HSxPA, WiMAX : la guerre des formats 4G de haut-débit mobile aura bien lieu

Alors qu'opérateurs et partenaires d'opérateurs développent d'un côté le futur du haut-débit mobile en exploitant leurs infrastructures existantes basées sur le HSxPA, d'autres industriels du marché comme Intel ou Nokia préparent plutôt l'arrivée de la « 4G » en exploitant des connexions dérivées du monde de l'internet fixe via le WiMAX.

La 3G commençant à peine à être démocratisée en France, c'est donc déjà la 4G qui est preparée mais qui ne devrait pas être disponible avant les environs de 2010 - 2012, pour les premières évolutions seulement de cette technologie. Si tant est qu'il soit à cette heure possible de la définir. En effet, il y a un d'un côté les réseaux d'accès 3GPP avec la norme UMTS et son évolution HSDPA / HSUPA et de l'autre côté les réseaux d'accès IEEE avec la norme WiMAX apparue en 2001.

A l'occasion d'une table ronde organisée par le Club Altran Telecoms, ce sont des responsables de différentes sociétés des télécoms qui se sont exprimés sur la guerre technologique entre ces différentes normes avec Bouygues du côté des opérateurs, l'INT pour les usages, SHD du côté de l'accès WiMAX, l'ARCEP concernant les fréquences et Altatel-Lucent pour la viabilité de l'offre.

ARCEP : Oui à la 4G mais attention aux fréquences

En ouverture, Jérôme Rousseau, chef des services opérateurs et régulation des ressources rares auprès de l'ARCEP, précise que les fréquences fixes et mobiles qui vont être utilisées ne sont pas fondées sur une seule technologie, le régulateur se voulant avoir un rôle de neutralité à ce sujet. « Avec la hausse des débits mobiles et la convergence fixe/mobile, nous sommes dans une phase du haut-débit mobile que l'on peut comparer à ce qui s'est passé sur l'internet fixe dans les années 2000 », a-t-il ajouté.

Au sujet des fréquences qui seront nécessaires pour mieux utiliser la 3G et ses dérivés ou demain le WiMAX, l'ARCEP rappelle que les bandes de fréquences 900 Mhz et 1800 Mhz vont faire l'objet d'une ouverture à la 3G et demain à la 4G. Le déploiement du WiMAX est donc déjà en cours et le régulateur a laissé jusqu'au 30 juin 2008 pour faire un premier point sur le développement de la technologie en fonction des licences attribuées.

Parallèlement à ceci, l'ARCEP précise que ce sont des fréquences basses qui pourraient être libérées dans les prochaines années. « Il faut plus de fréquences adaptées à la couverture du territoire pour que l'internet mobile à haut-débit puisse être généralisé. Il faut donc utiliser les fréquences basses (inférieures à 1 Ghz). Nous prévoyons d'ailleurs une opportunité historique avec une perspective de libération des fréquences inférieures à 800 Mhz par la télévision hertzienne grace au passage de l'analogique au numérique », ajoute Jérôme Rousseau.

Enfin, il est à noter qu'il faudra également un spectre supplémentaire dans les zones denses au niveau des bandes 2,5 à 2,7 Ghz. Les industriels du marché développent d'ailleurs déjà la 3G LTE ou le WiMAX qui les exploiteront. Il faudra donc faire un choix technologique en attendant leurs premiers déploiements dans les environs de l'année 2010.

Alcatel-Lucent : Le WiMAX, une technologie en devenir

Pour Denis Pagnac, le « Directeur du positionnement marketing des activités mobiles» d'Alcatel Lucent, la 3G a d'abord subi une grande barrière à l'entrée du fait des enchères sur certaines licences mobiles nationales. Mais le cercle vertueux avec des technologies qui proposent plus de débit et de nouvelles applications qui en demandent beaucoup est désormais d'actualité. « Les échanges de contenu UGC sont plus importants que les contenus développés par des institutions », a-t-il ajouté.

