Promis, juré, on ne vous piste pas. Voilà ce que vous répètent la majorité des fournisseurs VPN, tout en vous incitant à rediriger la totalité de votre trafic réseau vers leurs serveurs. Problème : en masquant votre IP pour éviter les regards indiscrets, vous ne faites que déplacer le point de confiance. Et si ce maillon n’était pas aussi solide que promis ?

Longtemps réservé aux pros et aux paranoïaques, le VPN s’est depuis largement imposé comme l’outil-reflexe pour se prémunir de la surveillance, du traçage publicitaire et des intrusions sur les réseaux publics. En masquant votre adresse IP et en chiffrant vos connexions, il renverse la logique de l’identification en ligne. Mais ce pouvoir de protection repose sur un paradoxe : pour gagner en confidentialité et espérer réduire la fenêtre d’observation, vous devez faire une totale confiance à un intermédiaire, souvent opaque, rarement neutre. Et dans ce transfert de confiance, les utilisateurs et utilisatrices n’ont pas toujours les moyens de savoir à qui ils confient leurs données.
Le paradoxe des VPN : protection ou dépendance ?
Qu’on se le dise sans tergiverser, utiliser un VPN, c’est déplacer le problème. Vous ne transmettez plus vos données directement à votre fournisseur d’accès à Internet, mais à un opérateur tiers, qui devient votre nouvelle passerelle vers le web. À condition qu’il soit digne de confiance, ce mode de fonctionnement permet de naviguer sans laisser trop de traces exploitables par les régies publicitaires, les hébergeurs ou les intermédiaires réseau.
Encore faut-il pouvoir accorder cette confiance. Car en dissimulant vos activités web à certains acteurs, vous les rendez visibles pour un autre, dont vous ignorez souvent tout. Dans les faits, vous troquez donc une relation connue – encadrée par le droit local – contre une dépendance à une entreprise privée, étrangère, aux propriétaires peu identifiables, aux pratiques rarement vérifiables, et aux engagements difficilement traçables. La confidentialité promise devient alors une affaire de foi, sur un marché où la mention « no logs » s’apparente de plus en plus à un argument marketing plutôt qu’à un argument véritablement juridique.

Cadre juridique et mise en pratique : pourquoi les lois ne suffisent pas toujours
On entend régulièrement qu’un bon VPN doit être basé en dehors des alliances de surveillance comme les 5, 9 ou 14 Eyes. Des juridictions comme les Îles Vierges britanniques ou le Panama sont généralement plébiscitées pour leur absence de lois sur la rétention de données. De quoi, en théorie, garantir un espace de confidentialité plus solide. Sauf qu’en réalité, l’absence de cadre légal peut surtout profiter aux services les moins transparents.
À titre d’exemple, au Panama, rien n’imposait aux entreprises de limiter la collecte ou le traitement des données personnelles avant… début 2021. Il a fallu attendre la loi 81 pour poser les bases d’un encadrement inspiré du RGPD. Ce texte ordonne désormais le consentement explicite des utilisateurs, leur donne le droit d’accéder, de rectifier ou de supprimer leurs données, et encadre leur exportation.
Mais en pratique, son application reste limitée. La loi ne prévoit aucune sanction financière dissuasive comparable à celles du RGPD. Elle n’exige pas non plus de contrôles réguliers ni d’audits obligatoires. Et surtout, elle reste silencieuse sur les transferts de données vers des juridictions moins protectrices. Rien n’empêche donc un fournisseur peu scrupuleux de collecter, conserver ou revendre des données sans avoir à rendre de comptes.
À l’inverse, le RGPD impose une série de garde-fous contraignants :
- les entreprises doivent obtenir un consentement clair pour chaque usage de données,
- elles doivent documenter leurs traitements,
- elles ont l’obligation de notifier toute fuite,
- et elles risquent une sanction pouvant atteindre 4 % de leur chiffre d’affaires annuel mondial en cas de manquement.
