Laurent pensait bien faire en louant son appartement bruxellois sur Airbnb pour financer ses voyages. Il a écopé d'une amende salée de 4 000 euros pour location non enregistrée. Une règle qu'il ignorait.

Cent jours. C'est le temps écoulé depuis que Laurent, 32 ans, a découvert qu'il devait 4 000 euros d'amende pour avoir loué sur Airbnb à Bruxelles. Son tort fut de ne pas avoir enregistré son appartement auprès des autorités régionales. Il se défend en expliquant que personne ne l'a prévenu des changements de réglementation survenus en 2022. Alors comment respecter ses obligations, quand on les ignore ?
Les nouvelles règles Airbnb ont surpris cet hôte
Laurent, grand voyageur, finance ses escapades en Amérique latine (Panama, Brésil, Colombie) en louant son appartement pendant ses absences. Une activité lancée juste après le Covid, presque artisanale. À l'époque, les contraintes sont peu nombreuses. Puis 2022 arrive avec son lot de nouvelles règles, comme les taxes TVA, ou les conditions d'exploitation durcies.
Sauf que personne ne prévient les principaux intéressés. Laurent l'apprendra par son comptable, pas par l'administration. Cet été, la sanction tombe : il doit payer 1 000 euros par chambre non enregistrée. Comme il gérait aussi les appartements d'amis partis en voyage, l'addition a rapidement grimpé à 4 000 euros. Une somme qui fait mal au portefeuille.
Pour lui, le système d'enregistrement ressemblait à un véritable parcours du combattant. Il explique auprès de Sudinfo qu'il faut débourser 350 euros de frais administratifs, obtenir l'accord de tous les copropriétaires, « et il y a toujours quelqu'un qui est contre le principe d'Airbnb », puis naviguer entre deux services distincts. Laurent y voit un « double discours » où « l'amende remplace la demande d'enregistrement ».
Quand l'administration taxe les propriétaires pour leurs propres nuits
Au-delà de l'amende, le loueur a fait la découverte d'une taxe rétroactive. Bruxelles calcule automatiquement, comme si son logement avait été loué tous les jours depuis mi-2022. Conséquence kafkaïenne, il doit payer pour les nuits passées dans son propre appartement. La Région, qui a directement obtenu les auprès d'Airbnb, a envoyé les factures et amendes sans prévenir les propriétaires au préalable.
La contestation déposée en août par Laurent est pour le moment toujours sans réponse. Pire, l'administration affirme d'abord n'avoir rien reçu, malgré sa confirmation automatique. Il a donc renvoyé son courrier. Et depuis, c'est silence rad. L'ancien professeur de brassage de bière reconverti dans la gestion locative par passion refuse de payer avant d'obtenir des explications claires. « Je ne suis pas contre les taxes, mais je suis pour que ce soit fait correctement », résume-t-il.
Son cas rejoint celui de nombreux Bruxellois tombés dans les mailles d'un filet administratif invisible. Dans la capitale belge, toute location touristique doit être enregistrée auprès de Bruxelles Économie et Emploi, avec normes de sécurité et numéro d'identification. Les contrôles ont lieu a posteriori, sur la base des données transmises par Airbnb. Un système qui punit d'abord, et explique après.
En France aussi, les choses bougent. Dès 2026, la « loi anti-Airbnb » portée par la députée Anaïg Le Meur fera chuter le plafond de chiffre d'affaires de la location meublée non professionnelle (LMN) en location touristique non classée de 77 700 à 15 000 euros, avec pour but de réduire les avantages fiscaux des hôtes de logements. Dépassé ce seuil, le loueur aura l'obligation de tenir une comptabilité détaillée avec toutes les contraintes administratives. Les locations classiques longue durée échappent à ce durcissement.