Dragon Age : aux Origines de Badur's Gate ?

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
11 novembre 2009 à 14h00
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En deux mots, BioWare a fait de son dernier jeu de rôle, le titre le plus attendu par de très nombreux joueurs. Deux mots qui ne tiennent finalement à pas grand-chose, mais qui éveillent d'incroyables souvenirs à ces amateurs bercés par le doux phrasé de Jaheira et les mésaventure de Bouh, le prodigieux animal de compagnie d'un certain Minsc. Deux mots qui forment le titre d'un des plus fameux jeux de rôle - Baldur's Gate - et auquel BioWare se propose donc de rendre un vibrant hommage. Trop beau pour être vrai ?

Aux « Origins » de la vie...

Du haut de ses onze ans, Baldur's Gate ne dit peut-être rien à certains d'entre-vous. Le titre de BioWare est pourtant considéré comme une référence et a inspiré à d'autres studios des « suites » parfois très réussies (Icewind Dale, Planescape Torment et Neverwinter Nights). BioWare de son côté a préféré se tourner vers des genres sensiblement différents avec des jeux comme Knight Of The Old Republic, Jade Empire ou encore Mass Effect. Dragon Age : Origins est donc l'occasion d'un retour aux sources, même s'il n'est cette fois plus question d'adapter le monde d'Advanced Dungeons & Dragons et pour ce nouveau jeu de rôle, nous avons donc droit à un univers original ainsi que des règles spécifiques.


Ce « nouveau départ » commence par l'inévitable phase de création de héros... Un jeu de rôle étant prévu pour durer de nombreuses heures, autant le bichonner ce héros. Hélas, première déception, on ne peut pas dire que BioWare nous laisse beaucoup de liberté. Physiquement, il est possible de largement personnaliser les choses, mais il faut se contenter de trois races (Elfe, Humain, Nain) et trois classes (Guerrier, Mage, Voleur) pour aboutir à six points de départ, à six « origines ». En cours de jeu, on se rend compte que les choses sont plus complexes et que chacune des classes est en fait capable d'évolutions très différentes (barde, duelliste, rôdeur...), mais tout de même, BioWare aurait pu être moins chiche.

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D'autant que cette limite de trois races / trois classes est sans doute dictée par le début de l'aventure : la fameuse origine qui donne son nom au jeu et qui nous explique comment / pourquoi notre héros a rejoint la fameuse Garde des Ombres. Via un didacticiel à peine déguisé, on apprend à connaître notre personnage, mais aussi et surtout le fonctionnement du jeu. Novateur dans sa forme, ce préambule a logiquement limité BioWare qui n'allait évidemment pas développer une bonne vingtaine de points de départ différents. Hélas, cette origine n'a finalement qu'un impact réduit sur le reste de l'aventure et on se demande donc si BioWare a eu raison de limiter ainsi les races / classes disponibles.

Cette relative déception est heureusement balayée dès lors que l'on commence à prendre le jeu en mains. Très vite, notre héros est affublé de compagnons - temporaires - qui apportent le soutien nécessaire pour les premiers combats. Ici, nous sommes encore en mode caméra d'exploration - la seule disponible sur Xbox 360 - et nous sommes assez loin de Baldur's Gate. Sur PC, il convient alors d'utiliser l'écran tactique qui permet de définir très précisément le rôle de chacun des personnages du groupe : on décide qui doit attaquer, qui doit défendre, qui soigner en priorité et dans quelle mesure il faut utiliser les sorts de zone. Autant d'éléments clefs dans la préparation d'un combat « sensible » et qui donnent l'occasion d'optimiser au mieux les compétences de chacun des membres du groupe.

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Cette option est hélas absente de la version Xbox 360 et les combats - plutôt réfléchis sur PC - ont tendance à se muer en une espèce de foire d'empoigne. Le joueur a toujours la possibilité de passer d'un héros à l'autre, mais en l'absence de pause active (on stoppe le jeu et on donne ses ordres à chacun), il est illusoire de vouloir tout contrôler. Du coup, il faut se reposer sur l'intelligence artificielle (IA) pour espérer l'emporter et nous touchons là à un autre problème de la version Xbox 360 : cette IA est presque trop efficace et même durant les combats les plus exigeants du jeu, il est presque possible de rester dans son coin en laissant à nos compagnons le soin de faire tout le travail !

Sur PC, le niveau de difficulté est autrement plus élevé (même en « normal ») et l'écran tactique est pour ainsi dire un passage obligé dès lors que l'on reste en caméra d'exploration. Hélas, il arrive assez fréquemment qu'un personnage ne remplisse pas son rôle comme prévu. Ici, il reste bloqué derrière un partenaire, là il s'arrête d'attaquer sans raison... Du coup, nombre de joueurs en reviennent à la bonne vieille caméra tactique. Il s'agit ici d'une représentation graphique très proche de ce que proposait Baldur's Gate notamment : une sorte de vue de dessus qui donne tout son sens à l'option dite de pause active. On peut alors tranquillement donner des ordres à tous les membres du groupe.

