À partir du 1er novembre, les heures creuses d'électricité changent pour 11 millions de foyers français. Voici tout ce qu'il faut savoir sur cette réforme qui rebat les cartes d'un système vieux de 60 ans.

Le compte à rebours est lancé. Dans une grosse dizaine de jours, le 1er novembre très exactement, le vieux système heures pleines-heures creuses, hérité de l'ère du tout-nucléaire, va évoluer. Les panneaux solaires, qui inondent désormais les toits français et produisent massivement de l'énergie entre 11h et 16h, ont poussé la Commission de régulation de l'énergie à faire bouger les lignes. Du coup, une partie des heures creuses migre l'après-midi pour coller aux nouvelles réalités de production. Onze millions de foyers vont devoir ajuster leurs habitudes.
Les heures creuses s'adaptent enfin au boom du photovoltaïque
Le dispositif heures pleines-heures creuses est né dans les années 1960 avec l'arrivée des centrales nucléaires. Ces usines à électricité produisent jour et nuit, qu'on en ait besoin ou non. Après le choc pétrolier des années 1970, l'État étend le système aux particuliers, avec huit heures quotidiennes à tarif réduit, pour lisser la demande nationale.
Le principe est simple, vous faites tourner votre lave-linge et chauffez votre ballon d'eau chaude la nuit, vous payez moins cher. Aujourd'hui, 14,5 millions de foyers ont adopté cette option, selon l'UFC-Que Choisir. Mais le paysage énergétique a radicalement changé. Les installations solaires créent désormais des pics de production en pleine journée, là où le réseau déborde littéralement d'électricité verte, comme le rappelle 60 millions de consommateurs.
La Commission de régulation de l'énergie a donc lancé fin 2024 une refonte totale qui s'étalera jusqu'en 2027. Vous conserverez huit heures creuses par jour, mais avec une nouvelle règle, celle d'un minimum de cinq heures consécutives la nuit, et jusqu'à trois heures qui pourront basculer entre 11h et 17h, surtout l'été. L'objectif est de profiter du soleil quand il brille et soulager le réseau aux vraies heures de pointe.
Calendrier, impacts et mode d'emploi pratique
Dès le mois de novembre, 1,7 million de clients vont voir leurs heures creuses repositionnées d'ici juin 2026. Ils ont aujourd'hui des plages jugées « mal positionnées » par Enedis, le gestionnaire du réseau. Concrètement, tout ce qui tombe entre 7h et 11h (réveil, douche, petit électroménager) ou entre 17h et 23h (retour du travail, chauffage, cuisine) disparaît des heures creuses. Car ce sont des pics de consommation, pas des creux.
La deuxième vague interviendra entre décembre 2026 et octobre 2027. Là, ce sont 9,3 millions de foyers qui basculeront sur un système saisonnier avec des heures creuses différentes l'été (1er avril-31 octobre) et l'hiver (1er novembre-31 mars). La bonne nouvelle, c'est que 3,5 millions de clients sont déjà dans les clous avec des heures creuses entre 23h et 7h, clients pour lesquels rien ne change. Votre fournisseur doit, rappelons-le, vous prévenir au moins un mois avant toute modification.
Côté pratique, les compteurs Linky seront reprogrammés à distance. Votre chauffe-eau asservi s'adaptera automatiquement aux nouvelles plages. Et pour le reste, préparez-vous à jongler avec les départs différés si vous voulez profiter des heures creuses diurnes en votre absence.
Attention toutefois : si vous rechargez une voiture électrique sur prise standard (sept à neuf heures de charge), vos nouvelles plages nocturnes pourraient devenir trop courtes. Avant tout, utilisez la calculette du médiateur national de l'énergie pour vérifier si cette option reste rentable pour vous.
Sources : 60 millions de consommateurs, Clubic