Test d'Empire Total War : critiques en formation

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
02 mars 2009 à 19h15
0
00F0000001948758-photo-empire-total-war.jpg
Depuis bientôt neuf ans, la série des Total War fait figure d'OVNI vidéoludique. Depuis bientôt neuf ans, ses créateurs s'ingénient à rendre les batailles le plus tactique possible tout en proposant un module « gestion » toujours plus complet, toujours plus riche. Sur le papier, Empire : Total War doit cependant aller encore plus loin que ses prédécesseurs en faisant progresser l'aspect technique des choses bien sûr, mais également en ajoutant la prise en charge des batailles navales et en intégrant plusieurs théâtres d'opérations à la campagne. Comme toujours, il n'est cependant pas question de juger sur des promesses...

« Nous préférerons toujours la guerre que payer un tribut, quel qu'il soit et à qui que ce soit »

Contrairement à ce qu'ils avaient fait sur Medieval II : Total War, les développeurs de Creative Assembly ont cette fois décidé de se lancer sur une nouvelle période historique. Cependant, et contrairement à ce que le titre pourrait nous laisser penser à nous autres Français, il n'est pas question d'aborder les Guerres napoléoniennes dans Empire : Total War. En réalité, le studio s'est arrêté juste avant, préférant laisser de côté la France révolutionnaire pour cet opus focalisé sur le XVIIIe siècle. Du coup, il est principalement question de conquête du sous-continent indien et de développement des colonies américaines sur fond de concurrence franco-anglaise.


Avant d'entrer dans le vif du sujet, il convient de poser les bases afin que les nouveaux venus sachent de quoi un Total War est fait. Depuis bientôt dix ans, la série conçue par les Anglais de Creative Assembly se propose donc de mélanger le genre de la stratégie / tactique et celui de la gestion afin, en quelque sorte, de rendre le joueur complètement maître de la situation. Ainsi, le développement du pays est assuré au moyen d'une partie que l'on peut rapprocher de Civilization alors que les combats tiennent davantage du jeu de stratégie temps réel, collecte des ressources / gestion de bases exceptées.

00F0000001955654-photo-empire-total-war.jpg
Onze nations pour la Grande Campagne
Cette dualité est bien sûr au cœur d'Empire : Total War qui nous permet de l'appréhender via deux campagnes principales. La Route vers l'indépendance est de loin la plus accessible et, du fait de sa scénarisation poussée, la plus dynamique. Elle nous place dans la peau des Pères fondateurs avant d'enchaîner sur le développement des Treize Colonies et la Guerre d'indépendance américaine. En réalité, il s'agit surtout d'une sorte de très gros didacticiel destiné à revenir sur tous les éléments qui caractérisent Empire : Total War. Ce faisant, elle constitue bien sûr un passage obligé pour tous les néophytes, mais intéressera tout de même l'habitué.

D'abord évidemment parce qu'elle permet de faire le point sur les nouveautés, mais également parce que l'utilisation de nombreux événements déclencheurs et la présence de multiples cinématiques lui donnent un petit côté « immersif » pas désagréable. Notons que deux autres didacticiels ont été imaginés par les développeurs afin de revenir sur les combats terrestres et les affrontements en pleine mer. Le but étant bien sûr que le joueur soit fin prêt avant d'attaquer les différents scénarios de batailles, mais aussi et surtout qu'il puisse se lancer à l'assaut du gros morceau du jeu : la Grande Campagne.

00F0000001955656-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955658-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955660-photo-empire-total-war.jpg

Des rivages de la Manche au cœur de l'Allemagne en passant par Ceylan...

Celle-ci n'a d'ailleurs jamais aussi bien porté son nom. Elle débute en 1700 et offre quatre situations différentes selon que l'on souhaite une partie « courte », longue, avec une victoire au prestige ou « domination ». Entre ces modes, c'est surtout l'objectif final qui change et le plus important reste le choix de la nation et du niveau de difficulté. Les habitués regretteront d'être limités aux principales nations et que le Portugal ne soit par exemple pas sélectionnable, mais les onze disponibles offrent déjà pas mal de variété alors que leur situation de départ est bien sûr sensiblement différente.

