Canal+ a obtenu une réduction drastique de ses investissements dans le cinéma français. L'accord signé en mars révèle des clauses très favorables à la chaîne cryptée.

Canal+, toujours aussi redoutable dans ses négociations © Alexandre Boero / Clubic
Canal+, toujours aussi redoutable dans ses négociations © Alexandre Boero / Clubic

Maxime Saada, le patron de Canal+, peut savourer sa victoire. Le dirigeant a négocié il y a plusieurs mois un accord particulièrement avantageux pour le diffuseur avec les professionnels du cinéma français, comme l'a révélé l'Informé mardi. La chaîne cryptée investira désormais 160 millions d'euros par an jusqu'en 2027, soit une baisse de 27% par rapport aux 220 millions de 2024. Une cure d'amaigrissement qui ravit les actionnaires de Vivendi, mais inquiète le septième art.

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Canal+ dicte sa loi et réduit la voilure

La chaîne de Vincent Bolloré a réussi un tour de force : diminuer très nettement ses obligations, tout en conservant ses avantages. Le nombre de films français préachetés par le groupe Canal chute à 85 œuvres par an, contre une centaine auparavant. Un minimum qui était systématiquement dépassé, Canal+ ayant financé 138 films en 2024. Et cette diète imposée s'accompagne d'une baisse globale qui atteint 40% par rapport à l'âge d'or d'il y a quinze ans.

Les producteurs ont donc dû ravaler leur fierté pour sauver les apparences. Certains ont tenté de minimiser la saignée, prétendant que la baisse n'était que de 16% en excluant habilement feu C8 et OCS de leurs calculs. Mais les chiffres sont têtus. L'enveloppe globale fond comme neige au soleil, et passe de 260 millions il y a quinze ans à 160 millions aujourd'hui.

Plus humiliant diront certains, les films financés devront désormais afficher la mention « avec le soutien essentiel de Canal+ » avant tous les autres partenaires. Une exigence de reconnaissance qui ressemble presque à une allégeance forcée. La chaîne cryptée impose ainsi sa marque sur les œuvres qu'elle finance, faisant de chaque générique en panneau publicitaire à sa gloire. Sur un plan business pur, c'est évidemment un très bon coup pour l'entreprise.

StudioCanal tire son épingle du jeu

La filiale de production de Vivendi sort aussi grande gagnante de cet accord. StudioCanal pourra en effet dépasser le plafond légal de 25% des investissements dans des longs-métrages européens, avec une rallonge de 5,5 millions d'euros en moyenne. Une exception taillée sur mesure pour permettre à Vincent Bolloré de développer ses grosses productions comme L'Amour ouf ou Bac Nord, tout en délaissant les petits budgets.

L'accord contient aussi une clause potentiellement anticoncurrentielle aux yeux de certains rivaux. Les producteurs s'engagent à soutenir Canal+ pour allonger la durée de validité des accords sur la chronologie des médias de trois à cinq ans. Un avantage qui figerait la position dominante de la chaîne face aux plateformes américaines comme Netflix ou Disney+, qui grignotent progressivement ses privilèges historiques.

Les abonnés de Canal+ pourraient faire les frais de ce deal. Ces dernières années, ils ont déjà dû se passer de nombreux films français importants comme La Ch'tite famille, Valerian ou les suites de Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?. Avec moins de films préachetés et moins d'argent investi, l'offre cinéma doit vivre avec le risque d'un appauvrissement, malgré les promesses de la direction.