iPad : tour d'horizon des premières applications

Stéphane Ruscher
Spécialiste informatique
04 juin 2010 à 15h10
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Deux mois après sa sortie aux Etats Unis et notre test complet, l'iPad est disponible en France. Entre-temps, l'App Store d'Apple a pu se remplir des premières applications pour la tablette autoproclamée « magique » et « révolutionnaire ». L'occasion pour nous d'effectuer un premier tour d'horizon de l'iPad en tant que plate-forme logicielle.

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Difficile d'échapper au lancement en fanfare de l'iPad. Annoncée à grands coups de superlatifs comme une révolution dans l'informatique personnelle, la tablette d'Apple a enchanté les uns par sa simplicité d'utilisation, et déçu les autres par ses limites. Comme souvent, un peu de mesure permet de situer la réalité à peu près entre les deux. Néanmoins, une fois que l'on a fait abstraction de l'hystérie ambiante et du marketing souvent démesuré d'Apple, il faut se rendre à l'évidence : l'iPad est un objet intéressant car il s'agit de la première tablette vraiment réussie d'un point de vue ergonomique, et bénéficiant, deux mois après sa sortie, d'un nombre déjà conséquent d'applications dédiées.

Dans la mesure où ce type d'appareil mobile hybride est sans doute amené à se développer, il est donc intéressant de s'attarder sur les premières applications disponibles sur l'iPad. Comment les premiers développeurs de la tablette d'Apple ont-ils réussi à exploiter ses possibilités ? Peut-on faire de la bureautique de manière efficace sur une tablette tactile ? L'iPad révolutionne-t-il la presse en réinventant le magazine électronique ? Tentons d'y voir plus clair avec ce tour d'horizon de la logithèque iPad.

Quelles applications pour une tablette ?

L'iPad, comme ses concurrents n'est ni un ordinateur portable (même si certains y voient l'avenir de l'informatique personnelle) ni un smartphone. Ce positionnement hybride conditionne le type d'applications que l'on va y trouver. Ouvert en juillet 2008, l'App Store d'Apple propose aujourd'hui près de 200 000 applications pour iPhone et iPod Touch. Néanmoins, les dimensions et les caractéristiques techniques de ces appareils limitent leur usage à des mini applications, certes pratiques, mais aux fonctionnalités réduites.

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L'iPad ouvre des possibilités plus larges, ne serait-ce que par sa résolution de 1024x768 qui permet d'envisager des tâches telles que la bureautique avec un confort à peu près correct. Il est donc intéressant de se pencher sur les quelques applications disponibles dans ce domaine. L'appareil a également été souvent évoqué comme un sauveur de l'édition et de la presse papier, comme l'iPod avait « sauvé » (selon les dires d'Apple) l'industrie du disque. Il n'est donc pas étonnant de trouver parmi les premières applications disponibles, un grand nombre de titres issus de la presse papier et des éditeurs de livres ou de comics. Enfin, le jeu, qui a contribué au succès de l'App Store, trouve de nouveaux débouchés avec l'iPad et nous verrons si les premiers titres disponibles sont à la hauteur des espérances.

iWork : la suite bureautique de l'iPad

Une des critiques formulées à l'encontre de l'iPhone, par rapport (à l'époque) à Windows Mobile, résidait dans l'absence d'applications bureautiques. Microsoft propose une version mobile de sa suite bureautique Office, mais Apple n'a jamais porté son iWork sur iPhone ou iPod Touch, estimant sans doute qu'un smartphone n'est pas un bon appareil pour effectuer des tâches bureautiques. En revanche, Pages, Keynote et Numbers font partie des premières applications disponibles pour l'iPad. Commençons par un premier désagrément : contrairement à la version Mac disponible sous la forme d'une suite, les 3 applications sont disponibles séparément à l'achat sur iPad. A 7,99 euros pour chaque application, il vous en coûtera 23,97 euros pour les trois. Cela reste correct, mais on rappellera que les versions mobiles d'Office sont fournies... gratuitement !

