On a testé : l'accès à Internet en avion via WiFi

18 janvier 2010 à 18h51
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« Nous avons maintenant atteint notre altitude de croisière, qui sera pour ce vol d'environ 30.000 pieds. Vous pouvez maintenant rallumer vos appareils électroniques... et vous connecter à Internet via notre WiFi embarqué ». Si la première partie de cette phrase sonnera comme une rengaine familière aux oreilles de ceux qui prennent souvent l'avion, la fin paraitra peut-être plus inattendue. Vous devriez toutefois être amenés à l'entendre de plus en plus souvent, au fur et à mesure que les compagnies aériennes équipent leurs appareils du matériel nécessaire à l'établissement d'une connexion à Internet, tandis que vous voyagez à 800 Km/h, à plus de 10 Km de la première prise téléphonique venue. Tour d'horizon des forces en présence et test en condition réelle du service aujourd'hui leader sur le sol américain, GoGo Inflight Internet de la société Aircell.

Votre Internet, depuis le sol ou depuis l'espace ?

Vous les voyez, souvent dans les rangées de la classe Affaires, ces hommes d'affaires qui lorsqu'ils voyagent, conservent ordinateur portable et smartphone greffés à la main, frustrés qu'ils sont de devoir se couper pendant quelques heures de leur business. C'est à eux, en priorité, que se destinent les services de connexion Onboard. Par extension, ces derniers font également le bonheur du grand public, qui trouve grâce à Internet tout loisir de s'entretenir avec ses proches ou de combler les mornes heures d'un vol long courrier.

En vol, l'accès à Internet est généralement fourni par l'intermédiaire d'un réseau WiFi. Pour vous connecter, depuis votre ordinateur portable ou votre téléphone mobile, il vous suffit donc de sélectionner le réseau WiFi correspondant, puis de lancer votre navigateur, qui devrait automatiquement vous conduire vers la page résumant les offres commerciales d'accès en vol. Mais comment la liaison s'opère-t-elle entre l'avion et le reste du Web ?

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Un accès, deux possibilités, qui toutes deux empruntent les réseaux de téléphonie mobile. La première fait appel à un réseau d'antennes mobiles placées à intervalles réguliers au sol. A la façon des antennes de téléphonie mobile, elles alimentent en données les avions qui passent dans leur zone de couverture. Dans l'avion, un équipement dédié se charge d'assurer le passage d'une antenne à l'autre, et de permettre le transit des données, proposé aux voyageurs par l'intermédiaire d'un simple point d'accès sans fil, semblable en tous points à celui que vous utilisez sans doute à domicile.

Avant de proposer son service aux compagnies aériennes intéressées, celui-ci a donc entamé le déploiement d'un réseau d'antennes terrestres, tournées vers le ciel, et réservées aux seuls avions. L'avantage de cette solution est que le déploiement est relativement simple à maitriser : ajoutez quelques antennes judicieusement placées et vous couvrez désormais une nouvelle route commerciale. La contrepartie d'un dispositif terrestre est que ce dernier est par essence cantonné aux liaisons continentales : difficile de placer des antennes en pleine mer.

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La solution concurrente ne souffre aucune contrainte géographique similaire, mais implique des frais de fonctionnement importants, puisqu'elle fait appel à un réseau de satellites de télécommunications. Dans ce cas, on déploie toujours un réseau local, WiFi ou Ethernet, au sein de l'avion, mais on dirige ensuite les données vers l'espace, d'où elles seront réacheminées vers le sol.

L'américain Aircell, dont nous avons testé le service, a opté pour la solution terrestre, qui lui permet aujourd'hui d'équiper plusieurs centaines d'appareils chez Delta, American Airlines, Virgin American Airlines ou Airtran, dès lors que ces compagnies opèrent des vols nationaux aux Etats-Unis. Son compatriote Row44, que l'on retrouve notamment sur certains bâtiments Southwest Airlines, fait quant à lui appel à un réseau satellitaire.

Internet en vol, pour quels usages ?

OnAir, fruit d'une coentreprise établie entre Airbus et le SITA, propose déjà sur certains vols européens un service GSM qui permet de disposer aussi bien d'un accès data que d'une connexion voix ! Ici, l'usager ne se connecte pas à un liaison de type 802.11, mais à un réseau GSM local, cantonné aux parois de l'avion. Immédiatement détecté, ce réseau évite que les téléphones mobiles ne cherchent à se connecter à des points d'accès éloignés, ce qui demanderait l'émission de signaux bien plus puissants, susceptibles de perturber le bon fonctionnement de l'électronique embarqué au niveau du cockpit de l'avion. Dans ce cas de figure, les connexions data ou voix vous sont simplement facturées par votre opérateur comme des communications passées depuis l'étranger, au tarif pratiqué en cas de roaming européen.

Autorisé en Europe, l'usage de la voix n'a pas encore été approuvé par la FCC (Federal Communications Commission) aux Etats-Unis, ce qui du point de vue des passagers n'est peut-être pas plus mal. Imaginez-vous coincés pendant plusieurs heures entre un touriste fier de narrer ses débauches de vacance à ses potes et une mère de famille inquiète de n'avoir pas parlé à ses enfants pendant plusieurs jours...

