Christophe BOUILHOL : NetQuartz, télédistribution payante sur le Net

10 avril 2001 à 00h00
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Chritophe Bouilhol présente Netquartz, société née en mars 1997 et qui gère la diffusion et la protection des droits de logiciels et autres jeux vidéos.

Fort d'une expertise acquise ces 6 dernières années, qui mieux que Christophe Bouilhol, président et DG de la société, pouvait aborder le sujet épineux de la protection des droits d'auteurs sur Internet ? Face au déferlement d'œuvres musicales sur le Web, Christophe Bouilhol brosse le paysage complet du comportement des internautes comme de celui des acteurs de l'industrie du disque au risque d'en dénoncer certains...

Tristane Banon - Comptez vous élargir la technologie de Netquartz à l'oeuvre audio et vidéo, voir au document?

Christophe Bouilhol - Oui c'est le grand projet 2001 ! si nous avons levé les fonds que nous avons levé (20 millions d'euros en septembre 2000), c'est effectivement pour passer du marché, des logiciels et des jeux que nous connaissons très bien et qui est un peu notre culture d'origine vers des marches un peu plus grand public tel que la vidéo, l'audio et le document.

TB - Au niveau du document avez vous des contacts avec des sociétés qui proposent des bibliothèques d'œuvres numériques?

C .B - Aujourd'hui nous en sommes à l'époque du prototype adapté à ces autres médias fin juin. C'est l'adaptation de la technologie pour qu'elle puisse fonctionner à la fois dans le domaine du Software et du jeu et dans tout ce que nous appelons le "rich media".

TB - Comment pouvez vous assurer une protection des droits d'auteur de façon suffisamment fiable pour contrecarrer des hackers sommes toutes très performants?

C.B - Nous proposons une offre très différente de celle qui existe aujourd'hui. C'est à dire que les technologies existantes consistent à chiffrer le contenu numérique. On prend un contenu et on l'encapsule dans une espèce de coquille. On le diffuse et on permet à l'utilisateur de l'ouvrir avec certains droits par l'intermédiaire de clef d'accès qu'on lui fournit. Tout cela étant basé sur du chiffrement, de la cryptographie.

TB - Porte ouverte à quiconque pour déchiffrer ce code !

C.B - Le résultat de cette technologie, c'est que localement l'utilisateur a tout ce qu'il lui faut pour regarder comment tout cela fonctionne et s'il n'est pas trop bête, si il a quelques moyens et du temps, il doit pouvoir trouver une solution qui lui permette de contourner le système. Ca n'est plus qu'une question de temps et de compétences mais il va y arriver. Plus grave que ça, une fois qu'il y est arrivé, il y est arrivé pour tous les contenus qui utilisent cette technologie. Donc il peut généraliser, ce qui fait qu'aujourd'hui sur Internet et il y a des sites de hackers qui donnent les protocoles voir même des outils qui permettent d'ouvrir ces coquilles. Nous partons du principe que cette approche est mauvaise.

TB - Comment avez vous raisonné dans un premier temps, puis dans un second pour contourner cet obstacle?

C.B - Nous sommes partis du principe que ce procédé ne pouvait pas fonctionner. Le meilleur moyen pour ne pas se faire pirater quelques chose c'est de ne pas le donner.

TB - Ca n'est pas le meilleur moyen de le vendre!

C.B - Effectivement, mais nous nous sommes servis de constat pour construire notre technologie. Nous basons notre technologie sur le fait de ne plus envoyer 100% du document à l'utilisateur. L'éditeur va en garder un bout dont il n'autorisera l'accès à l'utilisateur que si lui est d'accord. Netquartz extrait une partie du contenu numérique, partie fondamentale pour son utilisation et la garde sur un serveur distant accessible par Internet. L'utilisateur du contenu va, via le contenu lui-même, se connecter au serveur distant au moment de l'utilisation du contenu pour ne pas le récupérer mais l'exécuter à distance.

TB - Comment cet utilisateur est-il reconnu?

C.B - Il va s'identifier par l'intermédiaire d'un identifiant dont il n'a pas connaissance mais qui est propre à son ordinateur. Cet identifiant va évoluer d'une connexion à une autre.

TB - Quel est le marché pour ce type de produit?

C.B - Le marché est à comparer avec l'automobile ou l'agroalimentaire et nous sommes quasiment dans les 5 premiers mondiaux. Cela étant, beaucoup de monde attaque ces marchés là ! Du reste ce n'est pas parce que nous sommes bons dans le jeu ou le logiciel que nous le serons dans le numérique. Nous savons aujourd'hui que 25 millions d'internautes sont d'accord pour écouter de la musique sur le net. Peu de gens y croyaient ou l'auraient imaginé. C'est l'effet Napster.

C'est la vraie volonté des majors d'entrer sur ce marché là. Les majors ont un business-model qui est de vendre des compacts-disques à la Fnac, et ce model marche très bien. L'arrivée du net gomme cette notion de distribution et de réseau. A partir du moment ou des technologies vont être disponibles c'est la porte ouverte sur un marché où ces majors étaient complètement protégées avant.

TB - Vous pénétrez donc sur un marché très instable?

C.B - D'autant plus que ces sociétés, que sont les Sony, Bertelsmann, Universal, et quelques-autres, ont envies de développer leur propre technologie. Je suis effrayé de voir que leur métier est de faire de la musique et leur prétention de faire des technologies de diffusion et de maîtriser les droits.

TB - Pourquoi y vont-ils alors?

C.B - Parce qu'ils ne veulent surtout pas que des technologies apparaissent sauf à les racheter. Cela sera peut-être une évolution de Netquartz même si cela n'est pas souhaitable pour nous. Nous n'avons pas créé Netquartz pour intégrer une major, c'est rarement le but d'une entreprise. Ca n'est du moins pas le nôtre.

TB - Quelle va être votre stratégie par rapport à cette réaction des majors?

C.B - Il y a l'aspect technologique de dire "nous savons le faire'" et la volonté commerciale d'avancer sur ces marchés là. Nous n'allons pas nous épuiser commercialement pour convaincre les Sony et consorts. Néanmoins nous sommes persuadés, que sur Internet, vont se développer des labels qui se spécialiseront dans la diffusion de la musique et eux auront besoin de nous... c'est une certitude!

Propos recueillis par Tristane BANON pour Neteconomie.com
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