Les entreprises bientôt toutes gérées par des appli mobiles ?

28 janvier 2014 à 17h18
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L'informatique des entreprises continue sa mutation, poussée par une partie des collaborateurs souhaitant des services simplifiés, à la manière de ce qu'ils utilisent sur leur smartphone.

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Éric Delgove, Deloitte
Derrière l'apparente simplicité des applications professionnelles en mode cloud se cachent une grande complexité et parfois, les mêmes difficultés que les logiciels installés en local. Pour débattre des changements induits par le cloud dans la gestion de l'entreprise, Oracle a réuni Pierre Hessler, président délégué de Capgemini et Éric Delgove, responsable du conseil en technologies chez Deloitte, à son Cloud World à Paris.

Première observation : le profil des collaborateurs en entreprise a changé depuis ces cinq dernières années. Cela coïncide avec la généralisation des smartphones puis des tablettes. « Une familiarité s'est créée avec ces outils où il suffit d'appuyer sur un bouton pour obtenir une action et cette transformation a eu des répercussions en entreprise », note Pierre Hessler.

À côté des ERP traditionnels « centralisés », une évolution technologique liée au cloud et au « design thinking » (où le processus de création est centré sur le design) a été « dopée par ces individus mieux formés ». De l'avis d'Éric Delgove, « c'est une attente forte des utilisateurs qui n'acceptent plus de passer plusieurs jours en formation pour maîtriser un logiciel, ils ont pris goût aux choses qui fonctionnent tout de suite ». Et de confier que « Deloitte doit les suivre ».

Le cloud induit une grande complexité

En visite dans une grande entreprise chinoise, Pierre Hessler se rappelle avoir rencontré une responsable des ressources humaines, fière d'avoir terminé la mise en production de son logiciel de gestion RH après trois ans de développement, mais qui déplorait que personne ne voulait l'utiliser. La raison ? « L'interface était bien trop vieille et complexe », affirme le responsable chez Capgemini. « Pour être efficace et accepté aujourd'hui le logiciel doit ressembler à une application pour smartphone, être intuitif ».

Le cloud (le software-as-a-service (SaaS) ici), de l'aveu des deux intervenants, n'est rien qu'une évolution technologique. Mais derrière, il permet une révolution des usages et c'est en cela qu'il est intéressant. Toutefois, il s'accompagne de plusieurs obstacles. Le premier est la difficulté inhérente à sa technologie. « Le paradoxe du cloud est que sa simplicité cache une grande complexité », notent-ils. Laquelle échoit sur les épaules du DSI, « qui doit gérer la nouvelle infrastructure et sa sécurisation ».

En outre le cloud ne permet pas forcément de se prémunir des défauts d'intégration des données et du fameux travail en silo. « D'abord les entreprises sont encore très peu intégrées actuellement, quel qu'ait été le rôle des ERP », tient à faire remarquer Pierre Hessler. « Ensuite le cloud peut aussi reconstruire des silos, ce qui n'aurait pas de sens car c'est avant tout un très bon outil d'intégration ».

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Pierre Hessler, Capgemini

D'autres évolutions à venir

Enfin, quid du cadre légal ? Éric Delgove, de Deloitte, rappelle que le cadre juridique s'adapte toujours après-coup. Sur ce point, il concède que « la Cnil fournit de bonnes recommandations mais sur ce domaine, beaucoup de décisions se font à l'échelle de l'Europe ». Selon lui, le nouveau système européen de protection des données personnelles, attendu en 2016, « va alourdir les process car de nouvelles dispositions ralentiront les choses » - les intégrateurs seront concernés par les éventuelles sanctions (2% du chiffre d'affaires).

Cette nouvelle directive ne freinera pas pour autant les avancées du cloud en entreprise. Les simplifications des nouveaux outils offrent plus d'agilité et favorisent l'échange entre les équipes du business et de l'informatique. « Avant on envoyait une demande à l'IT et on regardait deux ans après si ça marchait. Or la technologie doit aussi être en amont, avec le business, car il faut comprendre les relations de cause à effet qu'ils peuvent avoir », souligne Pierre Hessler.

Dans cet ensemble, la question qui se pose naturellement concerne l'avenir de la DSI. « C'est une interrogation légitime et ils nous la posent de plus en plus », indique Deloitte. « La réponse est qu'ils travaillent en catalyseurs et formateurs de l'équipe dirigeante, et en conseillers auprès des métiers ».

Cas d'usage de la suite Applications Cloud

Cette table ronde a permis à Oracle d'introduire la présentation de sa suite Applications Cloud, disponible sur tablette. Et de se livrer à une démonstration en direct de ses solutions mobiles. Human Capital Management Cloud permet par exemple de suivre les performances de ses équipes depuis sa tablette, comme le diagramme représentant le taux de rotation du personnel.

Imaginons que celui-ci soit élevé. Afin d'identifier la source du problème, le responsable peut isoler un collaborateur dont la situation est préoccupante. Il accède à sa fiche présentant ses compétences, son parcours au sein de l'entreprise mais aussi la probabilité qu'il quitte la société au regard du temps d'embauche moyen pour ce genre de poste, de ses qualifications, augmentations (au pas), etc.

Le responsable RH peut visualiser le suivi de ses objectifs et remarquer qu'il est très en retard sur ceux-ci. Afin de vérifier si le problème vient de ce collaborateur, il les compare avec ses collègues et remarque par exemple qu'ils sont tous dans le même cas. Plusieurs actions s'offrent à lui comme proposer un rendez-vous, confirmer une augmentation, et d'autres. En parallèle, il peut accéder aux candidatures, comparer les compétences, voir un résumé des profils LinkedIn...


Oracle a également fait la présentation de son outil dédié aux commerciaux. Ici, un collaborateur a accès depuis sa tablette aux opportunités d'affaires, à l'historique client, aux incidents passés rencontrés. En contact avec la brique marketing de la suite Oracle, via l'ERP, il peut aussi visualiser si le client s'est rendu sur le site du fournisseur afin de mieux cerner ses besoins et attentes.

Avec Oracle BigMachines, racheté fin 2013, il peut éditer un devis puis fixer un prix en liaison avec le manager. Enfin le contrat peut se conclure via signature électronique. La sécurisation est réalisée ici grâce à un partenariat avec le spécialiste de la signature électronique DocuSign. Si Oracle n'a rien annoncé de nouveau à son Cloud World, il a montré dans quelle mesure, aujourd'hui, on pouvait piloter une entreprise depuis le cloud, avec une tablette.
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