De même, selon Altacel-Lucent, les opérateurs fixes se dirigent de plus en plus vers le mobile et inversement tout en prenant en compte une troisième catégorie d'opérateurs après les historiques et les MVNO. Ceux-ci devraient rapidement mettre au point un coupe IP / WiMAX avec un business model associé. Au final, cela permettra d'avoir plus de performances, une simplicité d'utilisation de la technologie pour gérer plus d'abonnés, une intelligence dans le réseau et enfin une offre de terminaux qui s'élargit.

La guerre n'est donc pas finie entre toutes les technologies 4G, devant y avoir des synergies à trouver entre-elles.

SHD : Le WiMAX au secours des zones blanches

Pour Jean-François Huguet, le CTO de SHD, le WiMAX est un enjeu majeur, la société possédant des licences WiMAX dans deux régions : l'Ile-De-France et la région PACA. Même si SFR et sont actionnaires de SHD à hauteur de respectivement 66 et 34%, la société souhaite garder son rôle de grossiste en WiMAX avec comme objectif de couvrir les zones blanches ADSL.

Concernant les développements de la société en matière de WiMAX Mobile, il semble qu'il n'y en aura tout simplement pas, tout du moins dans un premier temps. « La licence que nous possédons couvre le nomadisme mais pas la mobilité », a ajouté Jean-François Huguet. Toutefois, il est à noter que le WiMAX 802.16E dépend également du renouvelement des terminaux.

Les chipsets ne sont en effet pas disponibles en volume, la société espérant voir les permiers PDA MiMo avant la fin de l'année uniquement. Il faudra attendre la mi 2008 pour qu'Intel lance sa plateforme Centrino de cinquième génération avec WiFi et WiMAX 802.16E dans les PC portables.

Concernant les avantages du WiMAX mobile, SHD finit par préciser qu'ils sont nombreux avec une utilisation d'une technologie « Full IP » et surtout libre de royalties... Enfin, les débits seront de l'ordre de jusqu'à 20 mbps en téléchargement avec une converture jusqu'à 20 Km et une efficacité spectrale moyenne de 2 bps/hz/secteur.

Bouygues Telecom : Cap sur le haut-débit mobile HSUPA !

Après une entrée très timide dans le monde de la 3G/3G+, Bouygues Telecom semble vouloir accélérer les choses en matière de 4G. Pour cela, Philippe Matillon, le responsable R&D de BOT, commence par dire qu'il faudra déjà que la norme définitive soit mise en place pour s'y intéresser sérieusement.

D'un point de vue réseau, Bouygues garde donc en mémoire la lenteur de la mise en place des premiers réseaux UMTS et de ses débits associés au départ très lents. « On a laissé l'utilisateur se débrouiller avec son terminal. Avec le WiMAX, on a l'avantage de l'IEEE mais on commence à avoir des problèmes de terminaux. Après le HSUPA, nous nous posons donc la question de la norme 4G que l'on pourrait mettre en place », ajoute-t-il. Après la 3G et la 3G+ chez Bouygues, c'est donc la norme HSUPA qui devrait se démocratiser rapidement auprès de cet opérateur.

Bouygues Telecom a enfin annoncé que d'ici un an, 70% de la population devrait être couverte au sein de ses réseaux en HSxPA. Mais pour y parvenir, Bouygues devra résoudre un problème d'acceptation de nouvelles antennes relais. Et ce sur ce dernier point, Philippe Matillon tient à préciser que la durée moyenne de déploiement d'un site est à l'heure actuelle supérieure à 18 mois du fait des lobbies contre les antennes-relais.

INT : Tout va mal pour la 3G et le WiMAX avantageux en terme financier

Dernier intervenant de cette table ronde, Bruno Salgues - directeur d'étude à l'INT, rappelle que si tout le monde pense à la 4G, la 3G n'est pas encore disponible dans tout le territoire et si elle l'est parfois, c'est avec des débits ridiculements faibles.

Concernant le choix d'une technologie de haut-débit mobile en 4G, « l'évolution des chipsets pour terminaux mobiles pourrait ralentir le développement des solutions à base de 3GPP », ajoute-t-il. D'ailleurs à l'instar des puces WiFi qui sont disponibles au coût d'un dollar par terminal, ce prix devrait rapidement se généraliser sur de nouvelles puces WiMAX. De quoi privilégier cette technologie grace à ses coûts presques dix fois inférieurs à ceux des puces 3G ?