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OLPC, Intel, Microsoft & co. à l'assaut des pays en développement

14 décembre 2007 à 13h18
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Un million de PC portables à très bas prix destinés au segment éducation devraient être livrés en 2008, selon l'estimation du cabinet d'études Gartner. Ce chiffre pourrait atteindre les 6 millions fin 2012. Les pays émergents sont les marchés clés pour ces produits, du micro-portable conçu dans le cadre du projet de l'association OLPC (One Laptop per Child / Un ordinateur portable par enfant) au Classmate PC du fabricant américain de microprocesseurs Intel.

L'initiative éducation-informatique d'OLPC a le plus marqué les esprits, industriels et opinion publique. Organisation à but non lucratif créée et dirigée par l'informaticien américain Nicholas Negroponte, co-fondateur du Media Lab du Massachusetts Institute of Technology (MIT), l'OLPC s'est donnée pour mission d'encadrer la production et la distribution d'ordinateurs portables à bas prix à l'attention de la jeunesse des pays en développement.

Dévoilé en novembre 2005, lors de la seconde phase du Sommet mondial sur la société de l'information organisée à Tunis, le prototype d'ordinateur portable est alors médiatisé sous l'expression de « PC à 100 dollars » ou « Children's Machine ». L'initiative a fait couler beaucoup d'encre, avant de faire des émules, y compris parmi les critiques, Intel et Microsoft en particulier.

One Laptop per Child (OLPC), un projet éducatif avant d'être informatique

Du « PC à 100 dollars » à l'XO : après une série de modèles tests, l'ordinateur, tout en conservant sa coque en plastique vert, a évolué pour devenir « l'XO ». Son prix a été réévalué à la hausse, pour être fixé à 188 dollars l'unité en novembre 2007, lorsque la production de masse assurée par le fabricant taïwanais Quanta, a débuté. L'objectif étant, à l'avenir, de se rapprocher des 100 dollars.

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XO

Cette machine de 1,5 kg est équipée d'un écran dual mode TFT-LCD de 7.5”, d'un processeur AMD Geode LX 700 avec contrôleur graphique intégré, de 256 Mo de DRAM, de 1024 Mo de mémoire flash, d'une carte WiFi (Marvell 802.11 b/g), de 3 ports USB, d'un mini-jack audio, d'un clavier de 80 touches, d'un touchpad, d'une webcam, d'un micro et d'enceintes intégrés. Du côté software, l'XO utilise des logiciels libres et open source, dont l'interface utilisateur Sugar et une version du système GNU/Linux issue de la distribution Fedora soutenue par . Par ailleurs, une version 'offline' de l'encyclopédie libre Wikipedia est intégrée à l'XO. Pour vendre sa machine, OLPC s'adresse directement aux gouvernements des pays intéressés.

Les premiers pays acheteurs

En octobre 2007, l'Uruguay a signé un contrat pour 100.000 XO. Les premières machines ont été livrées aux élèves d'écoles primaires dans le pays en décembre. Ce même mois, le Pérou a validé une commande portant sur 40.000 ordinateurs à 188 dollars l'unité, avec une option sur 210.000 machines supplémentaires. Enfin, OLPC déclare avoir enregistré une commande ferme de 50.000 unités au Mexique financée par le milliardaire mexicain Carlos Slim.

Parallèlement, OLPC a lancé le 12 novembre 2007 son opération « Give One, Get One ». Cette initiative permet aux amateurs installés aux Etats-Unis et au Canada d'acheter pour la somme de 399 dollars deux XO, un pour le consommateur, l'autre distribué à un enfant d'une nation en développement. L'opération a été reconduite une première fois jusqu'au 31 décembre 2007. OLPC a déclaré début décembre avoir généré 24 millions de dollars de commandes par ce biais.

« One Laptop per Child a été beaucoup critiquée et, malgré tout, les critiques copient ou s'inspirent de notre projet », a déclaré Nicholas Negroponte. Alors que des sociétés comme AMD, Google, Red Hat et Nortel comptent parmi les premières à avoir apporté leur soutien au projet, les groupes Microsoft et Intel ont, un temps, été très virulents vis-à-vis de cette initiative.

Microsoft met de l'eau dans son vin

Au printemps 2006, Bill GATES, co-fondateur et architecte en chef de l'éditeur américain, a mis en garde OLPC. L'entrepreneur soulignait que le coût du matériel ne représente qu'une petite partie du budget que devra allouer une collectivité pour proposer à ses jeunes une expérience informatique valable. En outre, ajoutait Bill Gates, il importe d'ajouter à ce budget : le coût de l'accès Internet, du support et des applications (NDLR : Gates prêchait pour sa paroisse, car le modèle économique du logiciel propriétaire, dont Microsoft est la référence, repose sur la vente de licences d'utilisation coûteuses, ce qui n'est pas le cas pour les logiciels libres et open source).

