L'offre Revolution de Free expliquée en détails

20 janvier 2011 à 15h40
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L'offre Révolution de Free expliquée en détails

Créateur de l'offre unique à 29,99 euros, Free a quelque peu bouleversé son offre à la mi-décembre. Nous vous proposons d'étudier et d'analyser les nouvelles propositions commerciales évoquées par Xavier Niel durant la dernière conférence de presse. Décryptage.

Free et la hausse de TVA

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Jusqu'à il y a quelques semaines, l'offre de Free était la plus simple du marché : 29,99 euros pour tous, point. Aujourd'hui, les prix des abonnements sont très variés selon que vous soyez en zone dégroupée ou non, selon le matériel dont vous disposez et encore selon que vous optiez pour l'option TV ou non. Evoquons ce dernier point en rappelant qu'au 1er janvier dernier, la TVA réduite appliquée aux services audiovisuels des forfaits Triple-Play n'est plus d'actualité : on passe de 5,5 à 19,6%. Tous les FAI ont donc relevé le prix de leur abonnement, et pour une fois, Free n'échappe pas à la règle. Quoique.

En effet, l'opérateur a décidé d'intégrer cette hausse dans une « option TV » qui revient à 1,99 euro pour l'abonné, soit peu ou prou l'augmentation subie par les abonnés des autres FAI. Si l'astuce parait intéressante pour l'abonné (qui peut choisir ou non de subir cette augmentation), elle ne l'est pas tant que ça. En effet, si certains services demeurent actifs (Blu-ray, Media Center, navigation Web sur le Player), le tuner TNT est quant à lui purement et simplement désactivé, alors même que ces chaînes sont gratuites. Il vous faudra donc repasser sur le tuner de votre téléviseur pour bénéficier de ces chaînes.

En revanche, cette technique a un avantage beaucoup plus clair pour Free : alors que les FAI doivent payer la taxe COSIP (Compte de Soutien à l'Industrie des Programmes audiovisuels) sur 60% du prix de l'abonnement, Free utilise son astuce pour ne plus payer cette taxe que sur 60% de... 1,99 euro. Cette solution, plutôt mal perçue de la part de la concurrence et du gouvernement, est encore sujette à discussion. Il est vrai qu'évaluer le service TV à 1,99 euro peut sembler légèrement hypocrite. L'avenir nous dira si les avocats de Free ont suffisamment d'arguments à faire valoir...

Une grille tarifaire nettement plus complexe

Nous l'avons vu, le fait d'opter ou non pour l'option TV segmente déjà l'offre en deux. Mais ce n'est pas le seul élément. En effet, une seconde hausse, plus significative, trouve sa source dans la mise à disposition de la boucle locale, d'après Xavier Niel. Regardons de plus près l'offre commerciale actuelle de Free, et pour cela, rien de mieux qu'un tableau.

La grille tarifaire de Free
 Dégroupage partiel - Freebox v5Dégroupage partiel - Freebox v6Dégroupage total / FTTH - Freebox v5Dégroupage total / FTTH - Freebox v6Non dégroupé
Sans TV29,99 euros29,99 euros29,99 euros35,98 euros35,98 euros
Avec TV31,98 euros31,98 euros31,98 euros37,97 euros-


A la lecture de ce tableau, plusieurs réflexions viennent à l'esprit. Tout d'abord, le fait de disposer de tout nouvel équipement de Free n'implique aucun changement tarifaire si vous êtes en dégroupage partiel (c'est à dire en zone dégroupée, mais en conservant l'abonnement France Telecom). Sans option TV, l'offre de Free reste à 29,99 euros, que vous possédiez les Freebox v5 ou v6. En revanche, pour les abonnés en dégroupage total ou en fibre optique, le fait de posséder la version la plus récente de la Freebox implique la hausse de 5,99 euros... qui était censé financer la mise à disposition de la boucle locale. Il semblerait que ce soit davantage le matériel ou encore les appels illimités vers les mobiles qui est ici facturés.