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Sur Mac, la suite iWork est réputée pour sa simplicité d'utilisation et la qualité des modèles fournis, plus que pour ses fonctionnalités avancées (qui ont tout de même fait un bond en avant sur les dernières versions). Il en va de même pour les trois applications pour iPad. Indéniablement, l'ergonomie a été soignée, et exploite le multi-touch de manière intelligente et intuitive. On crée facilement des blocs de texte, des tableaux ou des graphiques que l'on peut manipuler au doigt (rotation, zoom, déplacement...) avec un côté presque ludique.

Certaines fonctionnalités sont un vrai bonheur à l'utilisation : la gestion des animations et des transitions dans Keynote est particulièrement appréciable : on choisit en quelques tapotis les animations d'entrée et de sortie (avec prévisualisation) et on détermine leur ordre d'apparition par simple glisser/déposer. Un double tapotis sur un graphique dans Pages ou Keynote et celui-ci se retourne pour afficher le tableau des données correspondantes. Les tableaux de Numbers peuvent être manipulés avec la même simplicité. Bref, sur de nombreux points, les applications iWork s'avèrent extrêmement intuitives et accessibles.

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Malheureusement, tout n'a pas été conçu avec le même soin. Commençons par les défauts les plus gênants. Le premier est presque une aberration : il est impossible d'imprimer quoique ce soit depuis l'application. Le genre de détail qui vous rappelle que l'on n'utilise pas un ordinateur autonome mais un simple périphérique satellite, dépendant d'un ordinateur. Pour imprimer, il faudra donc synchroniser les documents avec iTunes ou les envoyer par mail. Il en va de même pour l'exportation des documents. Autre point gênant : les problèmes de compatibilité avec les documents Office. Pour peu que votre formatage soit un tant soit peu complexe, vous vous exposez (comme dans la version Mac, d'ailleurs) à des mauvaises surprises. Les documents issus de la version Mac d'iWork sont d'ailleurs également impactés : certaines fonctionnalités de Keynote et Numbers, notamment, ne sont pas prises en charge par les versions iPad.

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On pestera également contre certains choix ergonomiques : ainsi, si les styles, l'alignement ou les boutons gras, italique et souligné sont immédiatement accessibles, le choix des polices est caché en bas d'une liste déroulante dans une fenêtre pop-up ! Il est également dommage que les différents éléments (tableaux, graphiques, formes, blocs de texte...) soient regroupés dans la même boite à outils « fourre tout », qui plus est accessibles depuis une icône pas très parlante. Enfin, on émettra des doutes sur le style visuel propre à chaque application. En définitive, les applications iWork sont un bon début, et s'avèrent assez agréables à utilser, notamment avec un clavier physique et un support pour incliner l'iPad, mais souffrent encore de grosses lacunes.

Prise de notes, lecture PDF... Quelques outils indispensables !

Evernote

On ne présente plus Evernote, un service de gestion de notes en ligne disposant déjà de nombreux clients pour Windows, Mac OS X ou encore iPhone/iPod Touch. Le client iPad d'Evernote bénéficie d'une interface particulièrement agréable qui permet d'afficher toutes les notes d'un même compte, de les explorer par carnets de notes (ces derniers ne pouvant pas être créés depuis l'iPad), ou même de les visualiser sur une carte du monde, puisque l'application gère les données de localisation.

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En ce qui concerne la création de notes, on regrettera l'absence d'options de formattage, rattrapée par un module plutôt bien intégré de capture audio, particulièrement pratique pour des cours ou des entretiens. La synchronisation avec le service en ligne s'effectue automatiquement ou manuellement. Si vous utilisez déjà le service Evernote, l'application est un complément indispensable. Si ça n'est pas le cas, ce sera peut être l'occasion de vous y mettre, Evernote étant un modèle du genre.

