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Fin du projet de mini réacteurs nucléaires américains, qui tombe à l'eau pour une histoire d'argent

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
10 novembre 2023 à 08h57
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Le mini réacteur modulaire Voygr a une forme étonnante, avec 2,7 m de diamètre et 20 m de hauteur © NuScale
Le mini réacteur modulaire Voygr a une forme étonnante, avec 2,7 m de diamètre et 20 m de hauteur © NuScale

La vision ambitieuse d'une centrale nucléaire à petite échelle aux États-Unis s'est effondrée avec l'annulation du projet Carbon Free Power Project (CFPP), plombé par la question financière. De quoi remettre en cause l'avenir de l'énergie propre chez l'Oncle Sam, et même en Europe ?

Les Américains s'étaient pris à rêver du retour de l'énergie nucléaire bon marché et à petite échelle. Le rêve a été anéanti avec l'abandon du projet CFPP, pourtant porté par un concept novateur de petits réacteurs modulaires (SMR) de 2,7 mètres de diamètre. L'initiative a pris fin en raison de l'incapacité à attirer suffisamment de clients pour acheter l'électricité. Un échec lié à une histoire d'argent – comme souvent – qui soulève des questions sur la viabilité des SMR comme alternative énergétique.

Un ambition projet de petits réacteurs nucléaires, qui devait faire renouer les USA avec le nucléaire

En 2015, le projet SMR, mené par la société basée à Portland, NuScale, au nom de services publics de l'État de l'Utah, pour commencer, avait captivé les esprits. La promesse de réacteurs nucléaires miniatures capable de produire 77 mégawatts d'électricité était belle, même si la réalité a frappé cette semaine. La conception des petits réacteurs devait redynamiser l'industrie nucléaire locale, avec une mise en service prévue en 2030.

Depuis le début du siècle, les États-Unis n'ont fait sortir de terre que deux réacteurs. Abandonnés, ces SMR, au nom de code « Voygr », étaient censés diviser les coûts de production, mais les investisseurs ont perdu confiance, ce qui a précipité la mort du projet CFPP.

Les défis financiers ont hanté le projet depuis la fin de l'année dernière. Celui-ci faisait face à une lourde augmentation des coûts estimés, de l'ordre de 50 % (passant de 58 dollars par MWh à 89 dollars), ce qui a effrayé les services publics locaux. Les engagements d'achat d'électricité produite par le réacteur ne couvraient que 25 % de la production prévue, ce qui nécessitait une augmentation à 80% d'ici la fin de l'année pour garantir la viabilité. Les municipalités, initialement enthousiastes, ont alors été déçues, commençant même à perdre espoir.

À gauche, une vue à grande échelle du tiers supérieur du réacteur ; à droite, un concept de l'installation finale © Nuscale
À gauche, une vue à grande échelle du tiers supérieur du réacteur ; à droite, un concept de l'installation finale © Nuscale

Des sommes colossales gâchées, et l'avenir de l'énergie décarbonée loin d'être assuré

Dans l'État du Nouveau-Mexique, à Los Alamos, on voyait aussi le projet comme une solution de décarbonisation. C'est désormais l'incertitude qui domine. Les habitants sont pourtant inquiets de la transition vers des sources d'énergie propres en l'absence de la centrale nucléaire.

Bien que le projet CFPP ait échoué, NuScale, concepteur du réacteur Voygr, reste optimiste. Son PDG, John Hopkins, n'en démord pas et qualifie le projet d'« énorme succès », en raison des progrès réglementaires effectués. NuScale reste en avance sur ses concurrents avec son approbation de conception émise par l'autorité américaine du nucléaire. L'entreprise vise toujours à rendre opérationnelles ses usines d'ici le milieu des années 2030.

Les sceptiques, soulignant les coûts croissants (sans parler du financement de 1,4 milliard de dollars sur 10 ans qui avait été alloué par des fonds privés et fédéraux), appellent à une transition vers des sources d'énergie plus fiables. NuScale défend les SMR comme la voie à suivre pour une énergie sans carbone abordable. Mais alors que le projet CFPP a pris fin prématurément, le débat sur la viabilité des SMR persiste, mettant en lumière la nécessité de solutions énergétiques robustes pour atteindre des objectifs durables.

NuScale a aussi un projet de SMR en Europe, en Roumanie. L'entreprise ambitionne d'y bâtir 6 modules sur le site d'une centrale à charbon qui devrait être mise à la retraite. Elle vise également la Pologne, l'Ukraine et le Kazakhstan. Le Japon, la Corée du Sud et les Émirats arabes unis auraient aussi pris des engagements avec l'entreprise américaine.

