Le week-end dernier, Lyon a vibré au rythme du jeu vidéo japonais d'antan grâce au Japan Game Festival, organisé dans la salle Ficelle du 4e arrondissement. Au menu : des consoles rares (et d'autres très rares), des tubes cathodiques, des musiques 8 bits, des gros pixels et une rencontre avec Marcus (Level One).

Le Japan Game Festival s'est tenu les 8 et 9 novembre à la salle Ficelle de Lyon. ©Stéphane Ficca / Clubic
Le Japan Game Festival s'est tenu les 8 et 9 novembre à la salle Ficelle de Lyon. ©Stéphane Ficca / Clubic

Lyon, 4e arrondissement, 8 et 9 novembre. Deux jours durant, la Salle Ficelle a résonné du doux crépitement des tubes cathodiques et des musiques 8-bit. Le Japan Game Festival a ouvert ses portes, réunissant petits et grands autour d’une passion commune : celle du jeu vidéo japonais d’hier, de celui qui a façonné tant de souvenirs et de vocations.

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Des machines d'antan, pour toutes les générations de joueurs

Dès l’entrée, l’ambiance donne le ton : ici, point de battle royale à 120 fps ni de casques VR dernier cri. Le cœur du festival bat au rythme des vieilles cartouches, des manettes à deux boutons et des logos Sega et Nintendo qui scintillent encore dans nos mémoires.

Deux LaserActive, ainsi qu'une triplette de Game Gear. ©Stéphane Ficca / Clubic

L’événement, organisé par l’équipe de Warp Zone, a su retrouver cette atmosphère si rare aujourd’hui, celle des salons à taille humaine, où le partage et la nostalgie priment sur la performance.

Tous les jeux sont accessibles gratuitement. ©Stéphane Ficca / Clubic

Des dizaines de consoles, PC et bornes d’arcade étaient mises à disposition, gratuitement, pour le plus grand plaisir des visiteurs. Il suffisait de s’installer, de tendre la main vers une manette et de replonger en enfance, et/ou de tester enfin ce jeu que l'on voulait tant à la fin des années 1990.

La transmission intergénérationnelle en action. ©Stéphane Ficca / Clubic

Et c’est là que la magie opère : un père qui montre à son fils comment négocier un virage sur Mario Kart version Super Nintendo, un petit garçon qui découvre, hilare, le pistolet Zapper orange de la NES en essayant d’éradiquer les canards de Duck Hunt. L’émotion se lit dans les yeux, aussi bien chez ceux qui redécouvrent qu’auprès de ceux qui découvrent pour la première fois.

Un espace brocante est également de la partie. ©Stéphane Ficca / Clubic

Le Japan Game Festival, c’était aussi l’occasion de côtoyer des machines d’exception, parfois méconnues, souvent mythiques. Entre une Hi-Saturn de Sega, un Pioneer LaserActive toujours aussi improbable entre console et lecteur Laserdisc, et un Virtual Boy tout droit sorti des rêves (ou cauchemars) technologiques des années 90, les collectionneurs avaient de quoi s’émouvoir.

Une Hi-Saturn, aux côtés d'un kit de développement dédié à la console de Sega. ©Stéphane Ficca / Clubic

Ces reliques du passé rappellent à quel point l’histoire du jeu vidéo a été faite d’audace, d’expérimentations, et parfois d’échecs magnifiques.

Mais le festival ne se tourne pas uniquement vers le passé. Plusieurs développeurs indépendants étaient présents pour présenter leurs créations modernes, conçues… pour d’anciennes consoles !

Le Studio JohnDo, spécialisé dans la production Game Boy, proposait notamment un shoot'em up déjanté, et élaboré spécialement pour l'occasion. ©Stéphane Ficca / Clubic

Une manière touchante et passionnée de prolonger la vie de ces machines que personne ne souhaite voir endormies à jamais.

FFVIMan à l'oeuvre. ©Stéphane Ficca / Clubic

A cela s’ajoutaient des consoles custom, des vendeurs (de jeux vidéo, mais aussi de magazines, de pin’s, etc.), mais aussi des réparateurs de renom, aptes à modifier les consoles des visiteurs directement sur place.

Toute votre enfance ? ©Stéphane Ficca / Clubic

Et parce que le jeu vidéo, c’est aussi une affaire de figures emblématiques, le Japan Game Festival a accueilli quelques invités de marque : Frédérick Raynal, le père de Alone in the Dark, Florent Gorges, historien et conteur infatigable du retrogaming, et bien sûr Marcus, figure bien connue des téléspectateurs de Game One.