GoodReader

Déjà disponible pour iPhone et iPod Touch, Good Reader est une application qui prend tout son sens sur iPad. Cette visionneuse de fichiers propose des fonctionnalités assez étendues : un navigateur web intégré pour télécharger des fichiers tels que des documents PDF depuis un site web, un gestionnaire de fichiers permettant d'organiser ses documents dans une arborescence, ou encore la possibilité de se connecter à de nombreux espaces de stockage en ligne, dont MobileMe ou DropBox. Comme de nombreuses autres applications de ce type, le logiciel permet également une connexion Wi-fi entre l'iPad et un PC ou un Mac via un navigateur web.

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Sur iPad, GoodReader bénéficie de l'écran généreux de la tablette qui permet de séparer l'interface en plusieurs panneaux : la liste des documents à gauche et une série de panneaux retractables à droite permettant de prévisualiser les documents, de les gérer, ou encore d'accéder à un gestionnaire de téléchargements. La visionneuse en elle-même prend en charge un certain nombre de fichiers : PDF, XLS, PPT, DOC (ainsi que leurs déclinaisons OpenXML), mais aussi images, vidéos ou fichiers audio (à condition que ces derniers soient dans un des formats compatibles avec l'iPad). En l'absence d'un vrai gestionnaire de fichiers (ce qu'Apple n'ajoutera jamais à un tel périphérique), GoodReader permet de bénéficier d'un emplacement central pour organiser ses fichiers. Il est simplement dommage qu'il ne s'intègre pas avec les applications iWork pour l'édition.

Livres, comics : l'iPad comme livre électronique

On l'aura compris avec la multiplication des unes de journaux sur la tablette d'Apple : l'iPad est très attendu par le monde de l'édition et de la presse qui voit dans le périphérique un moyen de dynamiser la vente de livres et de magazines dématérialisés. On trouve ainsi, dès la sortie de l'appareil, de nombreuses applications dans des domaines aussi variés que les livres, les comics, les magazines ou les quotidiens.

Livres électroniques : iBooks et Kindle

La principale application de lecture de livres électroniques est évidemment iBooks, l'application maison d'Apple. Celle-ci n'est pas livrée en standard sur la tablette mais peut être téléchargée depuis l'App Store (on se charge d'ailleurs de vous inciter à la télécharger dès la connexion de votre tablette). Comme la plupart des applications de type livre électronique, elle se compose d'une partie lecture et d'un magasin proposant des livres. Ceux-ci peuvent d'ailleurs atteindre des tarifs franchement élevés pour de simples copies électroniques. Il est trop tôt pour juger du catalogue présent mais on peut tout de même noter la présence d'ouvrages en français, en plus des œuvres anglophones disponibles (qui incluent notamment de nombreux classiques du domaine public). iBooks est indéniablement agréable à utiliser et on appréciera le souci du détail dans les pages que l'on peut manipuler comme des vraies.

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En revanche, si iBooks bénéficie de la « marque de fabrique » Apple, ça n'est pas la seule application disponible dans cette catégorie : comme sur iPhone et iPod Touch, Amazon propose une version iPad de son application Kindle. Moins bien finie sur un plan visuel (pas de pages qui se tournent ni de jolie bibliothèque en bois), elle bénéficie néanmoins de plusieurs fonctionnalités absentes de l'application d'Apple : il est ainsi possible, en plus du surlignage d'un passage, d'ajouter des notes. On appréciera également la possibilité de régler la luminosité de l'affichage sans toucher à la luminosité globale de l'iPad (seule option proposée par iBooks). En fait, le plus gros défaut de l'application concerne le Kindle Store d'Amazon : celui-ci ne propose actuellement que des ouvrages en anglais ! Pour les anglophobes, l'iBookStore d'Apple sera donc la seule option. En outre, contrairement à iBooks, l'application Kindle n'intègre pas le magasin en ligne d'Amazon : elle se contente d'effectuer un aller/retour sur Amazon.com via Safari. Heureusement, le processus est relativement transparent au final : une fois votre livre acheté, un lien vous redirige automatiquement vers l'application.

