Et si votre plus fidèle alliée de bureau, la souris, pouvait se transformer en oreille indiscrète ? C'est la surprenante conclusion d'un article de recherche, qui montre comment le capteur d'une souris de jeu peut être détourné pour espionner des conversations.

 L’idée paraît surprenante, mais s’inscrit dans la longue histoire des détournements par canaux auxiliaires, où un signal non prévu devient une source d’information exploitable. © Shutterstock
L’idée paraît surprenante, mais s’inscrit dans la longue histoire des détournements par canaux auxiliaires, où un signal non prévu devient une source d’information exploitable. © Shutterstock

Nos périphériques du quotidien regorgent de technologies dont nous ne soupçonnons pas toujours l'étendue. Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Université de Californie à Irvine vient illustrer ce fait de manière fascinante. Leur travail, baptisé « Mic-E-Mouse », démontre qu'il est possible de capter des sons en analysant uniquement les déplacements d'une souris.

Du capteur optique au microphone improvisé

L'astuce ne repose pas sur un micro matériel caché, mais sur la sensibilité extrême des capteurs optiques modernes. Ces derniers, conçus pour détecter les moindres mouvements sur une surface, sont si précis qu'ils peuvent aussi percevoir les vibrations infinitésimales provoquées par la voix humaine sur un bureau. Une conversation à proximité fait ainsi vibrer la table, et la souris, posée dessus, enregistre ces secousses comme une série de micro-déplacements.

Pour transformer ce flot de données brutes en son intelligible, les chercheurs ont mis au point une chaîne de traitement logicielle. À l'aide de modèles d'intelligence artificielle, ils parviennent à nettoyer le signal, à le réorganiser et à reconstruire une piste audio. Les tests en laboratoire, menés avec des souris de jeu dotées de capteurs à haute résolution (DPI) et d'une fréquence de communication élevée, ont permis de reconnaître des mots avec une précision notable.

Une menace discrète mais bien réelle

Ce qui rend cette preuve de concept particulièrement intéressante, c'est sa discrétion. Une application malveillante, ou même une page web, pourrait collecter ces informations de déplacement sans demander d'autorisation spéciale, contrairement à l'activation d'un micro. Il s'agit d'une attaque par canal auxiliaire, où un composant est utilisé pour une fonction pour laquelle il n'a jamais été conçu.

Un modèle de menace réaliste. © Shutterstock
Un modèle de menace réaliste. © Shutterstock

Faut-il pour autant paniquer et débrancher sa souris ? Pas si vite. Il est essentiel de rappeler qu'il s'agit d'une démonstration de faisabilité, un exploit réalisé dans un environnement contrôlé. Pour que l'écoute fonctionne, plusieurs conditions doivent être réunies : une souris de jeu très performante, une surface rigide qui transmet bien les ondes sonores et, surtout, la présence d'un programme malveillant sur la machine.

D'ailleurs, la parade est souvent d'une simplicité déconcertante : un bon vieux tapis de souris bien épais suffit à étouffer la plupart des vibrations et à rendre la technique inopérante. L'objectif de ces travaux n'est pas d'alarmer, mais d'anticiper les menaces de demain. En révélant cette vulnérabilité potentielle, les chercheurs permettent aux fabricants de systèmes d'exploitation et de périphériques de concevoir les protections nécessaires avant que de telles attaques ne se répandent.

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