Avec son esthétique, ses finitions et fonctionnalités, il apparaît comme une solution idéale pour transformer le Pi en un véritable mini PC.
Raspberry Pi 4 : quel boîtier choisir ?
À l'issue d'un test où nous l'avions jugé « plus puissant, plus ouvert et plus polyvalent que jamais », le Pi 4 se positionne logiquement comme alternative à des systèmes x86 d'entrée de gamme. Alors que la fondation Raspberry Pi vient de lancer une nouvelle itération dotée de 8 GB de RAM, le nano-ordinateur étend son champ des possibles aux usages plus gourmands en ressources.Selon vos projets, il est toutefois nécessaire de disposer d'un boîtier pour protéger le Raspi des courts-circuits et la poussière, en améliorer l'ergonomie, pouvoir le transporter facilement, mais aussi éventuellement éviter le throttling en agissant comme un dissipateur thermique ou en intégrant un refroidissement actif. Hélas, tous les boîtiers ne se valent pas et, bien que pratique et peu onéreux, le boîtier officiel de la fondation n'est pas exempt de lacunes.
Plusieurs modèles réunissent cependant des critères qui les placent au-dessus du lot, on pense notamment au tout récent PI02 de SilverStone, à l'Argon NEO qui laisse la possibilité de monter des HAT, au boîtier FLIRC qui s'oriente davantage sur un usage en tant que mediacenter, et bien sûr à l'Argon 1.
Nous avons justement mis la main sur ce dernier pour voir si ce boîtier est aussi séduisant qu'il en a l'air ! Avant de passer au test à proprement parler, regardons de plus près ce que nous propose Argon 40 avec ce produit.
Au cas où un doute subsiste : le Pi 4 n'est pas livré avec le boîtier ! © Matthieu Legouge pour Clubic
Argon One : sa fiche technique
L'Argon One arrive avec deux tampons thermiques en silicone, quatre patins antidérapants et une carte fille qui permet de déporter les ports audio et vidéo à l'arrière du boîtier. Sur la partie supérieure est fixé le ventilateur, ainsi que le circuit imprimé qui vient déporter les ports GPIO tout en gérant l'alimentation et la ventilation.Cette conception est l'un des arguments phares de ce boîtier : outre le fait de laisser l'accès libre aux broches GPIO, l'Argon One dégage la vue puisque la totalité des câbles vient se loger à l'arrière du boîtier.
L'Argon One, c'est :
- Compatibilité : Raspberry Pi 4 uniquement
- Matériaux : aluminium poli / plastique pour la base
- Refroidissement : passif / actif via un ventilateur réglable
- Couvercle magnétique laissant accès aux broches GPIO
- Bouton d'alimentation pour une extinction propre
- Dimensions: 10,6 x 9,5 x 3,4 cm
- Poids: 180 g (boîtier seul)
- Prix et disponibilité : disponible aux alentours de 25 €
Un design élégant et bien pensé
Au premier regard, on comprend que ce boîtier se destine principalement à des usages sédentaires, de bureau et de salon. Réalisé en aluminium poli pour sa partie supérieure, l'Argon One arbore une jolie couleur « gris sidéral » qui rappelle les produits de la marque à la pomme. Le design est agréable à l'œil et permet justement de ne pas s'encombrer en redirigeant nos connectiques uniquement sur la partie arrière du boîtier, là où se trouve également le bouton d'alimentation.
Le plastique de la partie inférieure « déborde » légèrement au niveau du coin où se trouve le port Ethernet © Matthieu Legouge pour Clubic
Sur le dessus, deux grilles d'aération permettent d'évacuer le flux d'air chaud. La zone découpée n'est autre qu'un couvercle magnétique qui vient cacher et protéger les broches GPIO. L'aimantation est relativement puissante, si bien que le couvercle ne se désolidarise pas facilement du boîtier.
Le header GPIO du boîtier dispose d'un code couleur qui se révèle très pratique pour repérer facilement pins d'alimentation et autres. Pour rendre les choses encore plus simples, l'intitulé des broches est inscrit sous chacune d'entre elles.