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Bandes dessinées et livres pour enfants : Marvel et Alice For iPad

Par rapport à un livre électronique « classique », l'iPad bénéficie d'un avantage : son écran LCD, qui se prête du coup à la visualisation de bandes dessinées. Evidemment, certains éditeurs spécialisés dans le domaine l'ont bien compris et proposent leur application. C'est le cas de Marvel qui offre une application gratuite relativement bien faite mais fonctionnant là encore sur un modèle de boutique en ligne payante. Le contenu est très fourni, avec de nombreuses séries disponibles depuis leur premier numéro, mais là encore réservé aux anglophones. Les prix pratiqués sont de l'ordre de 1,59 euros par numéro : ça peut paraître peu, mais un numéro ne contient qu'une vingtaine de pages. La visualisation peut se faire manuellement (la page est affichée en intégralité sur l'écran) ou case par case avec un zoom parfois peu flatteur. L'application est, dans l'ensemble, plutôt agréable mais les fans de comics « purs et durs » lui reprochent déjà la perte de deux éléments fondamentaux de cette culture : la revente et le prêt (critiques que l'on peut d'ailleurs généraliser à l'ensemble des médias écrits).

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Le côté interactif et tactile de l'iPad en fait également un support intéressant pour les livres pour enfants. Un excellent exemple de ce qu'il est possible de faire dans ce domaine réside dans l'application Alice for iPad réalisée par Atomic Antelope. Cette version électronique d'Alice au Pays des Merveilles est particulièrement inspirée : chaque page bénéficie d'une typographie et d'illustrations qui font honneur au classique de Lewis Carroll. Mais surtout, elle exploite les possibilités tactiles de l'appareil : la plupart des pages incluent des animations interactives délicieuses. On peut ainsi s'amuser à étirer et rétracter Alice comme un téléscope, manipuler la fameuse bouteille « Drink Me » ou encore jouer avec la montre du lapin. Disponible en version gratuite (les 20 premières pages) ou payante, Alice for iPad est malheureusement en anglais uniquement (bien entendu, les amoureux de Lewis Carroll vous rappelleront que rien ne vaut la version originale !).

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Information & médias : la poule aux œufs d'or ?

Ca n'est un secret pour personne, la presse écrite se cherche actuellement un modèle économique pour survivre à la dématérialisation. L'iPad est en ce sens un support attendu au tournant par les éditeurs, qui y voient un moyen de monétiser des éditions électroniques de leurs journaux et magazines. Les premières approches de ce nouveau type de contenu révèlent de bonnes et de mauvaises surprises.

Wired : ce qu'il faut faire ?

Depuis sa sortie, l'application du magazine Wired pour iPad a fait parler d'elle, aussi bien pour son contenu que pour sa genèse, plutôt intéressante en ces temps de querelle Apple/Adobe : l'éditeur de la Creative Suite a en effet travaillé avec Condé Nast (éditeur de Wired) pour la réalisation d'une application spécifique permettant de proposer un contenu exploitable dans une application iPad, à partir d'Adobe InDesign (ce qui serait nettement plus aisé si l'iPad prenait en charge Flash). Ainsi, Condé Nast pourra proposer une version iPad de son application, ainsi qu'une version commune pour les autres périphériques mobiles ne nécessitant pas ces contorsions. Cette dernière version n'existe pas encore, mais concernant l'application iPad, un constat s'impose : il s'agit dans l'ensemble d'un bon exemple de la voie à suivre.

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En soi, l'application Wired ne propose rien de révolutionnaire : il s'agit d'une version électronique du magazine (vendue 3,99 euros l'édition) dont on feuillette les pages (on feuillette même les nombreuses pages de publicité !). Un balayage à gauche ou à droite pour passer d'un article à l'autre, et un balayage vertical si l'article s'étale sur plusieurs pages. L'intérêt de l'application réside dans l'intelligence avec laquelle les contenus multimédia sont intégrés dans les pages. Une chronique de disque ? Un bouton pour écouter un titre ! Un article sur ILM ? Le rendu d'Iron Man en 3D peut être tourné à 360°. C'est certes un peu gadget mais ça fonctionne.