En quittant la salle Ficelle, difficile de ne pas ressentir un petit pincement au cœur. Ce festival, à taille humaine, respire la bienveillance et la passion. Il rappelle que le jeu vidéo, avant d’être une industrie colossale, reste avant tout une histoire de plaisir simple, si possible à partager.

Toujours accessible, toujours souriant, Marcus a pris le temps d’échanger avec ses (nombreux) fans, de partager anecdotes et souvenirs d’une époque où le pixel régnait en maître. Le plus intrépide des animateurs a également eu l’adorable gentillesse de nous accorder une petite interview, entre deux onigiris.

Interview Marcus (Game One), réalisée ce dimanche 9 novembre

  • Quel bilan tires-tu de l’aventure Game One et Level One. Sans parler de la récente fermeture, as-tu des regrets, des choses que tu aurais aimé faire ou faire différemment ?

Game One a été lancée en 1998, et Level One faisait partie des programmes disponibles dès le lancement de la chaîne. Pendant quelques années, on a fait l’histoire du jeu vidéo à la TV. A l’époque, avant l’arrivée de YouTube en 2007, quand tu aimais les jeux vidéo, tu avais soit les magazines, soit le dos de la jaquette avec 3 photos, soit Game One, où on pouvait pouvoir un journal des jeux vidéo, mais aussi Level One. C’était pour nous la meilleure façon de montrer du jeu vidéo, et on est heureux d’avoir été les premiers à le faire.

C’est quand même une chaîne à qui l’on doit un style de vidéo qui a été repris par des millions de gens depuis, avec ce fait de jouer en direct et commenter ce que l’on fait. Ce que je retiens de l’aventure Game One, c’est qu’on a fait avancer l’histoire du jeu vidéo, on a aidé à populariser le jeu vidéo, montrer que ce n’était pas un truc de crétins et/ou violents, que ce n’était pas un jouet pour les enfants, et que des adultes aussi jouaient aux jeux vidéo.

La PlayStation a changé l’image du jeu vidéo, avec des jeux plus « adultes », et nous on arrive à ce moment précis, en (dé)montrant que ce n’est pas que pour les enfants, comme beaucoup l'estimaient alors, mais aussi pour les ados, voire pour les adultes. Les animateurs étaient mûrs, posés, « normaux », et j’ai bien démontré qu’il n’était pas nécessaire d’être fort pour jouer aux jeux vidéo, du moment qu’on s’amuse et qu’on partage, c’est ça qui compte.

L’idée c’était vraiment de s’amuser, d’où l’idée du fond vert, de m’intégrer au jeu et pouvoir interagir avec les personnages du jeu. J’avais vraiment cette idée d’être à l’intérieur du jeu. D’ailleurs, la première appellation de Level One, c’était Inside, pour le côté « en immersion ». De l’intérieur du jeu, on montrait à quoi ça ressemblait, et ce qu’on pouvait faire.

Ma plus grande fierté, c’est d’avoir des parents de jeunes joueurs, qui ne connaissent rien aux jeux vidéo, et qui me disent : « Les jeux vidéo je n’y connais rien, mais avec votre émission et vos blagues, je m’y suis intéressé et du coup je joue avec mon fils, alors qu’avant je regardais ça avec méfiance. J’interdis plus, au contraire, ça nous rassemble ». La meilleure chose qu’ait faite Game One c’est de populariser le JV, de le dédramatiser, de montrer que ça se partage, et qu’on était des millions à partager ça.

Depuis les débuts de Game One, on a ce sentiment d’appartenir aux gens. Moi je leur appartiens, je suis dans le salon de certains depuis qu’ils sont tout petits (à l’époque où Game One était accessible via CanalSat !), on me considère comme un pote et je leur parle comme un pote. Il y a une proximité assez unique qui s’est créée avec les gens, et ceux qui me connaissent me connaissent très bien, « comme un vieux pote » finalement.

  • Quel regard portes-tu sur le jeu vidéo moderne ? Les exclusivités qui se font la malle, la dématérialisation, les consoles de salon de moins en moins nécessaires…

Moi je suis assez nostalgique de la période où il y avait une vraie concurrence. Tout le long de l’Histoire du jeu vidéo, on s’est bagarré à grands coups d’exclusivités. Petit à petit, les frontières sont devenues de plus en plus floues, et même si on peut se montrer critiques vis-à-vis de Nintendo qui reste sur ses licences fortes sans vraiment en créer de nouvelles, cela fonctionne très bien pour eux, et ils ont su garder ce système d’exclusivités.

