c'est même certainement une des meilleures gestions du multi-tâche que l'on ait vue sur mobile. Pas besoin de double clic sur un bouton physique ou d'appui prolongé sur une touche virtuelle : c'est fluide et rapide. Pas tout à fait nouveau, donc, mais agréable. Certaines applications peuvent d'ailleurs profiter de ce mode pour disposer d'une vue « tuile » façon Windows Phone, pour y afficher des informations sans avoir à l'afficher en plein écran.
L'autre geste central est l'accès direct au BlackBerry Hub : il consiste à faire un geste en angle droit depuis le bas de l'écran puis vers la droite... Par écrit, ça paraît assez tordu, et il faut bien admettre que ça a son petit côté « On cherchait un geste que personne n'avait encore fait », mais à l'usage on s'y fait.
Dernier geste à maîtriser : le balayage depuis le bord supérieur, qui affiche les paramètres de l'application, un peu comme sous Windows 8/RT. Sur l'écran d'accueil, le même geste permet également d'accéder à la désactivation du Wi-Fi et du Bluetooth : c'est pratique, mais il est impossible, du coup, d'accéder à ses paramètres lorsque l'on se trouve dans une application.
De manière générale, l'interface de BlackBerry 10 est agréable : elle s'inspire effectivement d'influences bien connues : on y trouve un peu d'Android, un peu d'iOS, un peu de Windows Phone, mais le tout est mélangé avec élégance et cohérence. Une très bonne première impression, donc.
Internet
La navigation Web sur BlackBerry, si elle restait praticable, n'a jamais été vraiment le fort du smartphone. Là encore, BlackBerry 10 fait table rase du passé avec un navigateur de très bonne facture et particulièrement à l'aise sur le Z10. Le défilement des pages est fluide, le zoom réactif, l'écran du Z10 et sa résolution très élevée fait des merveilles avec le texte.Le navigateur se distingue également par sa compatibilité HTML5, puisqu'il se permet de dépasser tous les navigateurs desktop sur les propriétés testées par le site HTML5 Test ! Une belle performance entachée seulement par l'absence de prise en charge des formats Ogg et WebM. Sur le plan des performances, il se montre assez à l'aise sur SunSpider, rivalisant avec des smartphones tels que les HTC One X et One S pour un score de 1722,5 ms.
La surprise vient de la prise en charge de Flash. De surprise, ça n'en est pas vraiment une, BlackBerry ayant annoncé clairement qu'il continuait à développer sa compatibilité même après l'abandon de la version Android par Adobe. Mais depuis Android 4.1, on avait presque oublié l'expérience de Flash sur un smartphone. Et à l'image de la PlayBook, où RIM (comme on l'appelait alors) avait intégré Flash et Adobe AIR au cœur du système, la prise en charge bénéficie d'une accélération matérielle et s'avère remarquable : les vidéos testées sont parfaitement fluides ! Le Web avance progressivement vers le tout HTML5/CSS3/Javascript, mais le Z10 est désormais un des rares smartphones disponibles sur le marché à demeurer compatible Flash.
En revanche, le navigateur de BlackBerry 10, malgré sa compatibilité HTML5, se voit pénalisé par le même problème que l'on avait décelé avec Internet Explorer sous Windows Phone 8 lorsque l'on avait réalisé le test (visiblement, le problème a été corrigé depuis) : son user agent n'est pas toujours détecté par les sites Web, et la prise en charge de leur version mobile est donc assez aléatoire. Parfois c'est la version desktop qui s'affiche, ou parfois, pour Facebook notamment, la vieille version mobile pour « feature phones ». En revanche, Twitter affiche bien sa version mobile « moderne ».