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La qualité du contenu et de la mise en page y est pour beaucoup. Pour ce premier numéro numérique, Wired a mis l'accent sur un dossier « Comment faire ? », détaillant les étapes de nombreux processus, de la réalisation d'un plan de Toy Story 3 à l'écriture d'un morceau de Trent Reznor en passant par l'écriture d'une blague. C'est ludique et intuitif, tout comme la navigation qui peut s'effectuer via un curseur, une liste des articles ou encore un plan page par page du magazine. Tout n'est pas parfait pour autant : l'absence de copier/coller, de recherche ou de toute opération sur le contenu des articles est franchement pénalisante, et pour cause : les pages sont des images ! Assez absurde pour une application basée sur de l'écrit... On regrettera également la coupure des pistes audio lorsqu'on change de page. Ecouter un aperçu du nouvel album de Ratatat, c'est bien. Ne pas pouvoir l'écouter en tâche de fond en continuant la lecture, ça l'est nettement moins !

Quotidiens français : peut mieux faire ?

Wired est un magazine par définition propice à l'intégration de nombreux contenus multimédias. Mais qu'en est-il de nos quotidiens ? Présents dès le lancement de l'iPad en France, ils proposent des expériences plus ou moins réussies. Commençons par une application plutôt correcte : celle du Figaro. Celle-ci propose une navigation assez proche de Wired à travers les pages : bonne typographie, intégration des vidéos dans les pages (même si les vidéos YouTube dans un journal, ça fait un peu cheap !), au final une expérience assez agréable. On reste nettement plus dubitatif sur l'interface de navigation à travers les rubriques, basée sur deux molettes virtuelles assez déconcertantes.

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Du côté du Monde, après leur bonne application pour iPhone, on attendait beaucoup de leurs premiers pas sur iPad. Malheureusement, on ne sait pas trop ce qui a pu passer par la tête de leurs développeurs pour ne proposer qu'une sorte de PDF vaguement interactif, qui se contente d'afficher les pages imprimées avec la possibilité d'ouvrir chaque article dans une fenêtre pop-up. Un mode un peu plus pratique permet d'afficher le journal sous la forme d'un flux RSS avec un panneau latéral pour naviguer dans les articles, mais dans l'ensemble on reste cruellement déçu par cette application franchement basique, même si Le Monde n'a jamais été particulièrement réputé pour sa fantaisie.

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On se dit alors que Libération ferait preuve d'un peu plus d'audace, mais leur application est également conçue sur ce modèle de « PDF amélioré » : les pages du journal s'affichent dans leur intégralité et les articles sont lisibles via une pop-up que l'on peut basculer en plein écran. Une subtilité tout de même : il est possible de régler la taille de la police. En revanche, les photos sont sous exploitées et la vidéo inexistante. Bref, là encore, aucun réel avantage par rapport à la version papier, même si l'ensemble est relativement propre.

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Dans tous les cas, c'est surtout le modèle économique qui risque de faire grincer les dents : alors que les mêmes journaux proposaient des applications gratuites, cette fois, il s'agit de faire payer l'utilisateur à l'édition, ou en passant par une formule d'abonnement. Le Monde fait même payer l'accès à son application. Bref, en France comme outre atlantique, les éditeurs de journaux et de magazines semblent avoir brisé le tabou de la gratuité. A condition que les applications soient de qualités, c'est un modèle économique comme un autre, et qui propose en outre certains avantages tels que la possiblité d'archiver les éditions. Mais gare aux abus !