« Les combats de Dragon Age : Origins sont passionnants et nécessitent une rigueur de tous les instants »

Les quelques ratés évoqués précédemment sont bien moins important avec cette caméra tactique puisqu'on se rend très vite compte que tel personnage s'est arrêté de combattre : une pression sur la barre d'espace pour stopper le jeu et il suffit alors de lui redonner un ordre. Durant les combats les plus délicats, ce mode est d'ailleurs autrement plus précis que le simple écran tactique dont nous parlions auparavant. Seule cette caméra permet de choisir le moment le plus opportun pour utiliser la tempête électrique de notre magicien ou la botte secrète de notre voleur. L'utilisation de cette caméra est un vrai bonheur que vient seulement gâcher un niveau de zoom un peu faible.

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Dragon Age ne se limite pas à proposer des contenu additionnels à payer : il en fait la publicité !

Dans certains cas, la caméra d'exploration permet même de voir plus loin que la caméra tactique : une situation un brin paradoxale ! Certains reprocheront également une certaine confusion lorsque l'on doit affronter une meute de loups par exemple, mais ne boudons pas notre plaisir. Sur PC, les combats de Dragon Age : Origins sont passionnants et nécessitent une rigueur de tous les instants : même les guerriers les plus résistants tombent rapidement s'ils ne sont pas soutenus par les autres personnages et nous ne parlons évidemment pas des combats contre l'Ogre d'Ostagar, les quelques dragons ou les principaux boss des Engeances !

L'Engeance constitue l'ennemi suprême de Dragon Age : Origins celui contre lequel notre héros doit se battre. En début de partie, le responsable de la Garde des Ombres - Duncan - nous recrute afin de renforcer son ordre. Les forces des ténèbres se préparent à livrer bataille et en temps que nouveau venu, notre rôle durant la bataille se limite à allumer un feu, le signal de l'attaque. S'il n'est pas question de dévoiler le scénario du jeu, on peut dire que la bataille a tourné au fiasco. La Garde des Ombres a été décimée et notre héros est pour ainsi dire son dernier représentant. Afin de stopper l'Engeance, nous devons donc rallier les différentes factions du monde Férelden à notre cause.

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Convaincre les différentes factions du monde ne se fait évidemment pas en claquant des doigts et le joueur doit arpenter les vertes contrées de Férelden pour aller voir le Cercle des Mages, rencontrer le Iarl Eamon de Redcliffe, discuter avec les Nains d'Orzammar et rallier les Elfes Dalatiens. Cette énumération n'est pas innocente : elle montre à quel point BioWare est finalement resté « sage » dans la conception de son monde et même si le studio n'a pas souhaité se caler sur AD&D, nous sommes finalement très proches des canons de l'heroic-fantasy : certains seront ravis, d'autres le regretteront, c'est une affaire de goûts.

Le monde de Férelden est vaste et les lieux à visiter sont on ne peut plus nombreux ce qui assure à Dragon Age : Origins une durée de vie très confortable (compter quarante heures pour la seule quête principale). Le joueur est assez libre de ses mouvements et il peut choisir l'ordre de ses visites aux différentes factions, mais il est intéressant de noter que les développeurs ont très intelligemment lié de nombreuses quêtes. Les choix effectués au Cercle des Mages peuvent par exemple avoir une influence non-négligeable sur le devenir du jeune Connor, fils du Iarl Eamon. De la même manière, il faut souvent prendre parti entre les divers groupes en présence.

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Nous touchons ici à l'un des points faibles de la narration « façon Dragon Age ». En effet, la structuration même de la quête principale est un rien stéréotypée : chaque nouvelle zone visitée par le joueur est l'occasion de découvrir un problème qui empêche la faction en présence d'honorer le serment qui la lie à la Garde des Ombres. Nous sommes bien sûr le seul en mesure de régler le problème qui, le plus souvent, impose de choisir entre deux groupes (Elfes / Loup-Garous, Mages / Templiers...) et de nettoyer un lieu donné (château, ruines, souterrains...). Il y a évidemment diverses quêtes secondaires pour apporter un peu de variété, mais ce modèle est tout de même un peu répétitif.

Et le dragon nage entre hommage et archaïsme

L'ensemble n'est finalement pas si différent de ce que proposait Baldur's Gate ou plus encore Icewind Dale, mais depuis la sortie de The Witcher, on a un peu de mal avec un manichéisme aussi prononcé. On aurait ainsi aimé que les origines de notre personnage aient une réelle incidence sur le déroulement de la partie et que le scénario du jeu fasse preuve d'un peu plus de finesse. Reconnaissons toutefois de vraies réussites d'écriture notamment du côté de Redcliffe et des dialogues souvent intéressants à suivre quoiqu'un peu longuets par moments. Notons également une gestion réussie de l'animosité entre les membres de notre groupe : cela donne lieu à quelques joutes verbales amusantes.