Messagerie et réseaux sociaux
Voilà qui nous donne une transition toute trouvée pour évoquer l'intégration de la messagerie et des réseaux sociaux au Z10. Et donc revenir sur le BlackBerry Hub, évoqué plus haut. Car le centre de notifications de BlackBerry 10 est plus qu'un centre de notifications : c'est une solution centralisée pour gérer ses mails, ses SMS, ses BBM et ses activités sociales sur Facebook, Twitter et LinkedIn. On appréciera la présence de ce dernier, détail appréciable de l'intégration professionnelle du smartphone.On pourrait légitimement se demander si mélanger Facebook, Twitter, LinkedIn et ses mails pro, ça n'est pas un peu chercher à provoquer le bazar. Mais via un balayage, le BlackBerry Hub permet également de filtrer ce que l'on souhaite afficher.
L'intérêt du hub est également de permettre la composition : on peut publier un statut Facebook, écrire un mail ou tweeter directement depuis le centre de notifications. Pas besoin de passer par un client dédié, et pourtant BlackBerry n'a pas omis ces derniers : FaceBook, Twitter, LinkedIn et Foursquare sont disponibles pour BlackBerry 10 et pré-installés sur notre Z10 de test. Les clients offrent une interface et des fonctionnalités très semblables à leurs équivalents sous iOS et Android.
Du côté des emails, Exchange, Gmail, Hotmail, Yahoo !, ainsi que les protocoles POP3 et IMAP sont gérés. Lors de nos tests, la configuration automatique d'Exchange n'a pas fonctionné et nous avons du saisir nous-mêmes les informations du serveur. En revanche, une fois configuré, le compte fonctionne exactement comme on l'attend. En revanche, tout passe par le hub : il n'y a pas de client mail dédié accessible depuis l'écran d'accueil.
Evidemment, le service BlackBerry Messenger est toujours de la partie, et lui aussi intégré au hub. Il s'enrichit au passage des conversations audio et vidéo, mais uniquement pour les smartphones compatibles.
Cartographie, assistant vocal
On termine ce passage en revue des fonctionnalités internet avec 2 applications : un module de cartographie des plus classiques, dont les données sont fournies par Nokia, est intégré. Rien à signaler ici, ça fait le job.Le BlackBerry Z10 n'échappe pas non plus à son « Siri like », qui propose les fonctionnalités de base : création de rendez vous, envoi de SMS ou encore de tweets... Il fait ce qu'on lui demande, mais pas plus : comme le S-Voice de Samsung, l'assistant du Z10 manque totalement d'humour.
Multimédia
La partie multimédia du Z10 renferme quelques bonnes surprises, à commencer par le lecteur vidéo qui lit parfaitement les MKV HD, en plus des DivX, Xvid et autres MP4. Ca n'est pas le seul à le faire, bien entendu, mais il est toujours appréciable de ne pas avoir à réencoder ses vidéos pour les lire sur son mobile et le BlackBerry Z10 le permet sans même installer de lecteur alternatif.Le terminal étant doté d'une sortie micro HDMI, on peut en outre visualiser les films en 1080p sur un téléviseur. En pratique, on a pu constater quelques difficultés à gérer cette sortie : des saccades ou accélérations subites de l'image se font ressentir. Toujours sur la vidéo, le Z10 intègre une prise en charge DLNA, là encore sans installer la moindre application.
Côté musique, le lecteur est des plus classiques, mais il permet tout de même la lecture des fichiers MP3, AAC, FLAC, WMA et WAV. Ne manque que l'Ogg pour que la compatibilité soit complète.
Le BlackBerry World, en plus des applications et des jeux, propose également de la musique en achat au titre ou à l'album. On ne peut pas dire que l'on soit emballé par l'offre proposée, qui se contente du minimum, là où Microsoft, Google, Apple ou Amazon proposent bien plus : écoute illimitée à l'abonnement, upload de la musique dans le nuage... Rien de tout ça ici, et une tarification qui pratique le grand écart : certains albums sont proposés à 5 euros, alors que leurs titres individuels sont vendus à 1,49 euro !