00F0000001955662-photo-empire-total-war.jpg
Fondation de Bordeaux !
Alors que la France peut compter sur la richesse de son territoire national et sur une population aussi abondante que dynamique des nations comme l'Angleterre ou les Provinces-Unies (Pays-Bas) se doivent de penser « monde ». Empire : Total War est le premier de la série a véritablement offrir cette possibilité au travers des trois théâtres d'opérations et à côté de son développement en Europe, le joueur peut s'installer en Amérique bien sûr, mais aussi en Inde. Ces zones fonctionnent sur le même modèle et en parallèle les unes des autres ce qui donne beaucoup plus de travail au joueur qui souhaite que « sur son empire, le soleil ne se couche jamais ».

En elle-même la gestion du pays ne change pas fondamentalement de ce que proposait Medieval II, le studio ayant surtout eu dans l'idée de revoir sa copie pour rendre l'expérience plus complète. Il s'agit donc de prendre le contrôle d'une nation et de décider des orientations scientifiques, économiques, sociales, militaires et diplomatiques. Cependant, les options sont à la fois plus nombreuses et plus riches que ce que proposait Medieval II. C'est notamment le cas de l'aspect diplomatique des choses qui profite maintenant d'améliorations que les développeurs ont notamment puisé dans Europa Universalis.

00F0000001955664-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955666-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955668-photo-empire-total-war.jpg

Les informations diplomatiques / économiques sont aussi nombreuses qu'intéressantes

À tout moment, il est maintenant possible de voir l'attitude des nations les unes envers les autres et d'élaborer des plans en fonction des inimitiés de chacun. Les options diplomatiques sont également plus nombreuses, mais on regrette que l'intelligence artificielle (IA) ne soit pas plus intéressante : il est agréable de pouvoir proposer des accords commerciaux ainsi que des échanges technologiques, mais l'IA ne formule pas de contre-proposition et les négociations tournent vite court. L'aspect scientifique des choses profite évidemment de l'accélération des découvertes à cette époque et l'arbre des technologies est dès lors nettement plus touffu.

« Ceux qui sont prêts à sacrifier une liberté essentielle pour une sécurité temporaire, ne méritent ni l'une ni l'autre »

00F0000001955670-photo-empire-total-war.jpg
Un aperçu des recherches disponibles
Ce que nous appelons « sciences » regroupe en fait tous les progrès qu'ils soient militaires, agricoles, industriels ou sociaux. La recherche se fait via les écoles et universités du pays que l'on peut voir sur la carte de campagne, Creative Assembly ayant décidé de rendre celle-ci beaucoup « parlante ». Alors que le découpage provincial est toujours aussi « spécial » (une seule province pour toute la France par exemple), chaque région dispose d'une capitale (dont le contrôle détermine le contrôle de la province) et de divers emplacements secondaires. Ce sont eux qui démultiplient les possibilités de la campagne.

Ces emplacements peuvent accueillir une école, un chantier naval militaire, une ferme, une mine, un port de commerce... Une fois construits, ces bâtiments augmentent le potentiel de la région et donnent droits à différents bonus. Il faut en revanche les protéger, car, pour prendre l'exemple de la France, un ennemi peut très bien occuper le port de Marseille sans pour autant avoir besoin de contrôler Paris ! Du coup, la défense nationale est beaucoup plus importante que dans les épisodes précédents et les possibilités de campagne sont plus nombreuses : il devient ainsi possible de faire plier un ennemi en ruinant ses infrastructures et en évitant les grandes batailles.

00F0000001955672-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955674-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955676-photo-empire-total-war.jpg

Il est nécessaire de toujours bien jauger son ennemi sous peine de se retrouver le bec... dans l'eau !

