Une opération d'envergure contre la radicalisation sur les plateformes de jeux en ligne vient d'être menée par Europol. Plus de 6 500 contenus terroristes et extrémistes ont été retirés en Europe.

Le jeu vidéo n'est malheureusement plus un territoire neutre depuis longtemps. L'agence européenne de police criminelle Europol indique ce lundi avoir piloté, en fin de semaine dernière, une opération impliquant huit pays européens, pour mener un vrai coup de filet ayant abouti au retrait de plus de 6 500 contenus extrémistes débusqués sur des plateformes que des millions de joueurs fréquentent chaque jour. Le gaming n'est plus un simple divertissement.
Des jeux vidéo transformés en laboratoires de la haine
Baptisée « Referral Action Day » (journée d'action de référence en français), l'opération d'Europol a permis d'identifier 5 408 liens vers du contenu jihadiste, 1 070 vers des contenus d'extrême droite violente, et 105 vers de la propagande raciste ou xénophobe. Des chiffres qui témoignent d'une contamination systématique d'un univers que l'on croyait, il fut un temps, préservé de telles dérives.
Le processus de diffusion relève d'ailleurs d'une véritable ingénierie de la manipulation. Des utilisateurs reconstituent carrément des attentats terroristes ou des tueries de masse directement dans l'environnement 3D des jeux. Ils capturent ces séquences, y superposent des éléments de propagande, puis les exportent vers les réseaux sociaux grand public que tout le monde consulte. Un système à plusieurs étages qui repose sur la viralité et brouille les pistes.
Les plateformes concernées sont multiples. Si Europol n'a pas souhaité livrer leur identité, on retrouve dans le lot des hébergeurs de vidéos à la demande, des espaces de streaming en direct, et des forums communautaires de joueurs qui, tous, servent de relais. Certains comptes adoptent même une apparence anodine pour mieux passer sous les radars, quand d'autres affichent sans complexe des pseudonymes ou avatars rendant hommage à des terroristes notoires.
Des plateformes de gaming utilisées pour recruter des mineurs
L'offensive coordonnée par l'Unité de signalement Internet de l'Union européenne a réuni l'Espagne, l'Allemagne, le Danemark, la Finlande, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal et Royaume-Uni. Pendant plusieurs semaines, des experts ont minutieusement analysé les plateformes prisées par un public aussi bien adolescent qu'adulte. Une traque méthodique, menée dans un écosystème numérique complexe.
L'initiative fait suite à des enquêtes menées par le Centre européen de lutte contre le terrorisme d'Europol. Les forces de l'ordre ont découvert que ces plateformes servaient non seulement à diffuser de la propagande, mais aussi à recruter des mineurs et même à retransmettre en direct des attaques réelles ou des suicides. Une dimension particulièrement glaçante du phénomène.
L'EU IRU, une unité d'Europol, s'apprête à publier un rapport qui détaillera l'ensemble de ses actions de prévention. Ce document fera notamment le point sur l'application du règlement européen visant à endiguer la diffusion de contenus terroristes en ligne. Une bataille de longue haleine qui se joue désormais aussi sur les terrains de jeu virtuels.