Les ondes radio apprennent à jouer les contorsionnistes : guidées par l’IA et une metasurface (on va vous expliquer), elles épousent les coins des pièces pour conserver un débit record.

- Des chercheurs de Princeton ont développé une technique pour contourner les obstacles avec des ondes radio sous-térahertz.
- Un réseau neuronal sculpte les ondes pour maintenir un débit stable, même en présence d'obstacles.
- Cette innovation pourrait révolutionner le Wi-Fi, promettant des débits bien supérieurs à ceux du Wi-Fi 7.
La bande sous-térahertz regorge d’espace spectral, mais la moindre cloison y faisait jusqu’ici figure de mur infranchissable. Des chercheurs de Princeton viennent pourtant de montrer qu’un faisceau Airy façonné par apprentissage profond peut déborder l’obstacle sans perdre sa vigueur. L’annonce secoue le microcosme des réseaux locaux, en quête d’un successeur crédible à la norme Wi-Fi 7.
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Contourner les obstacles : la courbe du débit
Dans le banc d’essai, un réseau neuronal anticipe la scène radio et sculpte l’onde pour qu’elle trace une trajectoire sinusoïdale, à la manière d’une balle liftée. Trois micro-secondes suffisent au système pour réagir quand un passant s’interpose, preuve que la logique d’apprentissage « informée par la physique » réduit la lourdeur calculatoire. Les modules actifs de la metasurface se contentent alors de reconfigurer phase et amplitude, sans mécanique ni miroir supplémentaire.
Le résultat impressionne : un lien resté stable en champ non visible, là où un balayage de faisceau classique s’effondre de plusieurs dizaines de décibels. Plus encore, l’expérience valide le concept dans la bande des 120 GHz, l’un des gisements visés par la prochaine génération de Wi-Fi. Restent la miniaturisation des plaques actives et la réduction de la consommation pour que cette gymnastique électromagnétique quitte le laboratoire et prenne place dans un point d’accès mural.
Vers un Wi-Fi à grande vitesse pour le quotidien
Aujourd’hui, le Wi-Fi 7 promet tout au plus 46 Gb/s théoriques sur un canal de 320 MHz. La courbure sous-térahertz vise cent fois plus de spectre et franchit symboliquement le téra-octet par seconde. L’écart n’est plus une question d’efficacité de modulation, mais d’accès à des largeurs de bande inexploitables aux fréquences inférieures. En domptant la fragilité des ondes courtes, la méthode Airy rend soudain réaliste un bond de performance qu’aucun simple élargissement de canal ne pourrait offrir.
Au-delà du chiffre, les usages se profilent : VR sans câble, streaming 16K, robotique collaborative. Dans chacun de ces scénarios, la stabilité du lien prime sur la portée, la maîtrise du champ proche devient donc un allié plus qu’un handicap. Si le marché suit, les premiers routeurs domestiques capables de plier leurs ondes pourraient apparaître dès la fin de la décennie, épaulés par des chipsets gravés dans des procédés RF-CMOS adaptés aux fréquences extrêmes.
Cette démonstration ne signe pas encore l’avènement d’un Wi-Fi térabit, mais elle retire une barrière majeure à l’exploitation des bandes au-delà de 100 GHz. L’étape suivante se jouera dans l’intégration industrielle : concevoir des metasurfaces abordables, standardiser les algorithmes de façonnage et adapter les protocoles WLAN à ces nouvelles libertés de trajectoire. Les murs n’auront qu’à bien se tenir.
Source : Tech Radar