Puisque nous en sommes à parler des batailles, passons maintenant à la seconde grande composante des Total War : la bataille. Avant toute chose, il est important de préciser que la résolution automatique des combats est toujours disponible afin de se délester des petites escarmouches sans intérêt, mais dès lors que la bataille est décisive, il vaut mieux s'en occuper soi-même afin de profiter des nouveautés imaginées par Creative Assembly... à commencer par les affrontements en mer. Très impressionnants visuellement, ces derniers semblent hélas moins intéressants à pratiquer que leurs homologues terrestres.

00F0000001955678-photo-empire-total-war.jpg
Les batailles navales sont impressionnantes
Après seulement une douzaine de batailles, la lassitude pointait déjà du fait de stratégies qui ne se renouvelaient pas assez. Les combats en mer nous ont semblé un peu répétitifs, même si du côté de Creative Assembly le travail est fait, et bien fait. La modélisation des navires, à partir de plans fournis par le National Maritime Museum de Londres, est splendide de même que le travail réalisé sur le rendu de l'eau. Les navires répondent bien aux sollicitations du joueur et la prise en compte du vent est impeccable. On regrettera en revanche quelques loupés dans la gestion des formations ou des déplacements de groupes, défaut qui se retrouve d'ailleurs sur terre.

En effet, il n'est pas toujours simple de maintenir correctement une formation de plusieurs unités au cours d'un déplacement groupé et les unités rapides (cavalerie ou aviso) se retrouvent parfois en première ligne. Les formations sont également bien malmenées dès lors que les déplacements sont à effectuer sur des terrains « complexes » (villes, forêts), ce qui n'est pas forcément illogique et même si les meilleurs d'entre nous auront tôt fait de trouver ses failles, l'IA gère plutôt intelligemment ses lignes : elle n'hésite par exemple pas à reculer lorsque le danger est trop présent et parvient même à placer quelques charges plutôt efficaces.

00F0000001955680-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955682-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955684-photo-empire-total-war.jpg

Charges et abordages ont leur rôle à jouer, mais restent au second plan

À ce sujet, si les charges peuvent encore faire très mal, il est important de bien préciser que, XVIIIe siècle oblige, le combat au corps à corps est de moins en moins à la mode à mesure que la campagne avance. Les grenades, l'infanterie et plus encore, les canons deviennent les maîtres du champ de bataille : c'est d'ailleurs durant les sièges que l'on se rend compte de l'intérêt de ces pièces qui peuvent complètement désorienter des troupes adverses en seulement quelques coups bien placés. Précisons toutefois qu'une troupe démoralisée ne quitte pas définitivement le combat et qu'après un petit temps de repos, elle peut se relancer à l'assaut.

00F0000001955688-photo-empire-total-war.jpg
Des échanges diplomatiques délicats
Il faut alors faire attention à ne pas être pris à revers par des troupes « oubliées » et ainsi perdre l'ensemble de sa précieuse artillerie, comme l'a fait avec brio votre humble serviteur ! Le combat au corps à corps ne doit donc pas être complètement écarté et, selon le terrain, il sera possible de réaliser quelques belles embuscades ou trouver refuge dans un bâtiment afin de surgir au moment le plus approprié. Malgré de nombreuses heures de jeu et des essais dans tous les sens, nous n'avons sans doute qu'effleuré les possibilités d'Empire : Total War en matière de combats terrestres alors que pour le combat maritime nous sommes plus circonspects.

Chaque nouvelle bataille terrestre est l'occasion d'essayer de nouvelles choses alors que les affrontements maritimes paraissent moins clairs. Du coup, on ne voit pas toujours bien les erreurs commises et les opportunités manquées. Gageons que lors de combats contre d'autres humaines, les choses seront de suite beaucoup plus claires. Question multi, il est à noter que la principale innovation n'a pas encore pu être testée : Creative Assembly a promis de rendre la campagne solo très vite jouable en 1 vs. 1, mais il faudra encore patienter un peu et se contenter pour le moment de scénario de bataille permettant un maximum de huit joueurs.


