Le gouvernement a bien relancé le leasing social et créé une prime européenne de 1 000 euros supplémentaire pour l'achat d'un véhicule électrique, entre autres. Ces aides ne sont plus financées par l'État, mais par les consommateurs.

L'État fait payer ses aides écologiques aux consommateurs, de manière indirecte, dénonce 60 Millions de consommateurs © Vitalii Stock / Shutterstock
L'État fait payer ses aides écologiques aux consommateurs, de manière indirecte, dénonce 60 Millions de consommateurs © Vitalii Stock / Shutterstock

À la fin du mois de septembre, le leasing social automobile va redémarrer pour les ménages modestes. Une prime supplémentaire de 1 000 euros s'ajoute aussi au bonus écologique existant. Mais ces aides changent de financement. L'autre nouveauté, c'est que l'État ne financera plus ces aides directement. Il les transfère vers les fournisseurs d'énergie et de carburant via des certificats d'économie d'énergie, qui répercutent ensuite ces coûts sur nos factures d'essence, d'électricité ou de gaz.

Les certificats d'énergie remplacent le budget de l'État

Le coup de pouce pour l'électrique reprend de plus belle avec le retour du leasing social dès le 30 septembre. Comme nous vous l'expliquions, ce dispositif destiné aux ménages modestes sera accompagné d'une prime inédite de 1 000 euros dès le 1er octobre, pour les Français qui font l'acquisition d'un véhicule respectant des critères de production européens.

Ces nouvelles mesures s'ajoutent au bonus écologique existant, qui oscille entre 3 100 et 4 200 euros selon les revenus. Pour les consommateurs, rien ne change en surface. Les mêmes documents sont à fournir, et les montants identiques. Mais derrière cette continuité, se cache en fait un tour de passe-passe budgétaire.

Comme l'explique 60 Millions de consommateurs, les crédits budgétaires classiques disparaissent et laissent place aux certificats d'économie d'énergie (CEE). Même les primes de 300 à 400 euros distribuées par les constructeurs depuis début 2025 puisent désormais dans cette manne. Ce dispositif, au départ conçu pour inciter les fournisseurs d'énergie à promouvoir les économies, devient le financement universel des politiques écologiques gouvernementales.

Les consommateurs financent eux-mêmes la transition écologique

L'addition pourrait être salée pour les ménages français. Car les fournisseurs d'énergie et de carburant, contraints de financer 500 millions d'euros pour le bonus auto et 370 millions pour le leasing social, répercutent inévitablement ces coûts dans leurs tarifs d'électricité, gaz et carburants.

Le mécanisme s'étend au-delà de l'automobile. L'association de consommateurs rappelle que le ministère du Logement a annoncé en juin l'augmentation de la part des CEE dans le financement de MaPrimeRénov' pour les rénovations d'ampleur. Les « coups de pouce » travaux utilisent également ce dispositif depuis plusieurs années. On comprend donc que cette extension généralisée permet au gouvernement de maintenir ses programmes sans restrictions budgétaires directes.

Mais le système n'est pas sans couac. Outre son coût de 164 euros par ménage (selon la Cour des comptes en 2023), les CEE génèrent « d'énormes fraudes » qui plombent encore davantage son efficacité. Une spirale infernale qui questionne la soutenabilité de cette politique du tout-certificat énergétique.