La gendarmerie a démantelé ce week-end un réseau international de vol de voitures ayant utilisé des enceintes Bluetooth reprogrammées. L'affaire, qui a abouti à plusieurs arrestations, montre comment les objets connectés deviennent les instruments des cybercriminels.

La gendarmerie démantèle un réseau de vol de voitures par enceintes Bluetooth reprogrammées. © PV productions / Shutterstock
La gendarmerie démantèle un réseau de vol de voitures par enceintes Bluetooth reprogrammées. © PV productions / Shutterstock

Qui aurait cru qu'une simple enceinte Bluetooth puisse devenir l'outil favori des voleurs de voitures ? Dimanche 9 novembre, la gendarmerie française est parvenue à démanteler un réseau criminel international spécialisé dans cette technique pour le moins déconcertante. Cinq arrestations ont eu lieu en France et en Italie, à l'issue d'une enquête menée par l'Unité nationale cyber depuis plus de deux ans, qui a révélé un trafic mondial de dispositifs de piratage visant les systèmes sans clés de voitures de marques japonaises.

Des enceintes Bluetooth reprogrammées pour pirater les systèmes sans clés

Avec six véhicules récupérés, plus de 100 000 euros saisis dont près de 40 000 en espèces sonnantes et trébuchantes, des objets de luxe et des dispositifs de vol, le tableau de chasse en dit long. Au total, c'est un butin dont la valeur marchande grimpe autour d'un million d'euros, que les gendarmes ont débusqué. Trois suspects croupissent actuellement en détention provisoire, pendant que les enquêteurs remontent les fils de ce trafic mondial.

Tout commence en septembre 2023. L'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale repère alors une vague inhabituelle de vols ciblant spécifiquement les marques japonaises. L'Unité nationale cyber prend le relais et découvre le pot aux roses : des enceintes Bluetooth musicales détournées de leur usage initial pour singer le signal des clés électroniques. Un piratage qui exploite les failles béantes des systèmes keyless, de plus en plus courants.

Le cerveau de l'opération bricolait ces petites merveilles technologiques depuis son atelier, et ce depuis 2022. Production artisanale, distribution internationale via messageries cryptées, ses colis partaient aux quatre coins du monde, en touchant tout de même une vingtaine de pays entre l'Europe, les États-Unis, le Moyen-Orient, l'Asie et l'Afrique. Les interpellations ont, elles, eu lieu en Île-de-France, Eure-et-Loir et dans le Gard, mais aussi en Italie.

Des voitures volées en deux minutes sans effraction visible

Benoit Grunemwald, expert cybersécurité chez ESET France, a réagi à l'affaire. « La cybercriminalité brouille les frontières entre numérique et physique. Votre voiture peut partir en fumée en moins de deux minutes, sans qu'aucune vitre brisée ne trahisse le méfait », explique-t-il. Les traceurs GPS complètent d'ailleurs l'arsenal, souvent planqués sous le châssis. Ils espionnent ainsi vos habitudes, pour déterminer le moment parfait du larcin.

Alors, comment se protéger ? Benoit Grunemwald dresse sa liste de survie, composée des mises à jour constructeur obligatoires (oui, comme pour votre smartphone), de bons vieux antivols physiques en renfort, et de la désactivation de la fonction keyless si vous en avez la possibilité. Et surtout, menez des inspections régulières sous votre carrosserie, pour débusquer d'éventuels mouchards électroniques collés à votre insu.

L'expert élargit le propos aux objets connectés en général. Il rappelle de changer les mots de passe attribués par défaut, de mettre à jour les appareils, et d'arrêter de publier et géolocaliser ses déplacements ou vacances sur les réseaux sociaux notamment. Instagram ou TikTok survivront sans. Les derniers mots de Benoit à ce sujet sonnent comme un rappel à l'ordre. « La cybersécurité ne se limite plus aux données, elle protège aussi nos biens physiques. » Message reçu cinq sur cinq.

Source : France Info