Marcus et son stand qui ne désemplit jamais. ©Stéphane Ficca / Clubic

Chez PlayStation, on accueille les jeux Xbox, chez Microsoft, on a lâché ce côté-là, on veut vendre du service, du GamePass, avec les exclus Day One… Donc c’est super oui, mais quand mon Game Pass s’arrêtera, je n’aurai plus aucun jeu dans ma console. Il suffit même d’une panne d’Internet pour nous empêcher de jouer à certains jeux installés sur notre console. En réalité, on fait que louer tous ces jeux, c’est top à l’instant T, mais dans 20 ans ?

Les exclusivités, ça a toujours été le coeur de la « guerre des consoles », et en tant que gamer, on aime bien s’identifier à une marque. À l’époque on avait des fausses bagarres entre les fans de Sega et ceux de Nintendo. Je ne vais jamais étrangler un mec qui aime la Saturn, on va chacun défendre nos camps et on va rigoler après.

  • Quels sont tes récents coups de cœur vidéoludiques ?

J’ai été très surpris par Ghost of Yotei. Je suis « un vieux », j’ai été élevé aux dessins animés américains (Tom & Jerry, Disney, Hannah Barbera…) et je suis passé à côté de la vague manga. Ma culture manga s’arrête à Albator, Goldorak, Capitaine Flame et Ulysse 31.

Je ne suis pas forcément fasciné par le Japon, et tous les jeux basés sur le Japon Féodal, c’est pas ma tasse de thé. Mais Ghost of Yotei, je ne m’attendais pas grand chose… et ça fait longtemps que je n’avais pas pris une claque comme ça. C’est magnifique, tu cavales dans les rizières avec l’eau qui gicle, les grues qui s’envolent, les chevaux sauvages… J’ai retrouvé des moments que je n’avais pas connus depuis Shadow of the Colossus ou des jeux comme ça.

Et puis il y a une patte graphique, et il y a une ambiance de western qui marche tellement bien sur moi. Après il y aussi Absolum que j'ai testé récemment, c’est un super jeu, tous les détails sont top, et ce fait de pouvoir jouer à deux en local et en ligne. Indiana Jones et le Cercle Ancien aussi, que j'ai pris un vrai plaisir à finir.

  • La console de cœur de Marcus, celle qui fait remonter les émotions dès qu’on relâche le bouton Power ?

Ce n’est pas vraiment une console à proprement parler, mais pour moi c’est l’Amiga 500. Je me souviens de la supériorité des jeux face aux consoles de l’époque, en particulier Shadow of the Beast. C’est la « console » de mon adolescence, même si je sais que ce n’est pas vraiment une console. On se faisait offrir ça par les parents, ils pensaient qu’on travaillait et en fait on s’échangeait des centaines de disquettes.

Merci à Marcus pour sa bonne humeur et sa disponibilité à toute épreuve. ©Stéphane Ficca / Clubic

J’ai vraiment de très très bons souvenirs de l’Amiga, y avait Monkey Island, Les Tuniques Bleues (North & South), Defender of the Crown, Speedball, Battlechest, Gods, California Games, Xenon 2

Pour ce qui est du marché vraiment « consoles », je dirais que la Dreamcast est la meilleure console de tous les temps. Une console en avance sur son temps, avec le VMU incroyable, le jeu en ligne, tous les jeux d’arcade réellement à la maison (Crazy Taxi, Eighteen Wheeler…), plus d’autres jeux comme Power Stone, Shenmue, même Chu Chu Rocket c’était bien. Tout était bien en fait sur Dreamcast, il n'y a quasiment rien à jeter.

  • C’est quoi la suite de l’aventure Marcus et c’est où ?

Haha ! “C’est où ?”, si je savais… Dans un premier temps sur Twitch, ça fait 7 ans que je suis sur Twitch, en touriste total, avec la petite vignette taillée à la serpe du jeudi et le petit jeu de mots foireux. Je vais déjà continuer ici, donc ceux qui veulent me suivre peuvent s’abonner, et ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas sub, peuvent venir aussi, on s’amusera tout autant.

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