Le montage : un jeu d'enfant
La pièce principale est équipée d'un circuit imprimé, déjà fixé au boîtier. Il embarque le connecteur GPIO, qui rend l'intégralité des broches accessible sous le couvercle magnétique, permet d'alimenter le Pi 4 (via GPIO donc), d'en gérer l'extinction et de contrôler la vitesse du ventilateur.
Les deux protubérances métalliques servent à faire contact sur la mémoire et le processeur du Raspberry Pi afin de dissiper la chaleur. Deux pads thermiques sont fournis.
La carte fille permet quant à elle de déporter la sortie A/V et les ports HDMI. Elle vient se ficher sur le Pi 4, attention à ne pas trop forcer.
Les connectiques déportées sont bien alignées aux ports USB et Ethernet du Pi. Il ne nous manque plus que le connecteur USB-C qui viendra s'ajouter une fois le boîtier monté.
Une fois les pads thermiques posés et la carte fille solidaire du Pi, il suffit de venir placer l'ensemble devant le connecteur GPIO de l'Argon One et de l'insérer précautionneusement. Ne reste plus qu'à placer les quatre vis afin de fixer le tout au boîtier.
Le support en plastique est lui aussi percé pour laisser passer le flux d'air. Ici, nous avions déjà collé les pieds antidérapants.
Le boîtier vient se fixer à son support avec quatre vis plus longues. Hélas, l'une de nos vis a été livrée avec la tête éclatée et est donc inutilisable. L'ensemble tient cependant très bien, même avec trois vis.
Comme nous pouvons le voir sur les premières photos de ce test, les finitions de ce boîtier sont excellentes et contrairement à d'autres utilisateurs, nous n'avons pas eu à déplorer de problème d'ajustement au niveau des ports USB et autres. Seul point de détail : la base en plastique dépasse très légèrement du boîtier au niveau du coin où est situé le connecteur RJ45, 2 petits millimètres peut-être.
On ne le voit pas sur nos photos, mais l'emplacement pour la carte microSD est très facilement accessible à l'avant du boîtier. L'insertion et le retrait de la carte ne posent aucun problème, ce qui est loin d'être toujours le cas comme nous avions pu le remarquer avec le Nuxii XG + ou le Nespi Case +.
Installation du software
Au démarrage du Pi, on remarque d'abord l'initialisation bruyante du ventilateur, espérons qu'il en sera autrement à l'usage. Argon 40 fournit toutefois un script simple qui permet de configurer la vitesse de la ventilation selon la température du CPU et également de faire fonctionner le bouton d'alimentation avec plusieurs fonctions selon la durée de la pression (shutdown, reboot, forced shutdown, etc.). Tout est expliqué en détail dans le manuel d'utilisation.Pour installer ce script, rien de plus simple. Il suffit d'être connecté à Internet, puis d'ouvrir le terminal dans Raspbian (maintenant dénommé Raspberry Pi OS), d'entrer la commande suivante et de redémarrer votre Pi 4.
- curl https://download.argon40.com/argon1.sh | bash
Notons toutefois que cette procédure d'installation fonctionne sous Raspberry Pi OS et peut ne pas être fonctionnelle avec d'autres systèmes d'exploitation.
Pour configurer le ventilateur, il faut entrer la commande suivante : argonone-config
Par défaut, la ventilation tourne à 10 % pour une température de plus de 55 °C, 55 % pour 60 °C et 100% au-delà de 65 °C. Redémarrez le Pi si vous y apportez des modifications, afin qu'elles soient prises en compte.