Les applications de chaines TV : France 24 montre l'exemple

Si plusieurs chaînes proposent déjà des applications sur iPhone et iPod Touch, elles sont, pour l'heure, plus timides sur iPad. La plus réussie jusqu'ici nous semble être celle de la chaine France 24. Son interface est organisée en plusieurs parties. Un panneau latéral permet d'accéder à une liste de dépeches provenant de sources diverses (AFP, Reuters...). La partie principale est réservée à la chaine en elle-même, dont on peut visionner le dernier JT, la météo et les rubriques Eco et Sport, ou le flux en direct. Enfin, une partie rattrapage permet de visionner les différentes émissions de la chaine, et elles sont assez nombreuses. L'interface est agréable, l'application est gratuite, et le tout permet d'avoir un regard complet sur l'actualité internationale.

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Jeux : l'iPad est il une bonne plate-forme ludique ?

La qualité (dans une certaine mesure) et la quantité des jeux disponibles sur l'App Store a grandement contribué au succès de l'iPhone et de l'iPod Touch. Avec un écran généreux et des performances techniques supérieures, l'iPad est évidemment attendu au tournant. La tablette d'Apple est elle une bonne console ? Pour l'instant, les premiers jeux proposés sont surtout des portages « HD » de jeux pour iPhone/iPod Touch. Voici une sélection de ceux que nous avons pu tester. Nous avons souhaité ici présenter un panel de jeux de styles différents (FPS en 3D, « petit jeu mignon », rétro etc...), afin de voir comment ces genres se portent sur iPad. Il ne faut donc pas voir cette sélection comme définitive, mais plutôt comme un aperçu de différents types de jeux. Les jeux présentés ici sont tous payants, même si certains sont disponibles en version « Lite » (notamment Labyrinth 2 et Angry Birds).

Modern Combat Sandstorm : un Call of Duty version iPad ?

Parmi les éditeurs omniprésents sur l'iPad dès son démarrage, on trouve évidemment le très prolifique Gameloft. Capable du meilleur comme du pire, l'éditeur propose des jeux à licence (Avatar...) comme des créations « originales ». Pas très original en l'occurrence, Modern Combat est un FPS fortement inspiré par Call Of Duty Modern Warfare : ambiance de guerre au moyen orient garantie.

Relativement bien réalisé techniquement, même si on reste proche de FPS datant de quelques années sur PC, Modern Combat est un assez bon exemple des avantages et inconvénients de l'iPad en tant que « console ». Parmi les points positifs, on retrouve évidemment une résolution supérieure qui permet d'une part de bénéficier de graphismes plus détaillés et d'autre part de contrôles virtuels qui empiètent moins sur la surface de jeu. Ceux-ci sont paramétrables. Le mode par défaut est assez peu confortable (à part pour pratiquer l'étirement des pouces) mais deux autres modes alternatifs permettent de positionner ses doigts plus librement. La pratique prolongée du jeu rappelle le poids sensiblement trop élevé de l'appareil mais Modern Combat s'avère au final être un FPS correct, même s'il ne s'adresse clairement pas aux puristes du genre qui trouveront les contrôles trop imprécis.

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Pinball HD / Labyrinth 2 HD : deux jeux de billes

Autre jeu disponible sur iPhone mais profitant à merveille de l'écran de l'iPhone, Pinball HD est comme son nom l'indique un flipper. Quelques secondes de jeu suffisent à comprendre en quoi l'iPad est particulièrement adapté à ce genre de jeu. Les plateaux (au nombre de trois) sont lisibles, une vue d'ensemble permet de les surplomber (en plus de la vue par défaut, en 3D mais un peu déconcertante) et les commandes sont intuives : tapotis à gauche pour le flip de gauche et inversement. Pour secouer la machine, pas la peine de vous faire un dessin. Comme Labyrinth, la réussite du jeu réside dans sa physique extrêmement réaliste : on se prend immédiatement au jeu, à condition d'aimer les flippers évidemment.

