Google muscle Gemini pour ingurgiter les fichiers que vous lui confiez, jusqu’à vos photos et documents PDF. La promesse d’un assistant plus « utile » cache-t-elle une boulimie de données à laquelle il devient difficile d’échapper ?

- Google a officialisé que Gemini peut utiliser vos conversations et fichiers importés pour entraîner ses modèles, par défaut.
- Le choix est en opt-out: il faut fouiller les paramètres pour désactiver la collecte, contrairement au principe de consentement éclairé.
- L'intégration à Android et l'accès aux apps et Drive rendent la collecte massive; seules offres payantes garantissent exclusion.
L’assistant maison de Google ne cesse d’élargir son périmètre. Après l’accès aux SMS, journaux d’appels et e-mails sur Android, la firme de Mountain View confirme que les contenus transférés (images, PDF, tableurs ou simples messages) pourront désormais être utilisés pour affûter ses modèles. Cette évolution replace la question de la confidentialité au centre des débats, alors que les utilisateurs disposent d’options de retrait peu visibles. Enfin, la clarification publiée par Google ne balaie pas les doutes sur la portée réelle de ce choix « par défaut ».

- Un modèle de génération puissant
- Une base de connaissances actualisée en temps réel
- Gratuit et intégré à l'écosystème Google
Quand vos fichiers deviennent du carburant pour l’algorithme
Google a mis à jour sa politique de confidentialité pour officialiser une pratique déjà soupçonnée : vos conversations, mais aussi les documents que vous importez dans Gemini, servent désormais de matière première pour entraîner son intelligence artificielle. La logique est celle de l'opt-out : pour refuser cette collecte, l'utilisateur est contraint de se plonger dans les méandres des paramètres de son compte Google afin de désactiver manuellement une option activée par défaut. Cette approche, qui s'oppose frontalement au principe du consentement éclairé prôné par le RGPD, place l'utilisateur devant le fait accompli.
Pour ne rien arranger, la firme de Mountain View assume le recours à une vérification humaine pour contrôler la qualité des données, signifiant que des employés ou des sous-traitants peuvent lire des extraits de vos échanges. En croisant les fichiers importés avec l'accès déjà octroyé à Gmail, Agenda ou Drive, Google se constitue un corpus de données d'une richesse et d'une intimité sans précédent. On est bien loin des données anonymisées du web public qui servaient initialement à l'entraînement des grands modèles de langage.
Un écosystème Google de plus en plus intrusif
L'intégration de Gemini au cœur d'Android est la clé de voûte de cette stratégie de collecte. L'assistant peut désormais piocher dans des applications tierces comme WhatsApp ou Messages, non pas pour « lire » l'intégralité de vos conversations, assure Google, mais pour en proposer des résumés ou suggérer des réponses à la volée. Cette interaction permanente avec vos applications et vos fichiers stockés sur Drive, parfois scannés sans action explicite de votre part, brouille la frontière entre votre appareil personnel et les serveurs de l'entreprise.
Face à cet appétit, la marge de manœuvre laissée à l'utilisateur le contraint à un arbitrage cornélien entre fonctionnalités et confidentialité. Activer le chiffrement côté client (client-side encryption) sur Drive, par exemple, rend l'assistant quasiment inopérant sur ces fichiers. En définitive, seules les offres payantes comme Gemini Advanced ou les comptes professionnels Workspace garantissent une exclusion contractuelle de l'entraînement, transformant de fait la protection de la vie privée en un service de luxe.
Source : PC World