Des milliers de détecteurs de radiation surveillent la planète en temps réel. L'infrastructure mondiale, née après les tragédies de Fukushima et Tchernobyl, est taillée pour alerter instantanément en cas de nouvelle catastrophe nucléaire.

Des milliers de détecteurs de radiation surveillent secrètement la planète en temps réel. © Runawayphill / Shutterstock
Des milliers de détecteurs de radiation surveillent secrètement la planète en temps réel. © Runawayphill / Shutterstock

Depuis les catastrophes de Tchernobyl et Fukushima, gouvernements et citoyens ont déployé des milliers de capteurs pour surveiller la radioactivité ambiante. Ces sentinelles électroniques, présentes dans les aéroports, universités et villes du monde entier, analysent l'air en permanence. Elles sont prêtes à sonner l'alarme en à peine un instant, à la moindre anomalie

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Des capteurs permanents déployés partout depuis l'accident de Tchernobyl

En 1986, la catastrophe de Tchernobyl est restée secrète pendant deux jours entiers, en partie pour préserver la grandeur de l'ex-URSS. Ce sont finalement des capteurs suédois, à des centaines de kilomètres, qui ont détecté le nuage radioactif dérivant vers l'ouest. Le monde découvre alors l'ampleur du désastre par ricochet.

Ce fiasco a déclenché une prise de conscience massive. L'Autriche, le Royaume-Uni et d'autres nations ont rapidement installé des réseaux permanents de détection. Ces sentinelles électroniques analysent désormais l'air en continu, capables de repérer toute anomalie dans le ballet incessant des particules. Plus jamais un tel secret ne serait possible.

Kim Kearfott, professeure en ingénierie nucléaire à l'Université du Michigan, explique cette révolution à nos confrères de Wired. Elle a installé des détecteurs partout : sur les toits, dans les sous-sols, et même dans les bâtiments adjacents. « La pandémie m'a terrifiée parce qu'il n'y a pas de moyen simple de détecter le virus Covid. Là, je peux attraper un détecteur et immédiatement détecter la radiation. »

Plus de 5 000 détecteurs citoyens cartographient maintenant la radiation mondiale

Plus récemment, en mars 2011, un tsunami a frappé le Japon. La centrale de Fukushima Daiichi a alors libéré d'importantes quantités de radiation dans l'atmosphère. Mais contrairement à Tchernobyl, cette fois la réaction fut immédiate. Le problème, c'est que les données gouvernementales restent opaques, inaccessibles au public. Sean Bonner, cofondateur de l'association Safecast, rappelle qu'« il n'y avait pas de surveillance en temps réel. La plupart des systèmes en place… étaient gouvernementaux, donc derrière des portes closes. »

Les détecteurs de radiation étaient en rupture de stock mondiale à l'époque. Depuis, Safecast a développé des appareils que chacun peut fabriquer chez soi. Les données récoltées alimentent même une carte numérique publique. Aujourd'hui, quatorze ans après la catastrophe, plus de 5 000 détecteurs connectés cartographient la radioactivité planétaire en temps réel.

Les bénévoles qui arpentent Tokyo ont fait des découvertes étonnantes. La radioactivité varie énormément, même sur quelques mètres. « Nous voyions des niveaux bien plus élevés dans les rigoles et les gouttières », raconte Sean Bonner. La pluie, qui concentre les particules radioactives en ruisselant, mais aussi le vent et la neige font partie des éléments qui peuvent constamment modifier l'invisible de la radiation urbaine sur la carte.

La surveillance est visible depuis la carte Safecast. © Capture d'écran Alexandre Boero / Clubic

L'Agence internationale de l'énergie atomique surveille la planète minute par minute

La nature elle-même génère de la radiation. À Hong Kong en 2023, de fortes pluies ont fait grimper les niveaux mesurés. Le fait est que le radon, un gaz radioactif qui s'échappe naturellement du sol, flotte dans l'atmosphère. Quand il pleut, l'eau ramène ces particules au sol. Les détecteurs enregistrent temporairement plus de radioactivité. Les mesures passent alors de 0,1 à 0,3 microsievert par heure.

Au siège viennois de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Marion Damien supervise une autre carte mondiale actualisée en quasi-temps réel. « Nous avons une grande carte du monde où les données apparaissent », explique-t-elle. Le vert domine, sauf sur deux zones, Fukushima et Tchernobyl, comme vous l'avez deviné. Le code couleur peut être jaune, orange, puis rouge au-delà de 1 000 microsieverts par heure, qui fut le niveau mesuré à Fukushima en 2011.

Les dispositifs de surveillance sont partout. L'aéroport d'Heathrow, à Londres, a intercepté en 2022 un colis suspect qui contenait une petite quantité d'uranium. L'entreprise Mirion fabrique même des détecteurs portables de radiations capables de distinguer une bombe sale d'un patient traité aux radioisotopes médicaux. Son directeur technologique affirme pouvoir distinguer s'il s'agit de radiation naturelle, d'un radioisotope médical ou d'un produit de fission. Une vigilance silencieuse qui rassure.