Autre preuve de l'incohérence des propos de Xavier Niel, la comparaison entre le prix de l'abonnement en dégroupage total sans option TV et disposant du matériel le plus récent et celui d'un abonnement non dégroupé, par définition sans TV également, et disposant d'une v5. Si les situations sont radicalement opposées, le tarif est le même. L'abonné non dégroupé équipé d'une v5 paie-t-il également la mise à disposition de la boucle locale ? Les appels illimités vers les mobiles, dont les non dégroupés bénéficieront au 1er février, accompagneront en revanche cette hausse d'abonnement.

La segmentation créée par l'offre Révolution entre les possesseurs de v6 et de v5, d'une part, et surtout entre les dégroupés et les non dégroupés, d'autre part, est une première chez Free. Tout comme la fin de l'offre généralisée à 29,99 euros. Si l'on analyse un peu la stratégie du FAI, on peut être amené à penser que Free sacrifie ses clients non dégroupés. Ces abonnés semblent être les victimes de la nouvelle offre Révolution : ils n'ont pas accès à la Freebox v6, pour l'instant pas accès par conséquent aux appels illimités vers les mobiles (ce sera le cas au 1er février) et ne peuvent même plus disposer du boîtier HD qui leur aurait pourtant permis d'utiliser le logiciel freeplayer. Y aurait-il un intérêt pour Free de voir ces clients changer d'air ? Il est vrai que les abonnés non dégroupés sont moins rentables que les abonnés dégroupés du fait de la location de l'infrastructure réseau à l'opérateur historique.

Pour compenser la probable perte du côté des abonnés non dégroupés, il semble que Free ait pris le parti de faire payer les abonnés dégroupés les plus technophiles, ceux qui voudront posséder la Freebox Révolution. Certes, le matériel coûte cher et la Révolution comprend les appels illimités vers les mobiles « en bon père de famille ». Mais cette offre est tout à fait calculée de la part de Free, puisque la terminaison d'appel mobile (soit le prix payé par un opérateur lorsque son abonné appelle un autre opérateur) est tombé de 6,5 centimes à 3 centimes pour les appels vers Orange et SFR, et de 8,5 à 3,5 centimes pour les appels émis vers le réseau Bouygues. Une baisse considérable qui rend l'offre de Free rentable si le consommateur ne dépasse pas les trois heures vingt minutes de communication, d'après un calcul du journal Les Echos. D'autant que l'opérateur reste particulièrement flou sur les conditions d'utilisation des appels vers les mobiles (voir Freebox Révolution : le mobile vraiment illimité pour "le bon père de famille"), et que cette fonction n'est pas disponible en SIP, empêchant une utilisation hors de son domicile.

Finalement, cette offre Révolution, annoncée en grande pompe et particulièrement alléchante avec des boîtiers clinquants (design by Starck, lecteur Blu-ray, nouvelle interface...) nous semble être un excellent coup commercial de la part de Free. En éliminant les abonnements non-dégroupés et en profitant du renouvellement de la Freebox pour appliquer une hausse significative aux technophiles (qui sont historiquement nombreux chez Free), le revenu par abonnés risque d'augmenter de manière significative. Une bonne nouvelle pour les actionnaires. Reste à savoir si, comme l'envisage Thomas Reynaud, Directeur Financier du Groupe Iliad, le nombre de nouveaux abonnés atteindra les 20 à 25% escomptés.

Quelques petites lignes qui ne font pas plaisir (non plus)

En dehors de cette offre commerciale, on trouve quelques nouveautés dans les conditions générales de vente qui ne seront pas pour plaire à tout le monde. Premièrement, l'offre multi-TV, jadis gratuite pour les abonnés fibre, ne l'est plus. Il faudra donc débourser 5 euros supplémentaires par mois pour en bénéficier. Autre modification : les frais d'activation de 96 euros par mois (des frais de résiliation déguisés), qui étaient allégés de 3 euros par mois, le sont maintenant à hauteur de 1,5 euros mensuel. Pour résilier sans frais chez Free, il faudra attendre pas moins de 64 mois, soit 5 ans et quatre mois. Regrettable.

Conclusion

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Que dire finalement à propos de l'offre Révolution de Free ? Les deux boîtiers proposés par Free sont clairement les plus évolués à l'heure actuelle. Le choix des composants nous semble judicieux, que ce soit dans le boîtier Player, avec Sodaville, que dans le Server. Tout juste peut-on discuter le déplacement du disque dur dans le Server, et encore. Les deux boîtiers sont silencieux et l'espace prévu dans le Server est la promesse d'une certaine évolutivité : on peut penser que le femtocell fera son apparition avant le début de l'année prochaine. En revanche, le point noir concerne la consommation électrique : elle est élevée sur un Player qui n'a certes pas vocation à rester tout le temps allumé, mais elle l'est également sur un Server qui, lui, fonctionne 24 heures sur 24.