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Dans le même genre, la version iPad de Labyrinth 2, suite du grand classique de l'iPhone, est en tout points fidèle à son illustre prédecesseur : on contrôle toujours une bille de metal dans des labyrinthes en bois jonchés d'obstacle au moyen de l'accéléromètre. Physique parfaite et sons délicieusement réalistes font toujours partie de la réussite de ce jeu d'une simplicité enfantine qui reste un indispensable de la plate-forme. La version 2 de Labyrinth s'enrichit de nombreux nouveaux obstacles qui rendent les niveaux encore plus corsés. Au final le jeu montre qu'une fois de plus, les meilleurs jeux de l'iPad ne sont pas forcément les plus complexes.

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Angry Birds HD / GodFinger : plus c'est c..., plus c'est bon ?

On a déjà eu de nombreuses occasions de le constater avec la logithèque de l'iPhone, certains développeurs ne manquent pas d'imagination pour inventer des jeux au concept complètement absurde mais addictif. Sur iPad, on trouvera essentiellement, là encore, des remakes de ces jeux, dont l'irresistible Angry Birds HD. Ce jeu aussi primaire que jouissif vous place dans une guerre acharnée entre des oiseaux plutôt énervés (d'où le titre) et des cochons qui ont osé leur voler leurs œufs. Seul problème : ces volatiles ne sont pas franchement efficaces lorsqu'il s'agit de se servir de leurs ailes, et c'est là que vous intervenez, en actionnant la catapulte qui va les projeter sur leurs ennemis. Si ces derniers se laissent facilement avoir dans les premiers niveaux, ils ne tardent pas à se barricader derrière des édifices de plus en plus complexes, et vous faudra trouver des trajectoires adéquates pour les mettre à terre. Au fil des niveaux, votre « arsenal » évolue lui aussi, et vous aurez à votre disposition d'autres oiseaux aux caractéristiques évoluées, entre les petits bleus qui peuvent se démultiplier en cours de vol, et les jaunes aérodynamiques qui peuvent piquer un sprint dans les derniers mètres. Dans le plus pur style de jeux comme Rolando, Angry Birds propose un univers mignon et coloré (la mine furax des oiseaux est irresistible) et agrémenté de bruitages hilarants. Le jeu propose de nombreux niveaux et on a beaucoup de mal à en décrocher !

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Et puisque nous évoquons Rolando, le second jeu insolite de cette sélection est justement signé par l'éditeur NgMoco. Godfinger (quel jeu de mots !) vous met dans la peau d'un dieu qui fait la pluie et le beau temps, c'est le cas de le dire, sur une petite planète circulaire que vous pouvez faire tourner d'un coup de doigt sur votre écran. Pour faire prospérer votre petit monde, vous devrez satisfaire les besoins des habitants, que vous pourrez transformer en suppôts qui vénèreront leur dieu en priant devant le totem. Sorte de croisement entre l'antique Populous et un jeu en ligne comme Farmville, Godfinger pourra paraître assez limité, mais devrait tout de même amuser les amateurs du genre.

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Tetris / Prince Of Persia : un petit coup de retro ?

Terminons cette sélection de jeux par l'adaptation de deux classiques. Le premier est d'actualité, puisque Prince Of Persia est récemment passé sur grand écran. Ici, Ubisoft nous propose un sacré retour dans le temps puisque la version iPad de Prince of Persia est une adaptation fidèle de la version originale (les crédits semblent indiquer qu'il s'agit d'un portage de la version Mac d'origine). On retrouve donc des graphismes plutôt basiques mais qui vieillissent étrangement assez bien : Prince Of Persia était déjà, à l'époque, un jeu misant sur la simplicité de son design. Le jeu se contrôle via un pad virtuel (les directions horizontales à gauche et les directions verticales à droite) : on ne peut sans doute pas faire mieux, mais là encore on souffrira du poids de l'appareil au bout de quelques minutes d'utilisation prolongée. Si on aurait préféré une adaptation du remake sorti notamment sur Xbox 360, cette version « classique » est toujours amusante et jouable.

