RIM : nouvel acteur fort du marché de la téléphonie mobile ?

19 juin 2008 à 15h37
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Jim Balsillie et Mike Lazaridis, les deux fondateurs de « Research In Motion » qui doit son succès à la gamme de téléphones mobiles et services Blackberry, peuvent être fiers de la forte croissance de leur société ces dernières années. D'une petite structure fondée à Waterloo (Ontario) au Canada en 1984, RIM compte aujourd'hui 8400 employés et un chiffre d'affaire en 2007 supérieur à 6 milliards de dollars américains. C'est dire si d'une société qui a commencé à travailler avec RAM Mobile Date et Ericsson pour concevoir un réseau d'email sans fil et de pager, il s'en est passé du temps jusqu'à la commercialisation des derniers smartphones Blackberry de la marque.

Les origines du Blackberry
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Premier Pager de RIM
C'est en 1997 que RIM a commercialisé son premier produit sous la marque Blackberry. Il s'agissait alors d'un simple pager à clavier qui permettait d'envoyer et de recevoir des messages texte. Il aura fallu attendre cinq ans de plus pour que le premier téléphone mobile Blackberry soit mis sur le marché. Commercialisé en 2002, il permettait alors de bénéficier du Push Mail et d'un navigateur web intégré bien que son système d'exploitation, développé en interne, soit toujours quelque peu fermé.

Mais RIM, en choisissant de développer son propre système d'exploitation, Blackberry OS, n'a pas oublié d'adopter une certaine position d'ouverture vis à vis de ses concurrents directs en offrant une suite « Blackberry Connect » pour utiliser son service de Push Mail sur des smartphones Palm OS, Symbian ou Windows Mobile. Aujourd'hui, cette situation semble être légèrement différente, surtout depuis l'arrivée de l'iPhone sur le marché de l'entreprise, le canadien ne souhaitant plus développer cette suite logicielle pour de nouveaux acteurs.

Détail intéressant, c'est la société américaine Lexicon Branding qui a trouvé le nom « Blackberry » (« blackberry » signifiant mûre en Anglais) utilisé encore aujourd'hui sur les derniers terminaux de RIM. Spécialisée dans la création de marques, Lexicon a entre autres travaillé avec Intel sur le choix du nom de ses processeurs ou avec Apple avec sa gamme de Powerbook. Lexicon pensait alors que les boutons utilisés sur les terminaux mobiles de RIM étaient comme les minuscules graines d'une fraise. Et comme le terme « strawberry » (fraise) a été rejeté par des linguistes de Lexicon, le trouvant trop peu dynamique, c'est vers le terme « blackberry » que la société s'est tournée avec la bénédiction de RIM.

RIM, première marque à demander un partage des revenus avec les opérateurs mobiles
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Aujourd'hui encore, il n'est possible d'acquérir un smartphone Blackberry qu'avec un abonnement associé. Que vous soyez un grand compte ou un simple particulier amateur de solutions mobiles, le parcours client pour s'offrir un smartphone de RIM impose un passage par la case « opérateur mobile ». 350 opérateurs mobiles répartis en Amérique du Nord, en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie-Pacifique proposent déjà des smartphones Blackberry et donc des serveurs de messageries RIM associés.

Car pour concurrencer les solutions de Microsoft avec sa messagerie Exchange, RIM a développé deux solutions propres : BES - Blackberry Enterprise Server - pour les grands comptes et importantes structures et BIS - Blackberry Internet Server - pour de plus petites structures ou des opérateurs mobiles. L'objectif ? S'assurer du bon fonctionnement du service de Push Mail, de la configuration du terminal à l'échange des données sécurisées. Là où il est toujours difficile de bénéficier d'une offre Exchange hébergée et « tout en un » chez un opérateur mobile en France, Blackberry a négocié l'utilisation de sa technologie proposée aujourd'hui à un tarif de moins de 10 euros par mois en plus du service voix.

C'est ce qui a permis à RIM de recruter pas moins de 14 millions de clients dans le monde. Et le rythme de recrutement de nouveaux clients s'accélère. Si il fallu cinq ans pour atteindre le premier million d'abonnés, c'est désormais sur un rythme d'un million de nouveaux clients par trimestre que RIM progresse. Et l'ouverture de la société au grand public avec des smartphones multimédia accélère encre cette tendance. Ce sont par exemple 2,18 millions de nouveaux utilisateurs qui ont été référencés au dernier trimestre fiscal 2008, la moitié venant du grand public.

La relation entretenue avec les opérateurs mobiles est donc primordiale pour le développement des activités de RIM. D'autant plus que la marque a été la première à demander - et à obtenir - un partage des revenus avec les opérateurs, les motivant à mettre en avant les solutions Blackberry. Apple n'était donc pas le premier à imposer son « iPhone » chez les opérateurs et à réclamer un partage des revenus générés par ses clients. Mais l'avantage de RIM dans ce domaine était de fournir à la fois des solutions matérielles et logicielles pour exploiter ses services Blackberry. Ce qui a il est vrai fait beaucoup moins de bruit dans l'univers des télécoms.

RIM se hisse à la seconde place mondiale du marché des smartphones
Selon le dernier rapport de l'institut Gartner prenant en compte les parts de marché des principaux constructeurs mondiaux de smartphones au premier trimestre 2008, RIM a créé la surprise en se hissant à la seconde place du classement.

