Cela fait plusieurs semaines que la SNCF limite les réservations de TGV entre Marseille et Aix-en-Provence depuis son outil SNCF Connect. Le groupe ferroviaire évoque la mise en place d'une politique antifraude.

Un clic, puis deux, puis l'incompréhension. Depuis le début du mois d'octobre, les voyageurs qui souhaitent réserver un TGV entre Marseille Saint-Charles et Aix-en-Provence TGV peuvent se heurter à un mur. Sur SNCF Connect, comme sur Trainline, de nombreux trains ont disparu des résultats. La SNCF assume ce grand ménage, justifié pour coincer les fraudeurs. Mais ce sont les usagers honnêtes qui trinquent.
Les TGV Marseille-Aix disparaissent des plateformes de réservation
Tous les TGV s'arrêtent à Aix-en-Provence, première étape vdepuis Marseille lorsque vous vous rendez à Lyon ou Paris. Pourtant, si vous essayez de réserver ce trajet, vous remarquerez que l'offre s'est réduite comme peau de chagrin, en passant à six malheureux trains quotidiens. Les autres sont invisibles, sauf si vous poussez jusqu'à Avignon.
Un habitant, dont La Provence a recueilli le témoignage, habite par exemple à cinq minutes en voiture de la gare TGV, ce qui l'aidait chaque jour à enchaîner les allers-retours professionnels. Il avait même souscrit une carte Liberté, pas donnée, pour optimiser ses déplacements. Il visait le Marseille-Bruxelles de 17h12, qui depuis le mois dernier, s'est envolé des écrans.
Un billet daté du 30 septembre montre que ce train était encore réservable jusqu'à fin septembre. Mais depuis, tout a changé. Que dit la SNCF ? La compagnie confirme désormais « privilégier les trajets longs » sur cet axe. Elle considère que la ligne Bruxelles-Marseille doit d'abord transporter des voyageurs longue distance, pas des trajets de voisinage. Cette restriction s'inscrirait aussi dans « une politique de lutte antifraude », les contrôles ne s'effectuant pas dans le train entre Marseille et Aix-en-Provence, même s'il y a un contrôle des billets en gare.
Les voyageurs honnêtes paient le prix de la lutte antifraude SNCF
Certains malins achètent en effet un Marseille-Aix à prix mini pour ensuite rester planqués jusqu'à Paris ou Bruxelles. Forcément, c'est moins cher, même si c'est illégal et sans contestation possible. Un vrai savoir-faire. Selon le voyageur interrogé par nos confrères, des agents ont confirmé auprès de lui l'impératif de lutte contre la fraude. Une pratique qui coûte cher à la SNCF, autour de 300 millions d'euros.
Mais alors, pourquoi punir tout le monde ? La direction de l'axe TGV sud-est reconnaît dans un mail que la décision impacte certains clients. Des discussions seraient en cours sur l'ensemble des trains dernièrement restreints. En clair, la compagnie a peut-être agi un peu vite.
En attendant, notre fameux voyageur a bricolé sa solution. Puisqu'il lui est impossible de réserver son 17h12 habituel, il prend désormais un autre TGV à horaire similaire et espère que les contrôleurs fermeront les yeux. Un pari risqué qui peut lui valoir une amende. Le jeu n'en vaut peut-être pas la chandelle, chacun se fera son avis.