Live Japon : période de chasse aux partenaires

08 mars 2010 à 11h37
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Les économistes le savent et le bon sens commun y invite: en période de crise, les entreprises sont forcées d'opérer des tris dans les activités et de chercher des alliés, ce qui, n'étant culturellement pas simple, réussit ou non. De fait, après une phase de sélection des priorités, plusieurs sociétés japonaises partent à présent en quête de firmes étrangères ou nippones à acheter ou avec qui s'associer pour disposer de technologies de pointe ou étendre leur emprise commerciale.

Le groupe des technologies de l'image japonais Konica Minolta, après avoir totalement abandonné la photo, étend peu à peu ses domaines de compétence vers des segments jugés plus prometteurs (imagerie médicale, matériaux, films spéciaux pour écrans, traitement de l'image) s'ajoutant à la bureautique dont il est un important acteur. Il a par exemple signé cette semaine un partenariat industriel avec le concepteur américain de films plastiques organiques photovoltaïques Konarka, société dont Konica Minolta deviendra du même coup actionnaire.

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Konica Minolta prévoit un investissement de 20 millions de dollars dans Konarka. Ensemble ils vont lancer à partir d'avril des développements conjoints puis la production en masse des revêtements souples photosensibles imaginés par Konarka, lesquels sont considérés comme des surfaces photovoltaïques de troisième génération, moins coûteuses et à meilleur rendement. Ces films plastiques à couches photosensibles peuvent être plaqués sur toutes sortes d'objets et matériaux, leur conférant ainsi des propriétés électrogènes, grâce à la lumière ambiante, à l'extérieur comme à l'intérieur. Cette électricité peut être immédiatement employée ou être emmagasinée dans une batterie rechargeable. Konarka est à l'origine d'un sac solaire produit par l'allemand Neuber dont l'image a fait le tour du monde.

Konica Minolta, spécialiste historique des pellicules photographiques, maîtrise des procédés de production de films plastiques jugés adaptés au façonnage des matières conçues par Konarka. Konica Minolta va également fournir les substrats de base requis. Le groupe japonais dit accorder au développement de l'activité des nouveaux matériaux organiques photovoltaïques autant d'importance qu'à celui des films couverts de matières organiques électroluminescentes (OEL) destinés à de nouveaux types d'éclairages.

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Toujours cette semaine, le groupe japonais d'électronique et de technologies de l'image Canon a jugé presque aboutie son offre publique d'achat (OPA) amicale de 730 millions d'euros sur la firme néerlandaise Océ, détentrice d'intéressants procédés informatiques. Canon n'a certes recueilli que 71,33% des titres d'Océ au lieu des 85% visés, mais il a estimé cela suffisant pour ne pas abandonner l'opération, malgré l'opposition de quelques actionnaires d'Océ minoritaires.

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Canon a donné jusqu'au 19 mars à ces récalcitrants pour lui apporter les titres qu'il ne contrôle pas encore. Océ est une entreprise qui développe, fabrique et vend des solutions industrielles pour le traitement des données numériques et l'impression. Vieille maison fondée en 1877, elle compte aujourd'hui 22.000 salariés. Ses activités sont essentiellement concentrées en Europe et aux Etats-Unis. "Nous considérons qu'il est indispensable de solidifier notre base technologique et commerciale pour nous assurer la première place dans le secteur de l'impression professionnelle où la concurrence s'intensifie", a souligné Canon. Concrètement, le groupe japonais dit vouloir être en mesure de proposer des solutions complètes (photo-graphisme-texte/traitement/impression) tant pour le grand public que pour les professionnels. Canon, qui a fait une entrée tardive dans le domaine des équipements d'impression d'envergure industrielle avec ses propres technologies, juge nécessaire d'accélérer la cadence en acquérant ailleurs des techniques, savoir-faire, réseaux de distribution, bases de clients et services de maintenance.

Le mois dernier, le même Canon a réussi un autre rachat en Europe, celui du concepteur de systèmes de diagnostic ophtalmique polonais, Optopol. Canon détient à présent près de 90% des actions Optopol, 10% restant aux mains du fondateur de la société qui était favorable à un tel partenariat avec le puissant groupe japonais. L'acquisition d'Optopol va permettre à Canon de prendre une place sur le marché de la tomographie optique cohérente (OCT), un mode d'imagerie médicale qui utilise la lumière infrarouge pour observer l'oeil. Optopol propose déjà une gamme étendue d'appareils exploitant cette technique sans contact qui facilite les examens de structures cachées.