Source : Wired

Alexandre Boero

Chargé de l'actualité de Clubic

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM, école reconnue par la profession), pour écrire, interviewer, filmer, monter et produire du contenu écrit, audio ou vidéo au quotidien. Quelques atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la production vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et la musique :)

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Commentaires (12)

philouze
A l’heure ou on dispose des premières batteries à flux organique, du solaire qui plonge vers un tendanciel de quelques euros par MWH, et d’éolien à 20/22 MW par poteau (!!!)<br /> se lancer dans du nucléaire de seulement 70 MW de puissance à 89€/MWh et signer ça pour un demi-siècle minimum me semble (et visiblement aux investisseurs aussi), suicidaire.
hellcat1944
Toujours moins suicidaire que d’investir dans des énergies renouvelables polluantes et intermittentes en pleine transition vers le tout électrique et tout ça en pleine crise énergétique…
philouze
non, justement, c’est pourquoi j’évoque les batteries de stockage à flux organique (d’autres solution ultra low cost arrivent aussi, mais c’est celel là la plus prometteuse de mon point de vue),<br /> ça c’est pour ton intermittence ( faut dire variable, un cumul de bouquet ENR n’est pas intermittent en réalité, il passe très peu par zéro s’il est bien réparti et dimensionné.<br /> Par ailleurs comme tu le soulignes, il va falloir de plus en plus d’énergie électrique, donc miser sur celle qui te rend le plus dépendant d’une seule source, qui plus est celle qui est en passe de devenir la plus chère n’est pas une super option.<br /> Le nuke «&nbsp;de masse&nbsp;» peut encore tenir la rampe quelques temps, mais le SMR c’est à réserver aux zones isolées, hostiles, à faible recours aux renouvellables possibles.
Werehog
On voit déjà comment ça craint quand on a une seule centrale nucléaire dans une zone de conflit, qu’est-ce qui va se passer si on en a plein de petites un peu partout ?<br /> En dehors d’une roquette qui tombe là où il ne faut pas, un incendie, une inondation, une sécheresse ?<br /> On n’a aucun risque avec le solaire ou l’éolien de ce côté, il suffit juste de prévoir une plus grosse production et surtout du stockage pour le lissage. Le nucléaire ça va finir en drame (encore….)
vvdb
Le paradigme du nucléaire est le bon encore faut-il parler du bon…<br /> Retour aux années 60 et pour le civil il était prévu avant que Kennedy choisisse sans connaissance particulière ce que les militaires lui ont proposé un bricolage des réacteurs de production de plutonium pour faire de l’électricité.<br /> Le ‹&nbsp;bon&nbsp;› nucléaire ne fait pas de déchet, et utilisable par des pays du tiers-monde… le démonstrateur a fonctionné 4 ans sans intervention : neutrons rapides à sels liquides fluorés, autostable, pression atmosphérique, refroidissement par air eh sécurité passive.<br /> La Chine ré explore cette voie, avec déjà un réacteur test en plein désert de Gobi.<br /> L’industrialisation est en cours et avec la possibilité d’utiliser du thorium à la place de l’uranium, le Thorium ne produit pas de plutonium, c’est non proliférant…<br /> Un SMR sorti des années 60, c’est que la science atomique de base n’a pas évoluée depuis. Les bases reste éternellement des bases en sciences.
srochain
Non, pas la fin de l’énergie propre, seulement la fin du nucléaire.
srochain
Miser sur quelque-chose que l’on sort de la Terre pour le transformer en chaleur, c’est le plus suicidaire que l’on peut imaginer… Notre espèce n’aurait donc plus que 50 ans, 100 ans… Soyons large, 3 ou même seulement 4 siècles a vivre ?<br /> Une seule solution à terme, et nous la maîtrisons déjà, changer de fournisseur pour un mécène quasi éternel, le Soleil et ses largesses directes et indirectes. Le reste n’est que combat derrière garde pour ceux qui ne se sont pas encore aperçu de nos erreurs passées.<br /> Serge Rochain
srochain
Encore un rêveur de sciences et vie qui se croit informé après avoir lu la rédaction d’un chasseur de buzz
arnaques_tutoriels_aide_informatique_tests
Bien vu !
televore
tout à fait d’accord, macron veut nous faire financer des SMR quand des investisseurs privés ont abandonné et quand le prix des énergies renouvelables chute constamment…
philouze
Cette semaine même, les chinois lancent un panneau PV de 35% de rendement, en Perovskite, annoncé pour -50% sur les prix actuels.<br /> sachant que les prix sont déjà totalement fous :<br /> Pour bien ressituer, ces panneaux qui produisaient 200W et valaient 1500 € il y a quinze ans ne valent plus rien, moins cher parfois que leur support,<br /> et là, alors que les 500W à 200 balles arrivent tout juste :<br /> on nous informe que du 700W arrive pour environ 50€ le panneau.<br /> Bientôt on ne se concentrera plus que sur le prix du stockage (qui lui aussi s’effondre) car la fourniture ne coutera plus rien ou presque.<br /> le SMR au dessous du 60 ème parallèle, ça n’a plus de sens
srochain
Trop cher les SMR ?<br /> C’est la même conclusion qu’il y a 50 ans quand on a équipé nos sous-marin nucléaires. Pour l’armement rien n’est trop cher donc ça passe. Mais pour l’électronucleaire civil, ce n’est pas raisonnable… une électricité 3 fois plus cher qu’avec un réacteur conventionnel…? Impossible !<br /> Serge Rochain
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