L'Aurochs 2, le robot terrestre armé conçu par l'Institut franco-allemand de Saint-Louis, a réussi sa première séquence de tir. La Direction générale de l'armement (DGA) s'apprête désormais à prendre le relais pour des essais techniques approfondis.

Voici le robot tactique Aurochs, avec son bras armé © Armées françaises
Voici le robot tactique Aurochs, avec son bras armé © Armées françaises

L'armée de Terre accélère un peu plus sa mutation robotique, avec un nouveau succès remarqué. Le 23 juillet dernier depuis la Section technique de Mourmelon (Marne), l'Aurochs 2, un robot tactique cher à l'Agence de l'innovation de défense, a démontré ses capacités de tir jusqu'à 400 mètres, tir pilotable à l'aide d'une simple tablette tactique ATOMS. Voilà une étape qui concrétise une ambition stratégique majeure de nos soldats : faire de la robotisation le nouveau paradigme des forces terrestres françaises.

L'armée française dispose désormais d'un robot tactique tout-terrain autonome

Particulièrement polyvalent, le robot développé par l'Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis (ISL) fait état de belles performances. Sa navigation autonome par vision artificielle lui permet de progresser sans GPS, et d'éviter ainsi les obstacles avec une précision décimétrique. C'est ici d'emblée un atout majeur sur des théâtres où les signaux satellites peuvent être brouillés ou indisponibles, ce qui lui offre une résilience tactique précieuse.

Le robot Aurochs est aussi doté de roues motrices électriques indépendantes et de suspensions adaptatives, qui lui octroient des capacités tout-terrain remarquables. Ajoutons à cela la motorisation silencieuse, et une manœuvrabilité exceptionnelle qui font de lui l'éclaireur idéal. Le robot peut franchir des obstacles importants en maintenant une vitesse de progression soutenue, de quoi surpasser les modèles concurrents sur terrain accidenté.

Les équipes du Battle Lab Terre, le bras armé de l'innovation ouverte de l'armée de Terre, ont surtout pu intégrer avec succès la fonction feu dans la tablette ATOMS de contrôle. L'interface, intuitive, permet aux opérateurs de gérer l'ensemble des paramètres de tir à distance de sécurité. Et le système a prouvé sa fiabilité lors des tests, ce qui ouvre la voie à une adoption plus large au sein des unités combattantes, même si la route est encore longue.

© Armées françaises
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La robotique militaire, priorité de l'état-major français

L'Institut de Saint-Louis poursuit en ce moment l'intégration du tourelleau téléopéré DeFNder de la fabrique d'armes FN Herstal sur la plateforme. L'arme stabilisée, capable d'embarquer une mitrailleuse de 12,7 mm, doit transformer l'Aurochs en véritable multiplicateur de force. Les premiers essais techniques sous l'égide de la Direction générale de l'armement sont en tout cas imminents.

Le général Bruno Baratz, chef du Commandement du Combat Futur, considère la robotisation comme un impératif à terme, il n'est pas le seul à le penser. Pour lui, cette transformation s'impose avec la même évidence que la mécanisation au siècle dernier. L'Aurochs semble taillé pour combiner l'autonomie décisionnelle et la létalité contrôlée, sans oublier les exigences des nombreux conflits modernes de haute intensité.

S'il fut initialement conçu comme robot-mule logistique en 2019, l'Aurochs a depuis considérablement évolué, pour devenir à présent un système d'armes polyvalent. Sa rusticité et sa conception modulaire permettent de coucher sur le papier des missions variées comme la reconnaissance avancée, la protection de convois et l'appui-feu déporté. Une versatilité qui répond plus qu'il ne faut aux besoins opérationnels identifiés par le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Pierre Schill.