Ce dernier point est l'occasion d'un nouveau regret puisqu'en réalité, il n'existe pour le moment qu'une seule carte permettant de jouer en 4 vs. 4 sur un total 27 cartes disponibles. Puisque nous en sommes à mentionner les derniers regrets, parlons rapidement du manque d'intérêt des théâtres dits « commerciaux ». Au nombre de quatre, ils viennent en complément des théâtres d'opérations et permettent de lancer ses flottes de commerce sur le Brésil, le Golfe de Guinée ou le Mozambique ou l'Indonésie. Si leur intérêt financier est évident, ils n'apportent pas rien au gameplay du jeu en dehors de nombreux assauts navals que l'on résout de manière automatique.

00F0000001955692-photo-empire-total-war.jpg
Glasgow sur la côte ouest ? Pour l'équilibre
Un défaut de ce genre ne risque cependant pas de perturber le plaisir des joueurs tant la Grande Campagne est un monument. Elle demande un certain investissement, mais le joueur est largement récompensé : la durée de vie est impossible à évaluer alors que les parties se renouvellent sans cesse. En fait, nous ne voyons qu'un seul obstacle pour les amateurs : les exigences matérielles. Si le niveau de détail des unités, la modélisation des navires ou la carte de campagne sont tout simplement magnifique, cela se paye et il faut compter avec un bon processeur double-coeur (2 GHz minimum), 2 Go voire 3 Go de mémoire vive et une carte de type GeForce 9800GTX ou supérieur pour en profiter pleinement.

Conclusion

Si l'attente (deux ans) a été longue, on peut dire que Creative Assembly ne rate absolument pas son rendez-vous avec les fans de la série. Le studio anglais nous propose une petite merveille à consommer sans aucune modération. Bien sûr, la perfection n'est pas de ce monde et il faut faire avec quelques défauts. Nous aurions par exemple souhaité que les batailles navales soient un peu moins répétitives ou que l'intelligence artificielle ne nous tombe pas dessus dès lors que l'on se développe un petit peu. De la même manière, nous aurions aimé ne pas rencontrer le moindre retour au bureau de Windows et que les exigences matérielles ne soient pas aussi élevées... Mais il est des signes qui ne trompent pas. Quand un jeu est capable de nous tenir éveillés des heures durant. Quand le tragique aboutissement d'une bataille nous accompagne jusque dans nos rêves et que le sempiternel refrain « encore un dernier tour » nous hante... c'est que nous tenons là un titre majeur.

Empire : Total War

8

Les plus

  • Une Grande Campagne exceptionnelle
  • Gestion profonde sans être lourde
  • Durée de vie en solo phénoménale
  • Batailles terrestres passionnantes

Les moins

  • Peu de carte multi (4 vs. 4 surtout)
  • Batailles navales un peu ennuyeuses
  • Quelques soucis de finition

0

Réalisation8

Prise en main8

Durée de vie solo9

Durée de vie multi8


Empire : Total War nécessite l'utilisation de Steam pour procéder à l'activation du jeu et participer aux différents modes multijoueur. La prise de copies d'écran et vidéos a été perturbée par quelques problèmes techniques.

Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
00073195-photo-gif-petite-fl-che-orange.jpg
Comparer les prix d'Empire : Total War

00F0000001955748-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955736-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955756-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955760-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955768-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955770-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955784-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955804-photo-empire-total-war.jpg
00F0000001955808-photo-empire-total-war.jpg

Nerces

Spécialiste Hardware et Gaming

Spécialiste Hardware et Gaming

Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les év...

Lire d'autres articles

Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

Lire d'autres articles
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ? Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
google-news

A découvrir en vidéo

Rejoignez la communauté Clubic S'inscrire

Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.

S'inscrire

Commentaires

Haut de page

Sur le même sujet