Longtemps absent de la stratégie d’ExpressVPN, le protocole WireGuard fait son entrée dans le service sous une forme revisitée. Le fournisseur y ajoute des protections absentes du protocole d’origine, notamment un échange de clés post-quantique, et publie un guide technique pour encourager l’ensemble du secteur à s’adapter aux menaces futures.

ExpressVPN adopte enfin WireGuard, avec une couche de chiffrement post-quantique à la clé. © metamorworks / Shutterstock
ExpressVPN adopte enfin WireGuard, avec une couche de chiffrement post-quantique à la clé. © metamorworks / Shutterstock

Si WireGuard s’est imposé comme le protocole de référence pour les VPN grand public, ExpressVPN avait jusqu’ici préféré s’en tenir à son propre protocole maison, Lightway, officiellement pour des raisons de sécurité. Un choix qui relevait sans doute autant de considérations techniques que d’une stratégie assumée de différenciation. Mais le paysage a évolué, et ExpressVPN avec lui. Le fournisseur annonce aujourd’hui une implémentation maison de WireGuard, enrichie d’un chiffrement post-quantique et pensée pour renforcer la confidentialité sans modifier le protocole de base. Une manière de répondre aux critiques, de s’aligner sur un standard… et peut-être aussi de séduire un public plus attaché à WireGuard qu’à Lightway.

Un WireGuard enrichi, sans le forker

Contrairement à Mullvad ou Proton VPN, qui ont intégré des mécanismes de chiffrement post-quantique directement dans leurs infrastructures existantes, ExpressVPN adopte une approche enveloppante : l’implémentation proposée repose sur une architecture qui vient compléter WireGuard, sans modifier le protocole lui-même.

Dans le détail, chaque session repose sur un échange de clés hybride post-quantique basé sur l’algorithme ML-KEM, retenu par le NIST. À cela s’ajoute un ensemble de mesures visant à mieux cloisonner les connexions : identifiants éphémères, adresses IP internes renouvelées dynamiquement, jetons d’authentification valables uniquement pour la session en cours. L’ensemble est provisionné en temps réel, sans affectation statique ni recours au double NAT. En clair, chaque connexion démarre avec des paramètres neufs, générés à la volée, qui disparaissent une fois la session terminée – ce qui limite fortement les risques de corrélation entre les usages.

En marge de cette annonce, ExpressVPN s’est aussi efforcé de publier un white paper technique détaillé, dans lequel le fournisseur décrit l’ensemble des composants de son architecture, avec l’intention déclarée de fournir un modèle reproductible à d’autres fournisseurs, quelles que soient leurs plateformes.

Autre nouveauté, à destination cette fois des utilisateurs et utilisatrices les plus avancés : le support manuel du proxy HTTPS via Lightway en mode TCP. Pour résumer, cette option doit permettre de rediriger le trafic VPN à travers un proxy HTTPS autohébergé, utile là où les connexions VPN classiques sont bloquées, bridées ou étroitement surveillées. Il ne s’agit donc pas d’un remplaçant du VPN, mais d’un outil complémentaire, pensé pour celles et ceux qui disposent déjà d’une infrastructure adaptée et cherchent à contourner des restrictions réseau plus agressives.

ExpressVPN intègre désormais une version de WireGuard enrichie d'une protection post-quantique, entre autres améliorations. © Clubic
ExpressVPN intègre désormais une version de WireGuard enrichie d'une protection post-quantique, entre autres améliorations. © Clubic

VPN et sécurité post-quantique : un enjeu de fond… et de façade

Cette nouvelle implémentation ne remplace pas Lightway, qui reste le protocole par défaut d’ExpressVPN. Réécrit en Rust en début d’année, Lightway a aussi évolué sur le plan fonctionnel, avec l’introduction d’un mode Turbo censé optimiser les performances du VPN, et la prise en charge DCO pour les configurations basées sur OpenVPN.

C’est néanmoins la première fois que le fournisseur prend position sur WireGuard, et le choix d’y intégrer directement une protection post-quantique lui permet d’adresser deux problèmes en parallèle : les limites structurelles du protocole – absence d’authentification, gestion rigide des clés – et l’inertie d’un secteur qui tarde à anticiper les risques liés à l’informatique quantique.

Sur ce second point, plusieurs fournisseurs ont pourtant déjà commencé à réagir. Mullvad propose une version de WireGuard adaptée au chiffrement post-quantique, tandis que Proton VPN migre progressivement vers une architecture hybride, mêlant algorithmes classiques et résistants aux attaques quantiques. NordVPN a de son côté généralisé cette protection à l’ensemble de ses applications via NordLynx, et PureVPN, plus en amont, collabore depuis 2022 avec Quantinuum sur la génération de clés censées tenir face à la menace. Mais ces approches évoluent chacune dans leur coin, sans méthode commune, et sans toujours en dire beaucoup sur leur mise en œuvre.

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C’est justement là qu’ExpressVPN cherche à faire la différence, en publiant l’architecture complète de son implémentation, sans toucher au protocole de base. L’objectif est double : éviter la fragmentation, et fournir une feuille de route à celles et ceux qui voudraient s’y mettre sans repartir de zéro. Sur le papier, la méthode a le mérite d’être pragmatique. Dans les faits, elle soulève aussi quelques questions : peut-on réellement compenser les lacunes structurelles de WireGuard sans le modifier en profondeur ? Et ces solutions enveloppées garantissent-elles une interopérabilité et une transparence suffisantes ?

Il faut aussi replacer cette initiative dans son contexte. La crainte que des données chiffrées aujourd’hui puissent être déchiffrées plus tard, une fois que les machines quantiques auront atteint une puissance suffisante, est prise au sérieux dans les milieux spécialisés. Mais pour le grand public, les risques concrets restent limités. Dans la grande majorité des cas, les informations échangées via un VPN ne présentent pas d’intérêt à long terme, et seraient peu susceptibles d’être stockées en vue d’un déchiffrement différé. La menace concerne surtout certains profils ciblés – militants, journalistes, personnes sous surveillance – pour qui la confidentialité ne se mesure pas seulement en temps réel, mais sur plusieurs années.

Pour le reste des utilisateurs et utilisatrices, les protections post-quantiques relèvent davantage d’un positionnement technique que d’un besoin immédiat… et peut-être d’un marqueur marketing, dans un secteur où l’innovation affichée joue aussi un rôle stratégique.

Source : ExpressVPN

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ExpressVPN propose un niveau de service de premier ordre. Difficile de le prendre en défaut, tant concernant sa politique de confidentialité qu'au sujet des performances et de la sécurité de ses serveurs, la qualité de ses applications ou encore sa couverture multiplateforme. Sa capacité à débloquer les sites de streaming à l'étranger, dont Netflix et Amazon Prime Video, en font un compagnon de voyage idéal, d'autant qu'il affiche des vitesses de connexion impressionnantes et des latences minimes, quel que soit le serveur sélectionné. Seule ombre au tableau : des prix élevés qui pourraient pousser les internautes à se tourner vers des offres plus économiques et de qualité équivalente, comme CyberGhost ou NordVPN.

Les plus
  • Vitesses de connexion très élevées et linéaires
  • Vaste couverture géographique
  • Débloque les catalogues étrangers de streaming dont Netflix US et Amazon Prime Video
  • Interface soignée et accessible à tous
Les moins
  • Prix plus élevés que d'autres solutions VPN équivalentes