Bill Gates insistait : « la dernière chose que l'on souhaite est l'absence d'un disque dur et la présence d'un écran minuscule sur un ordinateur partagé par plusieurs utilisateurs ». Cette intervention était également une manière de mettre en avant les terminaux ultra-mobiles de type Origami, et la technologie FlexGo permettant un achat progressif, à l'usage, de PC sous Windows.

Coup de théâtre, en décembre 2006, après avoir discuté avec Bill Gates, Nicholas Negroponte a indiqué que l'ajout d'un emplacement carte mémoire SD à l'XO, alors en devenir, pourrait permettre à Microsoft d'y installer Windows et d'autres logiciels de sa marque. Depuis, Microsoft a confirmé son intérêt. Toutefois, l'éditeur a récemment précisé avoir besoin de 2 Go pour intégrer Windows et la suite bureautique Office à l'XO (qui ne dispose à ce jour que d'un GO). Windows sur l'XO en 2008 ?

Intel, une vision commerciale du marché « PC low cost »

Intel, qui a développé son propre ordinateur à bas prix (environ 200 dollars) pour les marchés émergents, le Classmate PC, s'est également opposé à OLPC avant de lui apporter son soutien.

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Classmate PC

Au printemps 2007, le ton est monté entre l'organisation à but non lucratif et l'industriel. Lors d'une intervention au MIT, Nicholas Negroponte a accusé Intel de vendre son Classmate en dessous des coûts de production pour mieux l'évincer du marché, et a rappelé que l'XO est équipé d'un processeur AMD, concurrent d'Intel. Craig Barrett, chairman d'Intel, qui, en 2006, avait qualifié le PC portable d'OLPC de « gadget », a rejeté l'accusation. « Nous n'essayons pas d'évincer OLPC, nous essayons d'offrir des opportunités aux jeunes », a affirmé Barrett.

A la suite de ces vives discussions, le fondeur s'est finalement déclaré, en juin 2007, prêt à soutenir OLPC et sa mission. Dans la pratique, le Classmate et l'XO intéressent les mêmes pays. Aujourd'hui, le gouvernement brésilien hésite. Le Nigeria, qui semblait pencher pour l'XO, a finalement passé commandes pour des Classmate, la Libye également.



D'autres initiatives : de l'Eee PC d'Asus au supercalculateur d'IBM

En octobre 2007, le fabricant taïwanais Asus a dévoilé l'Eee PC, un utra-portable sous Linux, vendu 399 dollars. Plutôt qu'une alternative à l'XO, l'Eee PC est une machine économique « pour tous ».

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Eee PC

En novembre de la même année, à l'initiative des Nations Unies, un site web dédié au développement est né : MDGmonitor.org. Basé sur les technologies de Google et de , il permet aux acteurs concernés de suivre et d'évaluer les efforts de lutte contre la pauvreté engagés dans le cadre du Millénaire pour le développement (MDG). MDGmonitor.org n'est pas sans rappeler ITU Global View, une plate-forme de suivi de l'utilisation des technologies de l'information sur le continent africain. La plate-forme a été dévoilée par Microsoft et l'Union internationale des télécommunications (UIT ou ITU en anglais) lors du sommet Connecter l'Afrique, organisé fin octobre 2007 à Kigali, Rwanda.

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Connecter l'Afrique

En décembre, le groupe informatique américain IBM a annoncé mettre à disposition son supercalculateur Blue Gene/P au Meraka Institute. Le supercalculateur sera hébergé par le CHPC (Center for High Performance Computing) au Cap, en Afrique du Sud. Les capacités de la machine seront utilisées par les centres de recherche, les universités et les administrations publiques.

Des perspectives

OLPC cible la jeunesse des pays en développement qui n'est pas encore équipée. L'approche commerciale d'Intel vise une cible plus large : les salles de classe, la mise en réseau, la formation des professeurs... Sans surprise, le cabinet Gartner estime que l'approche 'salle de classe' d'Intel sera « la plus efficace pour accélérer la livraison de PC à très bas prix ».

Enfin, le succès ou l'échec des PC à très bas prix dépendrait de six facteurs : l'implication et le financement des gouvernements, le soutien de Microsoft, le soutien d'Intel et d'AMD, les tarifs attractifs, les logiciels et les formations dans la langue locale concernée, les coûts supportés. Réduire la fracture numérique est essentiel pour le développement des économies émergentes, c'est également un moteur pour le futur de l'industrie du PC : « car les utilisateurs de micro-ordinateurs à très bas prix aujourd'hui pourraient devenir de traditionnels utilisateurs de PC demain ».
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