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Ces deux cas prouvent que Canon met actuellement en oeuvre une stratégie d'acquisition d'entreprises détentrices de technologies de pointe et/ou de réseaux de distribution solides dans le but de consolider sa position mondiale dans ses domaines-clefs que sont l'impression, la photo et l'imagerie.
Canon et le numéro un mondial américain des ordinateurs Hewlett-Packard (HP) ont également étendu leurs partenariats pour vendre en Amérique du Nord et en Europe une nouvelle gamme d'appareils bureautiques multifonctionnels.

L'accord concerne "les gammes de produits présentes et futures des deux entreprises, pour apporter aux clients une plus grande compatibilité de leurs produits dans la totalité de la chaîne d'impression", ont indiqué les deux groupes. Cette nouvelle alliance s'ajoute à l'accord de coopération en vigueur entre eux depuis 1985, en vertu duquel Canon fabrique des imprimantes laser qui sont vendues par HP sous sa marque LaserJet. Canon tire de cette entente commerciale une part non négligeable de son chiffre d'affaires.

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Toujours cette semaine, le spécialiste des équipements de radionavigation et audiovisuels pour véhicules, Pioneer, a annoncé que le constructeur d'automobiles japonais Honda deviendra à la fin du mois son 2e actionnaire, derrière le groupe d'électronique Sharp et quelques rangs devant un autre industriel du secteur japonais, Mitsubishi Electric. "L'électronique pour automobile est au coeur de notre activité", a justifié Pioneer pour expliquer l'entrée de Honda dans son actionnariat. Ce dernier est un important client des appareils de bord fabriqués par Pioneer, lequel est en outre en train de poser d'importants jalons dans ce domaine en Chine, gros marché potentiel pour tous les produits relatifs à l'automobile.

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Pioneer, l'un des acteurs de l'électronique nippons de moyenne envergure les plus durement touchés par la récession mondiale et la hausse du yen, est actuellement en train de se restructurer. Il avait prévu l'an passé 10.000 suppressions d'emplois en raison notamment de l'abandon de certaines activités, notamment la fabrication de téléviseurs. Pioneer s'attend a terminer le 31 mars une deuxième année budgétaire d'affilée dans le rouge écarlate.

Rappelons aussi que, toujours à cause de la conjoncture dégradée, les trois nippons NEC, Casio et Hitachi ont décidé de regrouper leurs divisions de téléphones portables afin de gagner en compétitivité. Casio et Hitachi ont déjà une firme commune depuis 2004 (Casio Hitachi Mobile Communications), entité qui doit être absorbée vers le 1er mai prochain (un mois plus tard que prévu précédemment) par une nouvelle société créée spécialement par NEC. Elle développera, produira et vendra les mobiles pour les trois marques qui seront conservées. En s'associant, les trois groupes espèrent tirer mieux profit de leurs points forts techniques alors que la demande de téléphones mobiles se réduit au Japon (leur principal marché) et que la présence internationale de leurs marques est pour le moment symbolique.

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Plus important encore, le groupe d'électronique nippon Sanyo est devenu il y a quelques semaines une filiale de son compatriote du même secteur Panasonic.

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Ce n'est pas tout: le 1er avril, les deux sociétés de composants électroniques japonaises Renesas Technology et NEC Electronics (filiale du groupe NEC) ne feront plus qu'un. Cette fusion pousse plus loin un processus entamé lors des précédentes crises, qui avait aboutit au regroupement d'activités de Hitachi et Mitsubishi Electric pour former Renesas. L'entreprise à naître de la fusion de ce dernier avec NEC Electronics devrait totaliser un chiffre d'affaires de l'ordre de 1.300 milliards de yens (plus de 10 milliards d'euros au cours actuel), devenant ainsi un des plus gros acteurs des semi-conducteurs japonais au côté de Toshiba.

Pour finir, sachez enfin que tous les secteurs, et pas seulement celui de l'électronique, sont concernés par ces mouvements de consolidation, et que nombre d'entreprises japonaises cherchent des partenaires à l'intérieur comme à l'extérieur... avec plus ou moins de bonheur.

Ainsi, ont aussi été interrompues soudainement nombre de projets d'association industrielle et/ou d'alliance capitalistique. Les deux producteurs de boissons nippons Kirin et Suntory ont renoncé à brasser de la bière ensemble, abandonnant un projet de fusion au terme de mois de négociations pourtant jugées en voie d'aboutir. Le constructeur d'automobiles français PSA Peugeot Citroën a laissé tomber son projet de rachat partiel de son homologue japonais Mitsubishi Motors, apparemment trop cher. Les deux groupes restent cependant amis. PSA va notamment vendre prochainement en Europe, sous sa propre marque, des voitures électriques compactes conçues par Mitsubishi Motors et déjà proposées depuis 2009 au Japon sous la dénomination i-Miev.

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