À propos de l'interface du Freebox Player, on peut dire que l'on s'attendait à un peu mieux de la part de Free. Xavier Niel l'a dit lui-même, lui et son équipe travaillent sur la Révolution depuis plus de trois années. Nous étions donc en droit d'attendre une interface sans bugs. Ce qui n'a pas du tout été le cas à la réception de nos boîtiers. Certes, les mises à jour corrigeront bon nombre des problèmes observés par les freenautes. Nous pourrions féliciter les équipes techniques de Free pour cette réactivité (ils ont d'ailleurs mis en ligne un site permettant de suivre l'évolution des mises à jour de la Freebox), mais il nous semble plutôt que nous devrions blâmer un lancement trop précipité. Pour respecter la parole du patron, qui avait promis la sortie de sa box avant la fin de l'année ? Pour répondre rapidement à l'Evolution de SFR ? Quoi qu'il en soit, si Free n'a pas (complètement) renouvelé la mascarade rencontrée lors de la livraison de la v5, le nombre très important de bugs et de fonctions non actives lors de la livraison n'a pas servi Free dans son entreprise de conquête de nouveaux clients.

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C'est d'autant plus dommage que certains efforts avaient visiblement été fournis pour attirer une clientèle moins geek : l'activation par défaut des mode routeur et Wi-Fi, la présence d'une clé WPA inscrite sur la boîte, la gratuité de la hotline... Certains éléments, tournés vers le grand public, sont moins accessibles toutefois : on pense au contrôle parental, qui ne sera utilisable que par des parents initiés, ou au WPS, non actif pour le moment. De même, si les explications de branchement à l'intérieur des boîtes sont claires, on peut toutefois regretter l'absence de notices plus complètes (qui sont désormais disponibles sur le site du FAI). Enfin, le retard de livraison de la manette peut également irriter ceux qui avaient été tentés par les démonstrations faites en conférence de presse.

L'un des vrais points de satisfaction concerne en revanche l'interface de gestion locale, enfin introduite avec la Révolution. Elle est claire, complète depuis le 18 janvier, et permet de contrôler les principaux paramètres du Server, y compris le redémarrage de ce dernier. L'interface Seedbox, malgré quelques erreurs de jeunesse, donne elle aussi entière satisfaction.

Finalement, nous sommes relativement surpris par cette Freebox Révolution. Car si l'aspect matériel laisse présager le meilleur, l'aspect logiciel est quant à lui nettement moins convaincant pour le moment. Les différentes mises à jour de la semaine corrigeront de nombreux problèmes, mais il en demeurera encore beaucoup. Si l'on ajoute à cela l'incertitude qui plane sur la légalité de l'astuce liée à la TVA, qui pourrait remettre en cause une facture déjà bien salée, ne faut-il pas attendre plutôt que de se jeter sur cette Révolution ? Ou finalement opter pour la v5, une offre encore d'actualité...

Frédéric Cuvelier

Mes domaines de prédilection ? Les ordinateurs portables et les SSD ! Mais de temps à autre, je m'autorise quelques infidélités pour des boîtiers, des alimentations ou des solutions de refroidissement...

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Mes domaines de prédilection ? Les ordinateurs portables et les SSD ! Mais de temps à autre, je m'autorise quelques infidélités pour des boîtiers, des alimentations ou des solutions de refroidissement, tests dont je suis particulièrement friand. Je déteste l'expression "Le mieux est l'ennemi du bien" (notamment lorsqu'il s'agit de rendre mon PC silencieux), les livreurs qui arrivent sans bordereau et les coups de pieds de Polo sous le bureau. J'aime réussir mes photos-produit, améliorer les protocoles de test et cocher la case "Public" de notre interface d'édition. Féru de football, je m'essaie également à la photographie à mes heures perdues et ne recule jamais devant une petite partie de poker. Le tout saupoudré de beaucoup, beaucoup de musique.

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