En effet, avec 32,2 millions d'unités écoulées pendant cette période, représentant 11% du marché global des mobiles, le secteur des smartphones continue de croitre à une allure très rapide. Selon Gartner, il a connu en effet 29% de croissance les trois premiers mois de l'année. Nokia reste le leader incontesté du domaine avec 45% de parts de marché, et des ventes en hausse de 25% par rapport à l'année dernière, suivi par le canadien Research In Motion (RIM), l'inventeur des Blackberry, avec 13,4% de parts de marché.

Après avoir cédé de nombreuses parts de marché à Apple en fin d'année dernière, la situation s'est inversée, les ventes d'iPhone ayant été ces derniers temps fortement ralenties. Reste à savoir si la sortie à la mi juillet de l'iPhone 3G permettra à Apple de prendre de nouveau des parts de marché à RIM dans le secteur des smartphones ou si le canadien réussira avec son Blackberry Bold à converser, voire à augmenter, les siennes.

Les nouvelles craintes de RIM
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La forte croissance de RIM ne fera pas oublier que la société est soumise depuis quelque temps à de nombreux problèmes juridiques, techniques et commerciaux. Des soucis - aujourd'hui réglés - de brevets liés à l'utilisation de technologies de Push Mail à des contraintes législatives dans les pays où les Blackberry sont commercialisés, RIM a de plus en plus de mal à imposer sa stratégie.

A commencer par un couac en France en 2007 quand les haut-fonctionnaires refusaient d'utiliser des smartphones Blackberry en suspectant les services secrets américains d'écoute possible de leurs messages électroniques envoyés et reçus. RIM s'était alors empressé de préciser que les messages sont chiffrés via une clé AES 256 bits et de ce fait pratiquement impossibles à pirater. Ce sont ensuite différents problèmes de « blackout » qui ont été notés, rendant pendant quelques heures l'utilisation d'un mobile Blackberry impossible. Signalons tout de même que ce problème ne touchait que la partie Push Mail des smartphones et uniquement pour les mobinautes américains. Néanmoins, RIM devra mieux dimensionner ses réseaux pour faire face au nombre important de nouveaux clients.

Plus récemment, c'est un problème posé par le gouvernement Indien qui pourrait inquiéter RIM. Les autorités indiennes souhaitaient que RIM l'aide à décrypter des emails potentiellement suspects. L'Inde craignait alors que les BlackBerry ne soient utilisés par des terroristes pour communiquer entre eux. Mais alors que RIM a indiqué qu'il n'était pas techniquement possible d'effectuer une telle action, l'Inde continue de demander d'avoir un droit de regard sur les messages envoyés par les utilisateurs de Blackberry dans ce pays. Le gouvernement menace même de faire pression pour tenter par ses propres moyens de les intercepter en cassant les clés 256 bits utilisées par les serveurs de RIM si le canadien n'arrivait pas à proposer lui-même une solution. RIM se laisse jusqu'à la fin du mois pour en proposer une.

Dernier élément en date, le canada qui s'intéresse de près à une technologie employée par RIM qui permet à ses utilisateurs de Blackberry d'envoyer des messages sans passer par Internet. En effet, une fonction d'envoi de message epxloitant un numéro d'identification personnel (NIP) permet de communiquer sans passer par le réseau Internet et donc potentiellement sans laisser de trace. Par conséquent, et contrairement aux emails qui, même effacés, sont encore récupérables dans un serveur, des communications gouvernementales pourraient ne plus être disponibles. Et cela est contraire à la Loi sur l'accès à l'information du Canada. « Il peut y avoir de la documentation fondamentale à la compréhension du dossier qui devient très éphémère si les gens ne sont pas bien avertis qu'une fois effacé, c'est disparu à tout jamais », expliquait alors le commissaire Robert Marleau.

RIM accélère son rythme de sortie de nouveaux mobiles et services Blackberry
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Malgré la sortie de l'iPhone d'Apple et l'annonce d'un iPhone ouvert aux applications de Push Mail via un serveur Microsoft Exchange, RIM reste confiant. D'abord avec la sortie d'une nouvelle version de ses serveurs de messagerie électronique, autorisant enfin l'exploitation de mails en HTML et l'utilisation de plus nombreux paramètres de sécurité. Ensuite par la sortie prochaine d'une nouvelle gamme de smartphones, dont le prochain Bold cumulant 3G, écran haute résolution et GPS.

Pour concurrencer plus directement Apple dans ce domaine, RIM compte également lancer un premier smartphone à écran tactile utilisable au doigt, complété par un premier smartphone à clapet. Pour encourager les développeurs à produire de plus nombreux logiciels, RIM a également ouvert un fonds de 150 millions de dollars et dispose déjà de 800 partenaires consacrés au développement d'applications Blackberry.

La marque canadienne ayant le plus de valeur économique (5,6 milliards de dollars) selon Interbrand commence à peine à être connue du grand public et c'est ici que RIM devra travailler le plus dans ces prochains mois. Si de nombreux cadres utilisent régulièrement des terminaux Blackberry pour le travail pour un usage personnel, la marque RIM n'est en effet pas encore très connue du grand public. Mais avec la sortie du premier smartphone à écran tactile de la marque, la situation pourrait changer. De quoi satisfaire les actionnaires de la société, la valeur de l'action de RIM étant passée de 56$ à près de 145$ en un an, et ses patrons, aujourd'hui milliardaires. Ce qui a permis entre autres à Michael Lazaridis de faire des dons d'un montant total de 150 millions de dollars à l'Université Waterloo, en Ontario, pour y encourager la recherche scientifique.
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