La DGCCRF a annoncé avoir démantelé une escroquerie aux prélèvements frauduleux de 7 millions d'euros. La société marseillaise CSV détournait discrètement plusieurs euros chaque mois sur des comptes bancaires, par le biais d'assurances téléphone fictives.

Escroquerie bancaire : la société marseillaise CSV siphonne 7 millions d'euros avec de fausses assurances téléphone © ColorMaker / Shutterstock
Escroquerie bancaire : la société marseillaise CSV siphonne 7 millions d'euros avec de fausses assurances téléphone © ColorMaker / Shutterstock

Qui prête attention à un prélèvement de 3,99 euros sur son relevé bancaire ? C'est précisément sur cette négligence qu'a misé le patron de CSV, une société marseillaise officiellement spécialisée dans la réparation informatique. Derrière cette façade respectable se cachait un système d'escroquerie d'une sophistication redoutable, qui pendant cinq ans a vidé les poches de milliers de Français à coups de micro-prélèvements.

L'escroc utilisait des micro-prélèvements pour échapper aux radars

Hélas, le génie du mal réside souvent dans la simplicité. La méthode de la société CSV, décrite par la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF), consistait à prélever 3,99 euros automatiquement chaque mois, dissimulés sous des appellations familières et rassurantes comme « ASSUR » ou « ASSURTEL ». Ces intitulés imitaient à la perfection les vraies assurances smartphone que certains consommateurs ont déjà pu contracter. Comme toute bonne arnaque, les escrocs misaient sur l'habitude et la confiance des clients.

L'escroquerie reposait sur un malentendu bien ficelé. Le fraudeur exploitait la mémoire floue des consommateurs qui avaient effectivement contracté jadis une assurance similaire chez CWI Distribution, une société située non loin de là, à Aix-en-Provence. « Tiens, j'ai encore cette assurance téléphone ? », devaient se dire les victimes en voyant le prélèvement. Et elles laissaient filer.

Pour davantage brouiller les pistes, l'homme multipliait les appellations fantaisistes sur les relevés bancaires, au hasard « ASSURANTIK », « ASSURANTI », « ASSURX »... Une dizaine de variantes qui transformaient chaque vérification en casse-tête. Pendant ce temps, les 3,99 euros coulaient tranquillement vers les comptes de CSV, mois après mois. Et cela multiplié par X consommateurs piégés.

La DGCCRF lance la chasse aux victimes de l'escroquerie CSV

Sept millions d'euros. C'est le butin colossal, hors taxes, amassé entre 2020 et juin 2025 par CSV grâce à cette arnaque. Un montant vertigineux, quand on réalise qu'il provient uniquement de ces micro-prélèvements que personne ne remarque vraiment. Heureusement que plusieurs signalements de consommateurs alertés par ces débits récurrents suspects sont remontés jusqu'à la Répression des fraudes.

Les enquêteurs du GIR 13 (Groupe interministériel de recherches de Marseille) ont procédé à des saisies patrimoniales d'envergure. Les biens immobiliers, comptes bancaires et cryptoactifs du dirigeant ont été gelés, pour un montant total de 3,4 millions d'euros. Ces mesures conservatoires permettront potentiellement de restituer une partie des sommes aux victimes, bien que l'intégralité du préjudice ne soit pas encore récupérée.

La procédure judiciaire entre désormais dans sa phase d'identification des victimes. Toute personne ayant d'ailleurs constaté ces prélèvements suspects peut se manifester auprès du procureur de la République de Marseille pour se constituer partie civile. Les autorités estiment que de nombreuses victimes ignorent encore avoir été escroquées par ces micro-prélèvements discrets, et peuvent donc se constituer partie civile.