La plupart des services en vol se contentent donc de prodiguer un accès à Internet. Empruntant des réseaux bâtis sur le GSM / GPRS, ils sont nécessairement limités en bande passante, surtout si de nombreux passagers se connectent simultanément. Certains usages sont donc restreints, à commencer par la voix sur IP.

Via Gogo Inflight Internet, il nous a par exemple été impossible de nous connecter à Skype. La plupart des services voix les plus connus sont systématiquement bloqués. En pratique, l'utilisateur averti saura tout de même, s'il y tient, initier une communication voix avec le sol, mais dans un avion où la majorité des passagers sont silencieux, il lui sera difficile de rester discret. Mieux vaut donc sans doute s'en tenir au fair use que suppose la connexion depuis les airs. Même chose pour les logiciels de peer-to-peer : par exemple, les échanges d'un client BitTorrent sont bloqués.

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En revanche, l'accès Web ne souffre aucune restriction majeure. On pourra télécharger des fichiers, avec des débits de l'ordre de quelques dizaines de Ko par seconde, quel que soit le site d'origine : Clubic par exemple, mais aussi un FTP personnel ou un site comme Megaupload. Musique et vidéo en streaming depuis des sites comme Deezer, Wormee, Dailymotion ou YouTube fonctionnent également. Idem pour le courrier électronique : POP, IMAP, liaison à un serveur Exchange, envoi et réception de pièces jointes passent sans encombre, tout comme les connexions à un réseau privé virtuel (VPN). La qualité d'exécution de ces différentes tâches, à commencer par le streaming, reste toutefois subordonnée à la qualité de la liaison qui peut varier, en fonction de l'emplacement géographique d'une part, mais aussi du nombre de personnes connectées à bord de l'appareil.

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A ce sujet, et sans préjuger des résultats que l'on pourrait obtenir chez des concurrents d'Aircell, nous nous sommes livrés à plusieurs tests qui révèlent un ping, ou temps de latence, moyen d'environ 200 millisecondes vers des sites ayant pignon sur rue. La bande passante proposée gravite quant à elle aux alentours de 600 Kb/s en débit descendant, contre 300 Kb/s en débt montant. De quoi télécharger à 60, voire 70 ou 80 Ko/s en pointe, avec un upload qui permettra par exemple de partager sans encombre quelques photos avec ses proches, même si l'on attendra sans doute une bonne vieille connexion « terrestre » pour poster en ligne ses films de vacances.

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Surfer dans l'avion, à quel prix ?

S'il faut que le prestataire de services et la compagnie aérienne trouvent leur compte sur le plan financier à la mise en place d'un tel service, le tarif facturé au consommateur final ne doit pas dépasser certaines limites. Un équilibre qui ne va pas forcément de soi lorsqu'on sait qu'il faut compter de 80 à 100.000 euros pour équiper un appareil de type Airbus ou Boeing.

Le service nest donc pas donné, mais il reste toutefois abordable. Sur des vols continentaux American Airlines aux Etats-Unis, une connexion valable pour l'intégralité d'un vol de trois heures nous a par exemple été facturé 9,95 dollars, contre 12,95 dollars au retour. Dans la mesure où tout appareil électronique doit être éteint pendant le décollage et l'atterrissage, on perd en pratique une heure de connexion sur la durée de son vol et des offres limitées à une heure ou à 90 minutes permettent de vérifier ses mails pour environ 8 dollars. Dans tous les cas, la facture ne dépassera jamais 29,95 dollars, montant d'un abonnement permettant de se connecter de façon illimitée pendant un mois. Une formule que bon nombre d'hommes d'affaires qui sillonnent les Etats-Unis ont déjà adopté.

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Pour se connecter, rien de plus simple. Comme avec un point d'accès terrestre, il vous suffit d'établir une liaison avec le réseau sans fil, puis de lancer votre navigateur. Celui-ci vous redirige alors vers une page qui présente le service, ses tarifs et ses conditions d'utilisation. Avec Gogo Inflight Internet, vous devrez commencer par créer un compte utilisateur, puis sélectionner la formule de votre choix et payer cette dernière immédiatement à l'aide d'une carte bancaire. Comme le rappelle justement le site passerelle, n'oubliez pas que votre voisin est a priori susceptible de voir ce qui se passe sur l'écran de votre ordinateur, soyez donc un minimum prudent au moment de saisir des informations confidentielles.

Récemment, une étude commanditée par American Airlines révélait que les deux services phare qu'attendent en priorité de se voir offrir les professionnels sont une prise de courant individuelle et un accès à Internet en vol, loin devant un repas ou des alcools. Les compagnies aériennes s'équipent donc les unes après les autres. Japan Airlines couvre certaines de ses lignes internationales avec un accès data, Ryan Air propose voix et accès à Internet sur certains trajets européens, etc.

Alors que l'équipement en appareils compatible WiFi et / ou réseaux mobiles explose, nous devrions voir augmenter la population de voyageur connectés à bord des avions. Reste à voir quelle incidence le développement de ces nouveaux usages aura sur le confort des passagers, ainsi que sur l'évolution du tarif associé à ces services.

Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech,...

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Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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