Avec neuf arrestations et 700 millions de dollars blanchis, un réseau d'escroquerie aux cryptomonnaies a été démantelé en Europe. La JUNALCO a mené une action coordonnée avec la Belgique et Chypre.

La JUNALCO a mis fin à une arnaque aux faux investissements crypto de 700 millions de dollars. © MAYA LAB / Shutterstock.com
La JUNALCO a mis fin à une arnaque aux faux investissements crypto de 700 millions de dollars. © MAYA LAB / Shutterstock.com

L'arnaque sentait bon la fortune facile. Mais fin octobre, une action policière coordonnée entre la France, la Belgique et Chypre a mis hors d'état de nuire un réseau criminel spécialisé dans l'escroquerie crypto à grande échelle. Le bilan de l'opération menée par le Parquet de Paris avec le soutien d'Eurojust s'élève à neuf arrestations, 1,6 million d'euros saisis et des dizaines de plateformes bidon démantelées. Il faut imaginer que derrière cette façade de placements miracles se cachait une vraie machine à dépouiller les investisseurs naïfs.

Les escrocs avaient créé de faux sites d'investissement crypto à l'apparence trompeuse

Le piège des escrocs consistait à déployer des dizaines de plateformes d'investissement bidons, maquillées pour ressembler à s'y méprendre aux vrais sites de trading crypto. Avec leurs promesses de gains mirobolants, ces arnaques numériques attiraient les candidats au jackpot facile. Tout semblait crédible, jusqu'au moindre détail graphique.

Pour recruter leurs proies, les malfaiteurs ratissaient large. Ils utilisaient des publicités ciblées sur les réseaux sociaux, se livraient à du démarchage téléphonique agressif, et publiaient même des articles de presse contrefaits, soit tout un arsenal de manipulation. Le summum du cynisme pour eux était de fabriquer de toutes pièces des témoignages truqués où des célébrités ou des investisseurs à succès vantaient prétendument ces placements. Un cocktail redoutable pour inspirer la confiance.

Et le scénario se répétait à l'identique pour des centaines d'épargnants européens. Convaincus d'avoir déniché la bonne affaire, ils viraient leurs économies en cryptomonnaies sur ces plateformes fantômes. Mais une fois l'argent englouti, ils n'avaient plus aucun moyen de le récupérer. Les victimes réalisaient hélas trop tard qu'elles venaient de nourrir une gigantesque machine à blanchir l'argent sale.

De lourdes peines encourues pour escroquerie et blanchiment en bande organisée

La JUNALCO (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée), qui avait constaté un afflux de plaintes en 2023, a monté un dossier solide. Épaulée par la section de recherches de Rennes et le groupe cryptoactifs de la gendarmerie, son enquête a mis au jour un système de blanchiment vertigineux. Le montant recyclé via la blockchain frôle les 700 millions de dollars. Un chiffre impressionnant.

L'opération finale s'est déroulée entre le 27 et le 30 octobre. Les policiers ont frappé en même temps à Chypre, en Espagne et en Allemagne. Neuf suspects ont été interpellés à leur domicile, dont six faisaient l'objet de mandats d'arrêt européens émis par les juges français. Les perquisitions ont permis de mettre la main sur un magot conséquent, à savoir 800 000 euros sur des comptes bancaires, 415 000 euros en cryptoactifs, 300 000 euros en espèces, et une belle collection de montres de luxe valant plus de 100 000 euros.

Les mis en cause risquent jusqu'à dix ans de prison et 1,875 million d'euros d'amende. L'information judiciaire, lancée début juin, portait sur tout un florilège d'infractions, comme le blanchiment aggravé, l'escroquerie en bande organisée, et la fourniture illégale de services d'investissement. Et ce n'est pas fini, puisque plusieurs biens immobiliers restent à évaluer pour d'éventuelles saisies complémentaires.