Photo et vidéo
Le Z10 est équipé d'un appareil photo capable de capturer des images en 8MP et des vidéos en 1080p. Des caractéristiques plutôt communes dans le haut de gamme, tout comme les options proposées par la couche photo : choix du format (4:3 ou 16:9), mode rafale ou stabilisation, quelques scènes (action, nuit, plage ou neige...). De quoi s'amuser un peu sans rentrer dans le niveau de paramétrage des APN sous Android. Plus intéressant, le mode TimeShift permet de réaliser une rafale de 10 photos d'un sujet et de combiner le visage le plus souriant, par exemple, au meilleur arrière plan pour obtenir une photo optimale.En revanche, on apprécie l'éditeur de photos intégré à BlackBerry 10 qui permet d'effectuer quelques retouches basiques (luminosité, contraste, netteté), et d'appliquer des filtres (vintage, crayonné, lomo...)... En l'absence des classiques du genre (Pixlromatic, Snapseed...), ça dépanne !
Passons au plus intéressant : que vaut l'appareil photo en lui-même ? Il s'en tire plutôt bien, avec des photos très contrastées et saturées, pas des plus réalistes mais qui restent agréable à l'œil. La précision des images est assez bonne dans l'ensemble, mais on note une perte assez marquée de netteté dans le coin inférieur droit. Au final, c'est clairement en dessous d'un Galaxy S III ou d'un iPhone 5, mais la qualité reste tout de même satisfaisante.
L'objectif du Z10 sur notre scène de test...
Et sur une photo en extérieur. On note le bord inférieur droit moins précis
Du côté des vidéos, même constat : elles sont fluides, colorées et précises. Seule la mise au point automatique semble accuser un léger retard...
Sécurité et confidentialité
Historiquement, le BlackBerry a la faveur des entreprises, grâce à ses fonctionnalités permettant de l'intégrer dans un environnement pro de manière sécurisée. Néanmoins, l'arrivée de smartphones plus « fun » comme l'iPhone ou les smartphones Android a induit un effet collatéral : de plus en plus d'utilisateurs utilisent un smartphone personnel en plus de leur BlackBerry. La technologie BlackBerry Balance, destinée à permettre les deux usages sur le même terminal bénéficie sur le Z10 d'une intégration simplifiant son utilisation : concrètement, si la technologie est activée par l'administrateur, un simple balayage permet de basculer entre les deux profils (pro et personnel) avec des applications et un fond d'écran distinct.BlackBerry Balance propose également des fonctionnalités intéressantes en matière de sécurité, comme l'impossibilité par exemple d'envoyer des données issues de l'environnement pro à des contacts personnels, ou la possibilité d'effacer à distance les données confidentielles sur l'entreprise, sans toucher au profil personnel.
Le dispositif complète les nombreuses possibilités de désactivation de fonctionnalités sensibles : capture photo, partage de vidéo sur YouTube, réseaux sociaux, téléchargements d'applications, navigateur Web... Bref, les DSI (Directeurs des Systèmes d'Information) vont continuer à aimer le BlackBerry Z10 !
Bureautique et gestion de fichiers
Tradition BlackBerry : le Z10 intègre toujours Docs To Go, la mini suite bureautique permettant d'éditer des fichiers Word, Excel et PowerPoint, et même de créer des documents des 2 premiers. Ca n'est pas franchement un avantage décisif dans la mesure où de nombreux smartphones intègrent ce type de fonctionnalités : on pense notamment à Windows Phone et sa suite Office mobile avec intégration SkyDrive. BlackBerry, en revanche, mise sur des services concurrents, à savoir DropBox et Box.net : les deux peuvent être intégrés au gestionnaire de fichiers du smartphone.À l'usage : est-on vraiment plus efficace avec un BlackBerry Z10 ?
