Taïwan resserre encore l'étau autour des géants chinois des semiconducteurs en ajoutant Huawei et SMIC à sa liste noire commerciale. Cette décision stratégique aligne davantage l'île sur la politique américaine de restriction technologique envers Pékin.

L'administration du commerce international taïwanaise a officialisé le 10 juin l'inscription de Huawei Technologies et de Semiconductor Manufacturing International Corporation (SMIC) sur sa liste des « entités de produits stratégiques de haute technologie ». Cette mesure s'inscrit dans le prolongement des tensions géopolitiques croissantes entre Washington et Pékin concernant l'accès aux technologies de pointe. Les entreprises taïwanaises devront désormais obtenir une autorisation gouvernementale préalable pour toute exportation vers ces deux groupes chinois.
L'alignement taïwanais sur Washington se précise
Cette mise à jour de la liste de contrôle place Huawei et SMIC aux côtés d'organisations comme les Taliban et Al-Qaïda, reflétant la gravité accordée à cette décision sécuritaire. Au total, 601 entités ont été ajoutées à cette liste noire, incluant des entreprises russes, pakistanaises, iraniennes, birmanes et chinoises.
La décision taïwanaise intervient après plusieurs épisodes tendus impliquant le fondeur Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC). En octobre 2024, la découverte d'une puce TSMC dans une carte d'entraînement IA de Huawei avait provoqué un tollé, contraignant le géant taïwanais à suspendre ses livraisons de puces avancées destinées à l'intelligence artificielle vers la Chine.
Cette affaire avait d'ailleurs valu à TSMC une amende potentielle d'un milliard de dollars de la part des autorités américaines, illustrant les risques financiers considérables liés au non-respect des restrictions d'exportation. Le fondeur taïwanais, premier fournisseur mondial de puces sur mesure et partenaire clé de Nvidia, applique déjà strictement les règles américaines depuis novembre 2024.
Un coup dur pour les ambitions chinoises en IA
Ces nouvelles restrictions risquent de compliquer significativement les efforts de la Chine pour développer ses propres puces d'intelligence artificielle. Huawei et SMIC, fer de lance de l'industrie chinoise des semiconducteurs, perdent ainsi l'accès aux technologies taïwanaises de construction d'usines, aux matériaux et équipements spécialisés.
Pour Huawei, cette mesure constitue un obstacle supplémentaire dans sa quête d'autonomie technologique face aux sanctions américaines. Le groupe chinois tente depuis plusieurs années de développer des alternatives domestiques aux processeurs graphiques de Nvidia, essentiels pour l'entraînement des modèles d'IA.
SMIC, de son côté, voit ses ambitions de rattrapage technologique entravées par cette nouvelle restriction. Le fondeur chinois, déjà sanctionné par Washington, mise sur la montée en gamme de ses procédés de fabrication pour concurrencer les leaders mondiaux du secteur. Cette stratégie se heurte désormais aux limitations d'accès aux équipements taïwanais de pointe. L'efficacité de ces mesures de contrôle dépendra largement de leur application concrète et de la capacité de Pékin à développer des chaînes d'approvisionnement alternatives.
Source : WCCFTECH