Pour désinstaller le script, entrez simplement : argonone-uninstall
Performances et refroidissement : nos mesures
L'Argon One a beau profiter d'un design et de fonctionnalités intéressantes, il reste toutefois à savoir comment il se comporte pour refroidir notre Raspberry Pi. À pleine charge, le Pi 4 a en effet tendance à monter un peu trop haut en température, ce qui occasionne inévitablement du throttling et une réduction de la fréquence processeur lorsque les 80 °C sont atteints. Si les dernières mises à jour du firmware ont permis d'améliorer légèrement la chauffe et la consommation électrique du Pi 4, un refroidissement passif ou actif reste largement conseillé. Ça tombe bien puisque l'Argon One propose les deux.Pour apporter un peu de relief à nos mesures, nous lui avons fait subir plusieurs stresstest d'une durée de 20 minutes à l'aide de l'outil stress-ng à la puce Broadcom BCM2711 et ses quatre cœurs, avec et sans l'Argon One. Nous avons ainsi relevé les températures au repos, à pleine charge avec la ventilation paramétrée par défaut et avec un overclocking à 1 750 MHz en conservant les mêmes paramètres de charge et de ventilation. Durant nos tests, la température ambiante était comprise entre 23 et 25 °C.
Relevés de température avec l'Argon One
L'Argon One remplit parfaitement son rôle de radiateur, si bien qu'à pleine charge le ventilateur ne s'est mis en route que quelques minutes avant la fin de notre stresstest, après avoir dépassé les 55 °C. Les températures sont forcément un peu plus élevées à pleine charge et overclocké, avec un pic à 58 °C atteint après 10 minutes. Même en ne fonctionnant qu'à 10 % de sa vitesse maximale, le ventilateur est efficace puisqu'il nous a permis de réguler la température aux alentours de 55 °C pour les 10 dernières minutes du test.L'efficacité est donc au rendez-vous, qu'il s'agisse du refroidissement passif ou actif. Il y a cependant deux points à considérer, à commencer par le bruit du ventilateur qui, même à 10 %, siffle désagréablement dans notre bureau.
Le second point concerne la consommation électrique du boîtier. Nous avons en effet tenté un overclocking un peu plus musclé, à 2 147, puis à 2 000 MHz, sans succès. Cet échec est certainement à mettre sur le compte du surplus de consommation électrique de l'Argon One, entraînant une sous-tension d'alimentation et empêchant ainsi un overclocking à 2 GHz. Pour pallier ce problème, Argon 40 propose toutefois une alimentation qui délivre une tension un peu plus élevée (5,25 V, 3,5 A, 18 W) que l'alimentation officielle du Pi 4 (5,1 V, 3 A, 15,3 W). Cela demande tout de même d'ajouter 10 € à la facture pour ce bloc d'alimentation.
Relevés de température du Pi 4 sans boîtier
Nous avons voulu obtenir un relevé de température sans boîtier avec le Pi 4, afin d'avoir un point de comparaison pour l'Argon One. Au repos, la température est en moyenne plus élevée de 15 °C par rapport à l'Argon One. À pleine charge comme avec un léger overclocking, le Pi 4 réduit sa fréquence très rapidement afin de réguler la chaleur produite. La différence est flagrante avec un pic à 83 °C sans boîtier, lorsqu'il plafonne à 58 °C avec l'Argon One. Le throttling permet cependant de ne pas griller la SBC.Argon One Pi 4 : l'avis de Clubic
Mis à part quelques ajustements et finitions imprécises (qui semblent varier selon l'exemplaire), l'Argon One est un boîtier de qualité qui saura trouver sa place dans nos salons et bureaux grâce à son design réussi. Le fait d'avoir toutes les connectiques à l'arrière du boîtier, un couvercle magnétique qui laisse accès au GPIO et un bouton d'alimentation qui permet d'éteindre correctement notre mini-machine est un réel atout.Mais sa principale qualité est finalement celle de réguler avec efficacité la température du Pi 4 afin d'éviter tout phénomène de throttling. La partie supérieure en aluminium joue parfaitement son rôle de radiateur en dissipant la chaleur générée par le processeur et le module de mémoire. Le ventilateur apporte une assurance supplémentaire, notamment en cas d'overclocking, mais le bruit qu'il génère a tendance à être franchement gênant. Notons enfin qu'en cas d'overclocking au-delà de 1,75 GHz, le bloc d'alimentation officiel ne suffira pas pour alimenter le Pi 4 et le boîtier.