Le MPEG-4 sera t'il le standard pour le streaming ?

24 février 2002 à 00h00
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Après Real, c'est au tour de d'annoncer le support du format MPEG4 pour ses nouvelles solutions en matière de streaming. Un standard est-il né ?

Qui dominera l'internet multimédia ? Après RealNetworks, le groupe informatique américain Apple vient d'annoncer le support du format MPEG4 pour QuickTime 6, sa solution de streaming de fichiers audiovisuels.

MPEG Quoi ?

Crée par un consortium baptisé Motion Picture Expert Group, regroupant 19 industriels tels que Canon, Sony, NTT, General Electric ou encore , représenté par une société commerciale dénommée "MPEGLA", le MPEG4 est un nouveau format de fichiers audiovisuels dont le taux de compression permet une diffusion sur le réseau internet ou encore la réduction considérable de l'espace de stockage pour les appareils photos et autres Caméscopes Numériques. Le Motion Picture Expert Group est aussi à l'origine du MPEG-2, le format utilisé par les lecteurs DVD, dont la couche audio, le MPEG-2 Layer 3, plus connue sous le nom commercial MP3, a connu un succès considérable sur le web.

Et l'internet devînt multimédia...

Parallèlement au développement de l'échange de fichiers MP3 ou DivX (un cousin du MPEG-4), des sociétés comme Real, Apple ou Microsoft ont mis au point des solutions de "streaming", permettant la lecture d'un fichier audiovisuel directement depuis un serveur, dont la qualité d'affichage peut s'adapter dynamiquement à la qualité de la bande passante. Ainsi, les formats Real Audio, Real Video, WindowsMedia Audio ou WindowsMedia Video se développent depuis quelques années. Néanmoins, rien n'interdit la diffusion de fichiers MPEG-4 en streaming et des sociétés comme Packet Video ou Emblaze se sont empressées de travailler sur des solutions adaptées à ce nouveau format, en particulier dans la téléphonie mobile où Packetvideo est partenaire de NTT DoCoMo pour ses terminaux Foma, l'UMTS japonais .

Bien que Real et Microsoft dominent largement le marché des contenus en ligne, les industriels de l'électronique et des télécoms, souvent actionnaires de MPEGLA, semblent réclamer un format "ouvert" comme le MPEG-4 pour la prochaine génération de terminaux numériques. Ainsi, après RealNetworks au mois de Décembre 2001, c'est au tour d'Apple d'annoncer l'adoption de ce format de fichier pour la version 6 de QuickTime (encodage, diffusion et lecture).

Interrogé par NetEconomie.com, Patrick PARODI, directeur de PacketVideo pour l'Europe du Sud indique :"Cette annonce prouve que le monde du MPEG et des standards interoperables viennent rapidement supplanter le monde des systèmes de compression propriétaires et fermés". Soutenu par le 3GPP, un consortium regroupant les opérateurs de téléphonie mobile, par le Motion Expert Group, par RealNetworks et Apple, le MPEG-4 semble donc promis à un bel avenir. Mais des questions restent à résoudre...

Une politique commerciale contestée

Chargée de représenter les intérêts commerciaux du Motion Picture Expert Group, le consortium regroupant les industriels détenteurs de brevets sur le MPEG-4, la société MPEGLA a récemment dévoilé sa politique commerciale. Hors en réclamant 0.02 $ par heure de streaming et 0.25 $ par produit équipé de cette technologie, MPEGLA est critiquée par de nombreux industriels regroupés au sein de l'ISMA (Internet Streaming Media Alliance), qui craignent de devoir verser trop de royalties aux ayants droits. En attendant le règlement du problème, les solutions de RealNetworks et d'Apple ne sont donc pas encore commercialisées.

La position de Microsoft

Encore challenger de RealNetworks dans le streaming, Microsoft devrait, comme il le fit avec Netscape, bientôt retrouver sa position de leader dans l'informatique grâce à l'intégration par défaut de son logiciel Windows Media Player à Windows xp, PocketPC 2002 ou SmartPhone 2002. Collaborant aux travaux sur le MPEG-4, Microsoft intègre cette technologie depuis près de deux ans. Mais le géant du logiciel pousse son format propriétaire - windowsMedia (.wmv) - jugé plus performant. "Les marges de progression du codec de décompression mpeg-4 sont insuffisantes. WindowsMedia 8 permet de réduire de 40% le poids d'un fichier et nous devrions encore progresser de 20% avec WindowsMedia 9, plus connu sous le nom de code Corona" indique : Xavier BRINGUE, responsable business developpement Europe Windows Media chez Microsoft.

" En permettant la diffusion de fichiers audio ou vidéo avec une bande passante respective de 6 et 16 kbp/s, Microsoft ne craint donc pas la concurrence de PacketVideo ou d'Emblaze, spécialisées dans le streaming MPEG-4 à bas débit, adapté aux téléphones mobiles GPRS. Notre objectif est d'offrir la diffusion IP haut-débits ou bas débits, avec une même génération de codec" précise Xavier BRINGUE, dont la société multiplie les accords technologiques avec les géants de l'électronique grand public, pour lancer des baladeurs, des Autoradios, des caméscopes ou encore des lecteurs DVD, capables de lire nativement les fichiers encodés en windows media.

Un choix stratégique pour les opérateurs

Malgré le retard pris par l'UMTS, les progrès considérables en matière de compression numérique permettent donc aux opérateurs de lancer des services multimédias mobiles dès l'année 2002, grâce aux nouveaux réseaux GPRS, dont le taux de transfert se situe de 14 à 28 kilobits par seconde.

Encore en phase d'évaluation des différentes technologies qui leur sont présentées, les opérateurs hésitent visiblement entre le MPEG-4, technologie ouverte leur garantissant une plus grande liberté dans le choix de leurs partenaires, et une collaboration avec Microsoft, dont la puissance commerciale et l'ambition de contrôle de l'abonné via ses différents services en ligne peut légitimement les inquiéter.

Obsédés par la hausse de l'ARPU, le revenu mensuel par abonné, et encouragés par les succès de DoCoMo au Japon en la matière, les opérateurs mobiles sont donc devant un choix stratégique dont le ou les gagnants tireront une confortable rente de situation tant le marché de l'internet mobile devrait dépasser, en volume et en valeur, celui de l'internet filaire.
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