Le recrutement par Intel d'un cadre dirigeant de TSMC vire au scandale d'espionnage industriel. Taïwan lance une enquête pour sécurité nationale après des soupçons de vol de secrets sur les technologies de gravure en 2 nanomètres.

Wei-Jen Lo. © ITRI
Wei-Jen Lo. © ITRI

À 75 ans, on imagine une retraite paisible. Pas pour Wei-Jen Lo. Après 21 ans passés chez TSMC, le géant taïwanais de la fonderie, ce vétéran a fait ses cartons pour rejoindre l’éternel rival, Intel. Problème : la presse taïwanaise l'accuse d’avoir glissé dans ses affaires des documents confidentiels sur les futures technologies de gravure. Un cadeau de bienvenue qui pourrait s'avérer empoisonné pour un Intel qui peine déjà à faire valoir sa nouvelle casquette de fondeur.

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La couronne du roi en jeu

Ce qui inquiète Taïwan, ce n'est pas tant le départ d'un de ses cerveaux, mais ce qu'il aurait pu emporter avec lui. Les documents en question concerneraient ni plus ni moins que les futurs procédés de gravure de TSMC, le véritable trésor de guerre de l'entreprise. Cette technologie est l'assurance-vie de l'île, un joyau industriel qui suscite toutes les convoitises. Voir un tel savoir-faire potentiellement filer chez le concurrent direct, qui peine justement à rattraper son retard, a de quoi donner des sueurs froides.

L'affaire est d'autant plus sensible que le patriotisme économique est à son comble à Taïwan. Les investissements de TSMC aux États-Unis avaient déjà été perçus par certains comme une forme de trahison. Ce nouvel épisode ne fait que raviver les craintes d'une perte de souveraineté technologique, orchestrée ou non, au profit de l'allié américain. Le gouvernement taïwanais a promis de tout mettre en œuvre pour protéger son fleuron.

« Circulez, il n'y a rien à voir »

Face au scandale qui gronde, la réponse d'Intel est d'une simplicité désarmante. Par la voix de son directeur général, Lip-Bu Tan, le fondeur américain balaie les accusations, parlant de « rumeurs et spéculations ». Selon lui, Intel a trop de respect pour la propriété intellectuelle pour jouer à ce petit jeu, surtout avec un partenaire de la trempe de TSMC. Une défense classique, mais qui peine à calmer les esprits.

Wafer TSMC - Los Angeles Times

Après tout, cette embauche est une aubaine pour Intel, engagé dans une course-poursuite technologique pour tenir sa promesse de livrer ses processeurs Panther Lake à temps. Obtenir ne serait-ce qu'une bribe d'information sur les méthodes de son rival pourrait valoir de l'or. Reste que détenir une recette de cuisine ne garantit pas de pouvoir la reproduire sans le tour de main du chef et les bons ustensiles. La fabrication de puces est un art si complexe qu'un simple transfert de documents pourrait s'avérer inutile.

Alors, simple tempête dans un verre d'eau ou véritable séisme industriel ? Pour l'heure, Intel joue la carte de l'innocence, TSMC la joue fine en menant l'enquête sans faire de vagues, et Taïwan retient son souffle. L'issue de ce thriller technologique pourrait bien redessiner les alliances et les rivalités dans le ballet incessant des talents qui animent le secteur.

Source : WCCFTECH