Dès le 1er novembre, les heures creuses pourraient évoluer pour 11 millions de Français. Une réforme du dispositif paraît inévitable pour s'adapter aux nouvelles réalités de production d'énergie renouvelable.

Un courrier de votre fournisseur d'électricité vous a peut-être déjà alerté. Un grand chambardement tarifaire est en train de se mettre en place, puisque le vieux système heures pleines-heures creuses, hérité de l'ère du tout-nucléaire, se prépare. Les innombrables panneaux solaires, qui inondent désormais nos toits, vont pousser la Commission de régulation de l'énergie à déplacer une partie des heures creuses l'après-midi, pour profiter des pics de production photovoltaïque.
Pourquoi vos heures creuses vont se déplacer vers l'après-midi
Remontons le temps pour comprendre. Les années 1960 ont vu naître le dispositif heures pleines-heures creuses avec l'arrivée des centrales nucléaires françaises. Ces dernières produisent jour et nuit, qu'on en ait besoin ou non. Dans les années 1970-80, après le choc pétrolier, l'État a étendu le système aux particuliers, avec huit heures quotidiennes à tarif réduit pour lisser la demande. Le deal est simple, puisqu'on consomme moins cher quand le pays dort, pour schématiser.
La donne a radicalement changé. Aujourd'hui, selon l'UFC-Que Choisir, 14,5 millions de foyers ont adopté cette option tarifaire. Mais le paysage énergétique s'est métamorphosé, avec des installations solaires qui fleurissent partout et créent des pics de production entre 11h et 16h les jours ensoleillés. Le réseau ne manque pas d'électricité verte en milieu de journée, bien au contraire, alors que les heures creuses restent coincées la nuit.
La Commission de régulation de l'énergie a donc lancé fin 2024 un chantier titanesque qui courra jusqu'à fin 2027. L'idée est de déplacer une partie des heures creuses vers l'après-midi pour profiter de la manne solaire. Les Français concernés conserveraient huit heures creuses quotidiennes, dont minimum cinq consécutives la nuit. Mais jusqu'à trois heures pourront migrer entre 11h et 17h, surtout l'été quand le soleil brille le plus.

Mode d'emploi : comment savoir si vous êtes dans la boucle
Pour savoir si vous faites partie des 11 millions de foyers impactés par la réforme, vous pouvez évidemment le savoir en vous rendant sur votre espace client ou en consultant votre facture. Vos plages d'heures creuses actuelles y figurent obligatoirement. Si une partie de ces heures se situe entre 7h et 11h du matin, ou entre 17h et 23h le soir, bingo, vous faites partie des millions de Français concernés.
Mais alors pourquoi ces créneaux posent-ils problème ? Le matin entre 7h et 11h, tout le monde se réveille, prend sa douche et fait tourner le petit électroménager. Le soir entre 17h et 23h, les Français rentrent chez eux et allument chauffage, plaques de cuisson et téléviseurs. Bref, des pics de consommation. Enedis, qui gère 95% du territoire, juge donc ces heures « mal positionnées » pour être considérées comme creuses.
En revanche, si vos huit heures creuses s'enchaînent tranquillement entre 23h et 7h, vous pouvez souffler. Vous êtes dans le club privilégié des 3,5 millions de foyers épargnés par la réforme. Pourquoi ? Car votre contrat colle déjà aux nouvelles exigences du régulateur. L'autre particularité, c'est que vos heures creuses pourront désormais varier selon la saison, avec des plages différentes entre la période estivale (1er avril au 31 octobre) et hivernale (1er novembre au 31 mars).
Le changement ne se fera cependant pas du jour au lendemain. Même si Enedis peut reprogrammer les compteurs Linky à distance, l'opération s'étalera sur trois ans. Votre fournisseur vous préviendra au moins un mois avant que vos heures ne changent. Le point positif, c'est que vous n'aurez rien à faire. Vos appareils connectés au Linky, comme le ballon d'eau chaude, s'adapteront automatiquement aux nouvelles plages horaires.
Source : UFC-Que Choisir