Après des mois de tensions diplomatiques et juridiques, le gouvernement britannique revient à la charge contre Apple pour avoir la mainmise sur les données d'iCloud.

Une porte dérobée dans iCloud ? L'affaire en cours aura-t-elle des conséquences chez nous ? ©Shutterstock
Une porte dérobée dans iCloud ? L'affaire en cours aura-t-elle des conséquences chez nous ? ©Shutterstock
L'info en 3 points
  • Le gouvernement britannique exige un accès aux données iCloud, provoquant des tensions avec Apple depuis 2024.
  • Apple a désactivé la Protection Avancée des Données pour les nouveaux utilisateurs britanniques face à cette pression légale.
  • Un procès en cours pourrait établir un précédent juridique sur le chiffrement, influençant d'autres entreprises technologiques.

Après avoir demandé un accès à l'ensemble des comptes iCloud à travers le monde, le Home Office cible a envoyé une nouvelle requête ciblant cette fois cette fois les utilisateurs Apple du Royaume-Uni.

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Un conflit technique qui perdure depuis 2024

Pour mémoire, le différend a débuté lorsque les autorités britanniques ont exigé qu'Apple installe une porte dérobée sur tous les comptes iCloud dans le monde utilisant la Protection Avancée des Données (ADP). Cette fonctionnalité chiffre les sauvegardes iPhone, les fichiers iCloud Drive, les notes, les photos et d'autres contenus personnels. Le mécanisme donne aux utilisateurs le contrôle des clés pour un chiffrement de bout en bout. Les services de renseignement estimaient que ce niveau de protection entravait leurs enquêtes criminelles.

Au début, Apple avait refusé catégoriquement, déclarant qu'aucun gouvernement ne devrait décider pour les citoyens du monde entier s'ils peuvent bénéficier du chiffrement de bout en bout. Face à la pression juridique, Apple a changé de stratégie. La loi Investigatory Powers Act de 2016 oblige en effet les entreprises à assister les forces de l'ordre. Apple a donc choisi de désactiver l'ADP pour tous les nouveaux utilisateurs britanniques plutôt que de créer une vulnérabilité globale.

La demande initiale avait également provoqué quelques tensions diplomatiques. On se souvient que l'administration américaine, par la voix de Tulsi Gabbard, directrice du renseignement national, avait dénoncé une violation flagrante de la vie privée des citoyens américains et une menace à l'accord anglo-américain sur le transfert de données.

Une bataille juridique qui pourrait avoir des conséquences chez nous

Face à cette nouvelle ordonnance, Apple a saisi le Tribunal des pouvoirs d'enquête du Royaume-Uni pour remettre en cause la légalité de cette dernière. Cette juridiction indépendante supervise l'utilisation des pouvoirs d'enquête par les services de renseignement. Elle devra examiner pour la première fois une affaire liée au chiffrement. La décision est attendue en janvier 2026. Quoi qu'il en soit, elle pourrait établir un précédent juridique et influencer des cas similaires.

Même si cette nouvelle requête est limitée aux résidents britanniques, Apple maintient sa position technique : aucune porte dérobée n'a été créée dans ses systèmes, et l'entreprise s'engage à ne jamais en développer. Les utilisateurs britanniques ayant activé l'ADP avant son retrait continuent d'en bénéficier, mais Apple avait initialement prévu de leur demander de la désactiver.

Plus largement, le chiffrement est de plus en plus remis en cause par les autorités du Vieux Continent. Catherine De Bolle, directrice d'Europol, milite pour interdire ces technologies à l'échelle européenne. En France, avec la loi Narcotrafic, nous avons d'ailleurs échappé de peu à l'interdiction du chiffrement dans les applications de messagerie. L'issue du procès britannique influencera probablement les décisions d'autres entreprises technologiques, notamment Meta avec WhatsApp et Messenger, ou Google avec les sauvegardes Android chiffrées.

Source : BBC