BlackBerry a fondé une partie de son image de marque sur l'efficacité procurée par l'utilisation de ses smartphones. Est-ce que ça se vérifie avec le Z10 ? Le but de BlackBerry est de limiter l'accès à l'écran d'accueil en incitant l'utilisateur à naviguer entre ses applications, le gestionnaire de tâches, et le BlackBerry Hub. De ce côté, c'est plutôt réussi : il faut prendre le coup de main mais une fois que l'on a intégré les 2 gestes « fondamentaux », ça passe plutôt bien !En revanche, le gestionnaire de tâches souffre d'une limitation à noter : il ne peut afficher que les 8 dernières applications exécutées. En pratique, ça ne sera pas forcément gênant : si vous faites du multi-tâches, il est peu probable que vous jongliez entre plus de 8 applications et la fonctionnalité garde son sens. En revanche, l'usage est assez différent de ce que l'on connaît sur iOS ou Android.
Il nous faut aussi mentionner ici le clavier virtuel, car si BlackBerry sortira également un Q10 doté d'un clavier physique, c'est le seul moyen de saisir du texte sur le Z10. Dans l'ensemble, BlackBerry fait plutôt du bon travail. On peut se demander l'intérêt des lignes horizontales entre chaque rangée de touches : elles permettent d'y afficher des suggestions de mots au fur et à mesure de la frappe. Pas sûr que ce soit aussi efficace que le système que l'on trouve sur certains claviers prédictifs pour Android, mais pourquoi pas. On appréciera en revanche la possibilité, lors des saisies de mot de passe notamment, d'avoir l'affichage des chiffres sur la rangée supérieure, ce qui évite d'avoir à basculer entre les modes alpha et numériques.
Conclusion
Le BlackBerry Z10 était très attendu, et comme tous les premiers smartphones à intégrer un nouvel OS, il est assez délicat de conclure sur la faculté du Z10 à redresser la position de BlackBerry. Son système est encore jeune, même s'il est dérivé de celui de la PlayBook, et son écosystème d'applications n'est pas complètement vide mais évidemment bien loin de ce qu'il pourrait être si l'ex RIM parvient à attirer les développeurs vers sa plateforme.
Le smartphone en lui-même a indéniablement des qualités : sa finition est plutôt réussie, son design certes pas bien original est efficace et sobre, la qualité de certains composants, notamment l'écran, n'a rien à envier à ses meilleurs concurrents (Galaxy S3, iPhone 5, Lumia 920, HTC 8X...)... Pour un smartphone censé incarner le renouveau de BlackBerry, la première impression est positive. Seule l'autonomie nous déçoit clairement : la moindre tâche un peu intensive semble lui faire rapidement perdre son endurance.
BlackBerry 10 séduit également par son interface permettant une certaine efficacité, notamment dans la gestion du multi-tâche et des notifications : on sent une vraie volonté de faire évoluer l'expérience BlackBerry, et une certaine réussite dans l'exécution. C'est fluide, agréable et de nombreux détails ont visiblement fait l'objet d'une réflexion pertinente.
L'expérience utilisateur est tout de même entachée par certaines incohérences : on ne sait pas toujours où trouver les paramètres d'une application (balayage vers le bas, tap sur une icône en bas de l'écran, balayage vers la droite pour faire apparaître un panneau...), et il n'est pas facile de s'y retrouver entre tous les gestes, au moins lors des premières utilisations. Dans l'ensemble, il s'agit malgré tout d'un OS mobile prometteur, sur lequel on aura l'occasion de revenir plus en détail.
Le problème, c'est qu'il manque à ce nouveau BlackBerry quelque chose de vraiment novateur. Ce que BlackBerry semble fréquemment toucher du doigt, sans réellement y parvenir. Le Z10 reste un smartphone séduisant qui replace le constructeur canadien sur la bonne voie. Est-ce LE nouveau BlackBerry que tout le monde attendait ? Par rapport à ses concurrents bien affûtés dans la même gamme de prix (le Z10 est annoncé aux environs de 600 euros sans abonnement), il nous semble tout de même un bon cran en dessous d'un Galaxy S III, un iPhone 5, un Nexus 4 ou un HTC Windows Phone 8X. Ca ne signifie pas que BlackBerry n'arrivera pas à remporter de nouveaux adhérents avec son Z10. Mais le temps que le canadien sorte un « flagship » encore meilleur, où en sera Apple ou Samsung ?