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Il était également impensable qu'Electronic Arts ne profite pas d'une nouvelle plate-forme pour y placer une nouvelle version de Tetris. Pour la version iPad, on ne peut pas dire que l'éditeur se soit foulé : le jeu est exactement semblable à la version iPhone, à ceci près que la résolution est supérieure. En soi, Tetris reste Tetris et on y trouvera donc toujours son compte, d'autant plus que la maniabilité tactile est plutôt correcte (là encore, pas de changement par rapport à la version iPhone). En revanche, il faudra décidément être vraiment accro au classique d'Alexei Pajitnov pour racheter une version de plus après les portages pour iPod vidéo/Nano et iPhone/iPod Touch...

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Conclusion

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Arrivés au terme de ce premier tour d'horizon de l'App Store pour iPad, il faut bien admettre qu'on reste un peu sur notre faim. C'est d'ailleurs assez logique : la tablette n'est disponible que depuis deux mois aux Etats Unis, et à peine depuis une semaine dans d'autres pays du monde dont la France. Les applications sont nombreuses, mais si la qualité est au rendez vous dans certains cas, il manque encore la perle rare. Certaines applications s'en approchent : on est vraiment séduit par la simplicité d'iWork, malgré de grosses lacunes (pas d'impression, importation/exportation Office défaillantes...), donne une bonne idée de ce que peut être une suite bureautique simplifiée pour ce type de périphérique hybride. Quelques médias semblent déjà avoir compris l'intérêt de la plate-forme. C'est le cas de Wired qui a su donner à sa version électronique un côté frais et inuitif, même si on regrette certains choix technologiques (des images statiques pour le texte ?), ou de France 24 dont l'application devrait servir de modèle à toutes les chaînes d'info. En ce qui concerne les livres électroniques, outre les applications d'Apple ou Amazon, certaines initiatives suscitent l'intérêt : on conçoit que pour lire des comics ou des livres pour enfants, l'iPad présente un potentiel intéressant par rapport à un eBook classique.

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D'autres applications nous ont en revanche paru baclées. Il était sans doute nécessaire pour les groupes de presse d'être présents au lancement de l'iPad, mais en l'état, la version électronique du Monde ne nous semble pas justifier son prix, tandis que le Figaro fait à peine mieux. Le modèle économique retenu, qui rompt avec la tradition de proposer des applications gratuites basées sur les sites des journaux, n'est pas forcément une mauvaise chose en soi si le contenu fourni exploite convenablement les possibilités de l'appareil. S'il s'agit simplement de fournir une copie du journal avec la possibilité d'afficher les articles dans une fenêtre pop-up, l'intérêt est assez limité...

Au final on reste un peu frustré dans la mesure où les applications les plus intéressantes du lancement américain sont aux abonnés absents : les équivalents français d'un Netflix manquent à l'appel, et les chaînes de télé, hormis quelques chaînes d'info, n'ont pas encore positionné leurs pions. Aux Etats Unis, l'application d'ABC remporte un grand succès et permet de visionner les émissions de la chaîne à la manière d'un M6 Replay ou d'un Canal+ à la demande. En France, rien de similaire pour l'instant. Dommage, mais ce type de périphérique hybride dont l'iPad est la première incarnation vraiment réussie, n'en n'est qu'à ses débuts...

Stéphane Ruscher

Spécialiste informatique

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Tombé dans un Amstrad CPC quand j'étais petit, je teste des logiciels, des Mac, des claviers, des souris ou des tablettes pour Clubic depuis 2005. J'aime aussi écouter du rock et de la musique élect...

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Tombé dans un Amstrad CPC quand j'étais petit, je teste des logiciels, des Mac, des claviers, des souris ou des tablettes pour Clubic depuis 2005. J'aime aussi écouter du rock et de la musique électronique, en faire même un peu, regarder des films pas trop bêtes, et rire d'humour absurde.

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