Le burn-in des dalles OLED n’est plus un sujet tabou, ni une simple rumeur de forum. Ces dernières années, il s’est imposé comme une question légitime, notamment avec la montée en puissance des moniteurs OLED sur les bureaux, bien au-delà du seul cadre du jeu vidéo ou du home cinéma. Une problématique que nous avions déjà explorée à travers une enquête dédiée, nourrie de nombreux témoignages d’utilisateurs.

Un test récemment mené par la chaîne Monitors Unboxed vient aujourd’hui apporter une nouvelle pièce au dossier : près de 5 000 heures d’utilisation continue sur un moniteur QD-OLED, dans des conditions volontairement répétitives. L’occasion de confronter retours terrain et observation longue durée.
Offre partenaire
En partenariat avec Avast, la rédaction de Clubic a sélectionné les appareils qui combinent innovation, performance et fiabilité. Voici les grands gagnants qui ont marqué l'année 2025 et méritent ce Clubic Awards !
Offre partenaire
Un protocole sévère, mais pas caricatural
Sur le papier, le test impressionne : 21 mois d’utilisation quotidienne, entre huit et dix heures par jour, avec un affichage presque exclusivement statique. Le moniteur utilisé, un MSI MPG 321URX QD-OLED de 32 pouces, a servi à afficher des documents, des fenêtres de travail fixes et une interface Windows inchangée, jour après jour. Les protections automatiques ont été largement désactivées, afin de laisser apparaître les effets du temps. Pour ce test, on apprend que seuls les cycles de compensation ont été laissés à un rythme jugé acceptable pour le travail quotidien, mais inférieur aux recommandations idéales.

Pour autant, qualifier ce test de « torture absolue » serait réducteur. La luminosité a été plafonnée à 200 nits, un niveau parfaitement courant en bureautique, et très éloigné des capacités maximales de ce type de dalle, capable de dépasser les 1 000 nits en pic HDR. On est donc loin d’un scénario où l’OLED serait poussé en permanence dans ses derniers retranchements lumineux.
Autre point important : les contenus affichés, bien que statiques, ne sont pas particulièrement agressifs en termes de luminance. Pas de HUD HDR ultra lumineux, pas de logos éclatants, pas de bandeaux fortement contrastés. Le stress ici ne vient pas de l’intensité, mais de la répétition. Le protocole n’est pas violent, il est monotone. Et c’est précisément ce qu’il cherche à mettre en évidence : le vieillissement différentiel d’un panneau OLED soumis aux mêmes sollicitations, toujours aux mêmes endroits.
Après 5 000 heures, que montre réellement l’écran ?
Le verdict est sans surprise… mais pas catastrophique non plus. Oui, du burn-in est visible. Mais il est localisé, progressif, et surtout discret dans la majorité des usages. Les marques les plus perceptibles apparaissent au centre de l’écran, là où deux fenêtres étaient systématiquement affichées côte à côte. Une ombre persistante est également visible à l’emplacement de la barre des tâches Windows, sans que les icônes elles-mêmes ne soient clairement "imprimées".
Autre observation intéressante : la partie droite de l’écran est plus marquée que la gauche. Une conséquence directe de l’usage, les applications étant le plus souvent ancrées à droite, avec des zones plus lumineuses affichées plus longtemps. Là encore, rien d’anormal : l’OLED vieillit là où on le sollicite le plus.
Dans des conditions normales de visionnage (jeux vidéo, films, séries) ces marquages restent pratiquement invisibles. Ils apparaissent surtout sur des fonds gris ou uniformes, ou lors de travaux graphiques sur des aplats sombres. Un constat qui rejoint très largement les retours recueillis lors de notre précédente enquête qui visait les téléviseurs : le burn-in existe, mais il diffère beaucoup suivant l'usage, et sans doute aussi suivant la génération de dalles OLED dont on parle.
Sous-pixels et vieillissement : un phénomène connu
Le test permet aussi d’observer un comportement déjà bien documenté sur les dalles OLED, et en particulier les QD-OLED : le vieillissement inégal des sous-pixels. Sans surprise, le vert est celui qui s’est le plus dégradé, suivi du bleu, tandis que le rouge résiste mieux dans le temps. Un phénomène structurel, lié à la nature même des matériaux organiques utilisés.
Même constat côté colorimétrie : le point blanc, initialement calibré autour de 6 500 K, a légèrement dérivé après un an d’usage, avant de se stabiliser. Quant à la luminosité maximale, la baisse mesurée sur près de deux ans reste marginale, de l’ordre de quelques pourcents. Là encore, rien d’alarmant, mais une confirmation que l’OLED, comme d'autres types de dalles, bouge dans le temps.
Ce que ce test ne dit pas (et c’est essentiel)
Aussi instructif soit-il, ce test ne couvre pas tous les scénarios possibles. Il n’évalue pas l’impact d’un usage HDR intensif avec éléments fixes très lumineux, ni celui de jeux affichant en permanence des HUD contrastés et des scènes à forte luminance. De la même manière, il ne reflète pas un usage mixte, alternant travail, vidéo et jeu, avec protections actives et cycles de compensation respectés.
Autrement dit, il montre ce qui se passe quand on utilise un OLED à l’inverse de sa philosophie initiale : peu de variation, peu de mouvement, et des zones fixes affichées des milliers d’heures durant. Une situation qui existe bel et bien, notamment dans certains contextes professionnels, mais qui ne résume pas l’ensemble des usages.
Faut-il s’inquiéter pour nos moniteurs OLED ?
La réponse reste la même qu’à l’issue de notre enquête : tout dépend de l’usage.
Pour le jeu vidéo, les films, les séries ou un usage multimédia varié, le risque de burn-in reste faible, même sur plusieurs années. Dans un usage mixte, combinant travail et divertissement, l’usure existe, mais elle progresse lentement et reste difficilement perceptible dans la plupart des cas.
En revanche, pour un usage bureautique intensif, huit heures par jour avec des interfaces figées, le phénomène finit par apparaître. Pas brutalement, pas de manière spectaculaire, mais suffisamment pour être visible dans certaines conditions au bout de deux à trois ans si aucune précaution n’est prise. Il en irait de même pour un moniteur qui serait utilisé, par exemple, intensivement et toujours sur le même jeu vidéo, avec les mêmes éléments d'interface, de position du personnage, et ainsi de suite… Un constat qui explique aussi pourquoi la majorité des fabricants limitent leur garantie burn-in à trois ans.
Au fond, ce test longue durée ne contredit pas ce que l’on savait déjà. Il le confirme, avec méthode et patience. Le burn-in OLED n’est ni un mythe, ni une fatalité immédiate. C’est une question de répétition, de luminance moyenne, et de diversité d’usage.
Les dalles OLED modernes sont nettement plus robustes qu’il y a quelques années, et les mécanismes de protection jouent un rôle réel dans leur longévité. À condition, toutefois, de ne pas les court-circuiter. Désactiver ces protections, ou couper systématiquement l’alimentation du moniteur, revient à priver la dalle de ses cycles de compensation, pourtant essentiels pour limiter le marquage sur le long terme.
Source : Monitors Unboxed