Le mastodonte chinois des drones s'attaque désormais au marché domestique avec un aspirateur robot au positionnement premium. Pour ce faire, DJI mise sur une technologie qu'il maîtrise à la perfection : la détection d'obstacles de ses célèbres aéronefs.

DJI, dont le nom est indissociable des quadricoptères qui peuplent notre ciel, s'aventure désormais sur nos parquets. Le constructeur de Shenzhen met à profit des années de recherche et développement en navigation aérienne pour se positionner sur le segment très compétitif des aspirateurs robots. Cette diversification s'appuie sur une transposition technologique audacieuse, visant à offrir une navigation au sol d'une précision encore rare sur le marché.
Du ciel au plancher : un transfert de technologie stratégique
La proposition de DJI ne sort pas de nulle part ; elle est le fruit d'une réadaptation intelligente de ses systèmes de navigation déjà éprouvés dans les airs. Au lieu de repartir d'une page blanche, la firme capitalise sur les technologies de détection d'obstacles qui assurent la sécurité de ses drones pour les intégrer à un appareil domestique. Cette manœuvre lui confère d'emblée un avantage technique majeur sur un marché où la précision de la navigation est un enjeu critique.
Le cœur du système repose sur une association de capteurs, dont la technologie Time-of-Flight (ToF), qui mesure la distance en calculant le temps de parcours d'un signal lumineux. Associée à des capteurs visuels, cette technologie, héritée du système APAS (Advanced Pilot Assistance Systems) de drones comme le Mavic 3, permet de créer une carte tridimensionnelle très détaillée de l'environnement. Appliquée à l'aspirateur, elle lui permet de repérer et contourner les petits objets (câbles, jouets, chaussures) qui piègent encore la plupart des modèles concurrents.
Une approche qui bouscule les standards du secteur
Le marché des aspirateurs robots est aujourd'hui largement dominé par la technologie LiDAR, popularisée par des acteurs établis comme Roborock. Ce système, qui emploie un laser rotatif pour cartographier les pièces, est très efficace pour la planification globale des trajets de nettoyage. Il montre cependant ses faiblesses face aux obstacles bas, que son faisceau laser a souvent tendance à survoler sans les détecter.

L'approche de DJI, qui combine vision par caméra et détection de profondeur ToF, entend justement pallier cette lacune récurrente. En se dotant d'une perception plus complète et plus fine de son environnement immédiat, l'aspirateur prend des décisions plus pertinentes pour éviter les pièges du quotidien. Le résultat attendu est un cycle de nettoyage plus autonome, réduisant le besoin d'intervention humaine pour préparer la pièce ou décoincer l'appareil.
Diversifier pour pérenniser
Cette incursion dans le monde de la domotique est avant tout une décision stratégique pour DJI. Elle lui permet de chercher de nouvelles sources de croissance en dehors du marché des drones, un secteur de plus en plus encadré par des réglementations contraignantes à travers le monde. En exploitant son portefeuille de brevets, le fabricant démontre sa capacité à adapter ses innovations à des applications grand public à fort potentiel de rentabilité.
Ce premier pas au sol pourrait n'être qu'une étape avant d'autres déploiements. L'expertise de DJI dans des domaines comme la stabilisation d'image (gimbals), la gestion de batteries ou la transmission vidéo pourrait bien se retrouver demain dans d'autres appareils, des caméras de surveillance aux stabilisateurs pour smartphone. Le défi pour DJI sera désormais de convaincre les consommateurs que son savoir-faire aérien apporte une réelle plus-value au ras du sol.
Source : Engadget