En clair, même dans un pays européen membre des Five Eyes comme le Royaume-Uni, les entreprises restent soumises à ces règles tant que le RGPD est en vigueur. Cela dit, ces garanties sont loin, très loin, d’être parfaites. Le RGPD ne protège pas contre la surveillance de masse étatique – d’une part ce n’est pas son rôle, d’autre part, les révélations Snowden, bien antérieures à son adoption, ont clairement mis en évidence le double discours entre mécanismes de protection prévus pour les citoyennes et citoyens et les pratiques réelles des services de renseignement. Mais il limite fortement ce que les acteurs privés peuvent faire de vos données. Et c’est ici ce qui importe.
Quand l’outil lui-même devient une faille
Évidemment, un VPN mal choisi ou mal configuré peut introduire plus de risques qu’il n’en évite. Les fuites DNS, les connexions IPv6 non bloquées ou un kill switch inactif peuvent exposer vos données sans que vous vous en rendiez compte. Certains services laissent également passer les requêtes WebRTC, ou voient leurs protections contournées par des extensions de navigateur. Fuites d’IP garanties.
Le simple fait d’opter pour une offre gratuite peut aussi se retourner contre vous. Faute de modèle économique clair, ces solutions reposent souvent sur la revente de données de navigation, la monétisation de bande passante ou l’injection de publicités ciblées. En clair, le VPN devient lui-même un vecteur d’exploitation de vos usages.
On rappellera par ailleurs que, même chez les fournisseurs payants, tout repose sur une question de confiance. Qui possède réellement l’entreprise ? Quel est son modèle économique ? Comment sont gérés les logs en interne ? Quelles preuves concrètes permettent de vérifier qu’aucune donnée n’est conservée ? Encore aujourd’hui, trop peu de services répondent à ces questions de manière transparente et, surtout, documentée.
Limiter les risques : des réglages pour reprendre le contrôle
L’usage d’un VPN ne doit donc pas se faire à l’aveugle. Certains réglages permettent d’en renforcer les capacités de protection, à condition d’être activés et maîtrisés.
Le kill switch, par exemple, coupe automatiquement la connexion Internet si le VPN décroche. Indispensable pour éviter toute fuite accidentelle. La protection contre les fuites DNS, WebRTC et IPv6 est tout aussi importante, même si elle n’est pas toujours activée par défaut. À contrôler systématiquement dans les paramètres.
Le choix du protocole joue également un rôle clé. OpenVPN, WireGuard ou IKEv2 sont considérés comme fiables, là où certains protocoles maison non audités ou opaques peuvent poser problème. Enfin, le split tunneling – qui permet d’exclure certaines applications de la protection VPN – peut s’avérer utile dans des cas précis, notamment pour les services bancaires ou les plateformes sensibles qui bloquent les connexions anonymisées. Encore faut-il en comprendre les implications.
On gardera aussi un œil sur les preuves d’engagement du fournisseur : audits de sécurité récents, historique transparent des pratiques, options de paiement anonymes… autant d’indices concrets permettant d’évaluer le sérieux d’un service, sans se fier aux seules promesses marketing.
Faut-il se méfier de tous les VPN ?
Non. Mais il faut cesser de les voir comme des totems d’immunité. Un VPN n’est ni un antivirus, ni une garantie absolue d’anonymat — qui, rappelons-le, n’existe pas vraiment. Il n’efface pas votre empreinte numérique, et ne fait pas disparaître votre historique. Il le redirige simplement ailleurs. Reste à savoir où. Et surtout, à qui vous faites confiance.
Prenez donc le temps de lire les politiques de confidentialité, de vérifier les audits, la juridiction, les options de sécurité proposées, l’historique de l’entreprise. Et posez-vous cette question toute simple : si ce VPN devait demain être compromis, qu’est-ce qu’il pourrait révéler de vous ?
Vous cherchez un VPN de confiance ?
La rédaction de Clubic teste indépendamment des dizaines de VPN chaque année et recommande CyberGhost, un service complet qui allie sécurité, transparence et simplicité d’usage. Basé en Roumanie, il applique une politique stricte de non-conservation des logs, régulièrement auditée par des tiers, et s’appuie sur des protocoles reconnus comme WireGuard, OpenVPN ou IKEv2. Il propose également des options avancées comme le kill switch, le blocage des fuites DNS, ou la connexion automatique sur les réseaux Wi-Fi publics, ainsi que des fonctionnalités complémentaires comme un bloqueur de publicités et de malwares.
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15 mai 2025 à 10h06