Les relations au sein du groupe sont d'ailleurs un point qu'il faut saluer, car même si son importance aurait pu être plus grande, le concept est déjà séduisant. Ainsi, nos compagnons ont leur conception du monde, leur façon de voir les choses... et ils ne manquent pas de nous le faire savoir ! De fait, il est délicat de faire plaisir à la fois à Alistair et à Morrigan par exemple. Cette gestion des caractères permet en outre de débloquer des compétences lorsque l'entente entre nos héros et ses compagnons est au plus haut. On aurait en revanche aimé que BioWare nous épargne les amourettes de supermarché : un contenu pseudo-adulte qui a là encore du mal à soutenir la comparaison avec The Witcher.

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Cette même remarque s'applique d'ailleurs à certains éléments graphiques. Les développeurs ont ainsi tenus à intégrer un contenu « gore » à la réalisation : des gerbes de sang sont visibles à chaque coup et les visages des personnages sont maculés de sang après les combats. De telles touches n'apportent rien et auraient plutôt tendance à tourner l'ensemble en ridicule alors que le scénario du jeu est on ne peut plus sérieux. Cette critique est en fait à rapprocher d'autres remarques liées à la réalisation d'ensemble de Dragon Age : Origins. Si la version PC est plus réussie que la mouture Xbox 360, dans un cas comme dans l'autre, on ne peut pas dire que BioWare nous impressionne à ce niveau.

L'aspect graphique des choses n'est évidemment pas l'élément déterminant dans un jeu de rôle, mais alors que BioWare nous a habitué à peaufiner ses projets, on ne peut qu'être déçus. Les cinématiques sont au mieux quelconques, au pire carrément moches et les décors extérieurs sont pour le moins simplistes, le plus gênant étant sans doute le niveau de détails des textures. Heureusement, les intérieurs, même s'ils sont un peu « génériques » rattrapent l'ensemble et les visages de nos personnages sont très corrects. À ce niveau, on regrettera tout de même le manque très net d'expressions dans les regards et des traits assez quelconques.

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Dans le même genre d'idée, on ne comprend guère le décalage entre la raideur des personnages dans les cinématiques et les très jolies animations durant les combats ! Autant de reproches qui sont à formuler à l'encontre de la version PC donc, mais qui se retrouvent de manière encore plus marquée sur Xbox 360... Heureusement, la mise en scène des combats, les différents effets « spéciaux » et la bande-son ne souffrent aucune critique. Sans mauvais jeu de mot, la partition est ici remarquable et la musique accompagne de fort belle manière tous les moments de l'aventure. En définitive, c'est d'ailleurs cette musique qui permet au joueur de véritablement vivre son aventure.

Soulignons enfin un autre problème technique que l'on oublie heureusement assez vite une fois dans le jeu, mais que l'on ne peut passer sous silence : la persistante impression d'évoluer dans des couloirs. Lorsque l'on se trouve au plus profond d'une ville naine, cela passe bien, mais dans la forêt c'est plus difficile à justifier. Pourtant, notre groupe est souvent bloqué dans son exploration par une côte censée être trop abrupte ou une barrière invisible et notre chemin est comme balisé alors que le jeu se veut « ouvert ». Là encore, les développeurs auraient sans doute dû se détacher un peu du modèle « baldurien » pour nous offrir un titre plus en phase avec son temps.

Conclusion

Peut-être trop appliqué à reprendre un à un les codes du « Baldur-like », BioWare ne s'engage pas suffisamment et son Dragon Age manque finalement de « ce tout petit supplément d'âme, cet indéfinissable charme, cette petite flamme » qui l'aurait propulsé au firmament des jeux de rôle. Il ne faut cependant pas bouder notre plaisir et le principe des combats tactiques est une petite merveille alors que le scénario, quoique manichéen, se suit avec bonheur. On prend un plaisir immense à arpenter les contrées de Férelden et la durée de vie de l'ensemble est remarquable. Les missions sont variées et même si elle n'est que feinte, la liberté de choix du joueur donne l'impression d'appartenir vraiment à cette histoire. Reste que l'on ne comprend pas les limitations de la version Xbox 360 par rapport à son homologue PC et que l'on se demande pourquoi la vue tactique n'a pas été retenue sur la console de Microsoft. Associé à une jouabilité moins convaincante et une réalisation en retrait, cet élément nous pousse à sanctionner BioWare sur Xbox 360 et Playstation 3. Passionnant sur PC, Dragon Age : Origins reste un bon jeu sur console, mais en tout point inférieur.

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Nerces

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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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