Projet Pegasus : pour Edward Snowden, il faut bannir tous les logiciels d'espionnage

Thibaut Keutchayan
Publié le 20 juillet 2021 à 18h45
Edward Snowden ne connait que trop bien le fonctionnement des spywares © France Inter
Edward Snowden ne connait que trop bien le fonctionnement des spywares © France Inter

Edward Snowden, l'un des lanceurs d'alerte les plus célèbres du monde connu pour avoir rendu publique une surveillance de masse via des programmes américains et britanniques, s'est positionné contre les logiciels d'espionnage.

Une prise de parole au sein du Guardian dans laquelle l'ancien agent de la NSA se montre ferme à l'égard du commerce de potentiels logiciels espions, en plein cœur de la controverse suscitée par le spyware Pegasus. Ce dernier, employé par plusieurs dizaines d'États, aurait notamment permis de collecter près de 50 000 numéros de téléphone dans le monde, dont 1 000 en France.

Snowden poursuit son combat contre l'espionnage

Non content d'avoir obtenu un statut de résident permanent en Russie, pays dans lequel il s'était réfugié, puis avait demandé l'asile en 2013, Edward Snowden voit toujours rouge lorsqu'il s'exprime au sujet des logiciels espions. Le lanceur d'alerte américain, célèbre dans le monde entier pour avoir révélé des programmes de surveillance de masse américain et britannique voilà huit ans, continue d'œuvrer à son échelle contre de telles pratiques.

L'ancien employé de la National Security Agency (NSA) prône ainsi pour une mise en garde individuelle, alors que les smartphones seraient toujours plus vulnérables face à l'utilisation de logiciels espions, y compris à des niveaux étatiques. Le logiciel Pegasus, mis au point par la firme israélienne NSO, est ainsi employé en ce sens par de nombreux États. L'Arabie saoudite, l'Azerbaïdjan, les Émirats Arabes unis, l'Inde, le Maroc, le Togo et, plus surprenant, la Hongrie, en font partie.

Loin de traditionnelles opérations d'enquête menées par les forces de police et les procédures liées au Droit qui y sont associées telles qu'on pourrait les connaître en France, les logiciels espions ouvrent une brèche bien plus dangereuse pour Snowden : « S'ils [les logiciels]peuvent faire la même chose à distance, à peu de frais et sans risque, ils vont commencer à le faire tout le temps, contre tous, y compris ceux qui ne présentent qu'un intérêt marginal ».

D'une échelle restreinte à potentiellement planétaire

Plus besoin d'autorisation donc, alors que Pegasus aurait principalement ciblé des personnalités, qu'elles soient du monde des affaires, de la politique ou encore de la presse, comme l'ont révélé Amnesty International et Forbidden Stories. Sans interdiction de ces logiciels, les menaces pourraient se décupler, à une échelle bien plus importante, selon Edward Snowden : « Si vous ne faites rien pour arrêter la vente de cette technologie, ce ne sera pas seulement 50 000 cibles. Ce sera 50 millions d'objectifs, et cela se produira beaucoup plus rapidement qu'aucun d'entre nous ne le pense ».

Et quand on lui parle de comparaisons potentielles, l'ancien agent de la NSA n'y va pas avec le dos de la cuillère. Au journaliste du Guardian qui lui demandait comment se prémunir d'attaques telles que celle de Pegasus, Snowden a répondu : « Que peuvent faire les gens pour se protéger des armes nucléaires ? ».

Même si NSO ne cesse de démentir les allégations qui sont faites à l'égard de Pegasus, les logiciels d'espionnage, qu'ils puissent ou non être interdits, constituent une menace sur laquelle il conviendra de se pencher.

Thibaut Keutchayan
Par Thibaut Keutchayan

Je m'intéresse notamment aux problématiques liant nouvelles technologies et politique tout en m'ouvrant à l'immense diversité des sujets que propose le monde de la tech' quand je ne suis pas en train de taper dans un ballon.

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Commentaires (10)
Baxter_X

On ne peut que partager son point de vue, mais cela me paraît bien utopique.

norwy

Que répondent Apple et Google sur la vulnérabilité de leurs OS vis-à-vis de ce spyware ?

SlashDot2k19

Oui c’est comme croire que l’espionnage ne pourrait exister…

mrassol

Que les failles ca existe … et si on est au courant on les colmate …

Baxter_X

Ou la misère, la famine…

norwy

Sauf que dans ce cas précis, on (le monde entier) est au courant (Clubic explique comment le spyware infecte un smartphone à partir d’un lien).
Donc la question porte sur les dernières versions de leurs OS.
Une release note et une communication dédiée sur les corrections vis-à-vis de ce spyware spécifiquement ne serait pas du luxe vu le ramdam autour.

L’absence de communication créé le doute, même si personne n’est dupe sur la course de vitesse entre l’exploitation des failles et les corrections.

SPH

« pour Edward Snowden, il faut bannir tous les logiciels d’espionnage » : HAHAHAHAHHAHAHHAHHAHAAA :joy:

Nehi

En quoi c’est marrant ?

Kratof_Muller

Snowden vu comme un héros par la révélation du programme PRISM, mais n’était il pas lui même de l’agence ? On ne l’a pas forcé à y aller, il est donc passé du statu d’agent de renseignement analyste à celui de sectateur anti renseignement, certainement un peu pour sauver sa peau (et balancer un peu aux russes pour s’assurer un loyer) ; tout ceci me semble bien calculé, bien mesuré sur la prise de risque, car l’homme est probablement intelligent, mais peut être pas assez pour disparaitre de la circulation suite à ses révélations. Etre visible, est-ce gage de tranquillité pour eviter une balle perdue ou un accident fortuit, ou un savant calcul de communication pour rentrer de la maille en quantité ? Certainement un peu tout ça.

SPH

parce que c’est un souhait totalement illusoire ! :rofl: