Andy Rubin : "Il est possible de créer toute sorte d'applications avec Android"

09 juin 2008 à 11h37
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Google aurait-il volontairement coupé l'herbe sous le pied d'Apple, quelques jours seulement avant le lancement du nouvel iPhone 3G par Steve Jobs? C'est du moins l'impression qu'on a dans la Silicon Valley après la démonstration cette semaine d'un téléphone mobile 3G développé par le moteur de recherche et qui rivalise en fonctionnalités avec celui d'Apple. Le secret? Android, une plateforme logicielle destinée aux téléphones mobiles qui a déjà obtenu le soutient des fabricants HTC, LG, Motorola et Samsung, et d'opérateurs comme les japonais KDDI et NTT Docomo, l'américain Sprint et les européens Telecom Italia, Telefonica et T-Mobile. Pour s'imposer face à l'iPhone, Windows Mobile, Symbian et RIM, Google joue la carte de l'ouverture avec un système entièrement gratuit et open source. Explications d'Andy Rubin, le responsable d'Android chez Google.

JBS - Qu'est-ce qu'Android?

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Andy Rubin
AR- C'est un ensemble de logiciels, beaucoup appelleraient cela une plateforme, pour téléphones mobiles fonctionnant sous Linux. Avec Android, un fabricant a ainsi tous les éléments nécessaires (un navigateur Web, une machine virtuelle Java, des applications de base...) pour développer leurs appareils. Dans ce sens, Android est concurrent de Windows Mobile, de la version MacOS X de l'iPhone ou de Symbian. En revanche, puisque Android sera open source, les fabricants auront toute la liberté de le modifier, que cela soit au niveau de l'interface utilisateur, des applications elles-mêmes, etc. Cependant, l'erreur qui est souvent faite est de considérer Android comme une solution uniquement pour les smartphones ou les téléphones haut de gamme. En fait, c'est une plateforme générique qui fonctionne aussi bien avec un téléphone doté d'un écran tactile, d'un trackball ou même d'un appareil sans écran.

JBS - Android sera-t-il vraiment open source?

AR- Une grande partie d'Android le sera quand les premiers téléphones seront disponibles, dans la 2ème moitié de l'année. La raison de retarder ainsi le passage en open source est de s'assurer qu'Android sera parfaitement fiable et stable dès sa sortie. Après, les gens pourront en faire ce qu'ils veulent. C'est pourquoi nous avons aussi choisi d'adopter la licence open source de l'Apache Foundation qui n'oblige pas, contrairement à la licence GPL, de partager avec ces concurrents ou le reste de la communauté open source les améliorations faites à Android.

JBS - Ne courrez-vous donc pas le risque de voire différentes versions incompatibles d'Android, comme c'est le cas avec Java?

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AR- C'est évidemment possible et c'est en partie pour cette raison qu'Android n'est pas encore open source. Il est important pour cela d'atteindre une masse critique. Et ce ne sera le cas qu'avec les premiers téléphones qui arriveront sur le marché. Après, seuls les téléphones qui passeront notre test de compatibilité seront certifiés Android. C'est une manière de contrôler qu'il n'y ait pas de versions incompatibles et qu'une application Android puissent fonctionner avec tous les téléphones.

JBS - Avec l'iPhone, Apple contrôle les applications développées et leur distribution via iTunes. Est-ce que ce sera différent avec Android?

AR- Il est possible de créer toute sorte d'applications avec Android, du jeu vidéo à la boussole numérique. Et nous n'avons pas l'intention de dicter ou de contrôler le développement ni la distribution de ces applications. En revanche, nous aurons un site qui listera les applications Android disponibles, à l'image de Youtube pour les vidéos, ainsi qu'un mécanisme pour les télécharger directement sur le téléphone.

JBS - Comment les opérateurs mobiles réagissent-ils à l'idée de voir toutes sortes d'applications sur leur réseau?


AR- Beaucoup de ces réseaux mobiles datent de plus de 20 ans. A l'époque, les téléphones étaient des appareils fermés et n'avaient pas de mécanisme pour gérer la sécurité des applications. Ce n'est pas le cas avec Android, où nous avons bâti la sécurité au coeur de la plateforme, ce qui devrait rassurer les plus sceptiques. Mais au final, c'est le marché qui decidera. Et si les operateurs voient que les consommateurs se ruent sur les téléphones Android de leurs concurrents, ils n'auront pas d'autre choix que de s'ouvrir. C'est du moins ce que j'espère.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Su, dans la Silicon Valley (c) L'Expansion
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